SYRACUSE, New York - Comme cadeau pour ses 20 ans de carrière comme entraîneur au hockey, Gilles Bouchard a décidé de faire le saut chez les professionnels. Celui qui a guidé les Huskies de Rouyn-Noranda à la coupe du Président de la LHJMQ, en 2016, en est présentement à ses premiers pas comme entraîneur-adjoint du Crunch de Syracuse, le club-école du Lightning de Tampa Bay dans la Ligue américaine. RDS.ca l’a récemment rencontré.

 

Après cinq belles années passées comme directeur général et entraîneur-chef des Huskies, Bouchard a reçu l’offre du directeur général du Lightning Julien BriseBois, en juin dernier, lors du repêchage de la Ligue nationale qui avait lieu à Dallas. Une offre à laquelle il ne s’attendait pas, mais qu’il ne pouvait refuser.

 

Nouvelle ligue, nouvelle équipe, nouveau pays, nouvelle langue et nouveau rôle: il a eu beaucoup de choses à assimiler au cours des neuf derniers mois. Mais le sympathique coach de 47 ans ne regrette pas sa décision.

 

« J’aime ça, c’est différent du junior, disait-il mercredi après l’entraînement matinal du Crunch. Je m’en venais ici pour progresser comme entraîneur. Je dirige maintenant des professionnels, des adultes qui, pour certains, sont des pères de famille. J’apprends tous les jours. Je ne te mentirai pas : au début de la saison, j’ai eu besoin de quelques semaines d’adaptation. Pour assimiler mon rôle d’adjoint, moi qui étais habitué d’être en chef, mais aussi pour apprendre à connaître Benoit, comment il fonctionne, comment il gère son banc. Aussi, je n’étais pas habitué à toujours parler en anglais... »

 

Il ne connaissait pas Benoit Groulx

 

Pendant son séjour à Rouyn-Noranda, Bouchard a évidemment dirigé des matchs contre Benoit Groulx et ses Olympiques de Gatineau. Mais il ne connaissait pas vraiment celui qui en est à sa troisième saison derrière le banc du Crunch.

 

« On avait parlé de hockey ensemble et s’était parlé au téléphone quelques fois ici et là, that’s it, répond Bouchard. Avant cette saison, on n’avait jamais soupé ensemble. Maintenant, on se connaît par coeur. Non seulement Ben établit un bon système de jeu, mais il est également très bon pour développer nos jeunes joueurs. Regarde uniquement les joueurs du Lightning qu’il a déjà dirigés... »

 

Avant de prendre la barre des Huskies, Bouchard avait guidé la destinée des Estacades de Trois-Rivières, dans le midget AAA, pendant huit ans. Il était donc habitué de parler à des jeunes de 15 à 20 ans, mais pas à des adultes qui gagnent leur vie en jouant au hockey.

 

Sa seule saison passée derrière le banc des Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), en 2012-2013, lui est cependant fort utile dans ses nouvelles fonctions.

 

« À l’université, les joueurs ont généralement entre 20 et 25 ans, alors ça ressemble à ce que je vis cette année, avoue-t-il. Ce sont des discussions entre adultes. Il faut que tu dises les bonnes choses, qu’il y ait un respect mutuel. Oui, la Ligue américaine, c’est différent du junior, mais il ne faut jamais oublier qu’en tant que coach, ta job, c’est toujours de t’ajuster. »

 

Loin des siens

 

Parlant d’ajustements, Bouchard et son épouse vivent à nouveau l’amour à distance. Le coach est aussi loin de ses deux enfants. Sa fille de 21 ans étudie présentement à l’Université d’Ottawa alors que son fils, Xavier, connaît une excellente troisième saison comme défenseur avec le Drakkar de Baie-Comeau, dans la LHJMQ.

 

C’est d’ailleurs en accompagnant fiston au repêchage, où il a été choisi au sixième tour par les Golden Knights de Vegas, que Bouchard s’est fait courtiser par le Lightning.

 

« J’aime bien ma vie à Syracuse. J’ai un bel appartement au centre-ville, pas loin de l’aréna. Sur les cinq années que j’ai passées à Rouyn-Noranda, ma femme était avec moi deux ans. Cette fois, elle est demeurée à Trois-Rivières, où elle est enseignante. Si tu veux te rendre loin dans le coaching, il faut que tu fasses des sacrifices. Mais on réussit à se voir le plus souvent possible. Syracuse, ça prend cinq heures de route », conclut le natif de Normandin, au Saguenay—Lac-St-Jean.