CLEVELAND, Ohio - Se faire dire non par la fille que l’on convoite depuis notre tendre enfance, ça doit faire mal. Imaginez lorsque ça se produit deux fois.

 

C’est un peu l’histoire de Maxime Fortier. Invité à deux reprises au camp d’entraînement du Canadien, en 2016 et 2017, il en est ressorti sans contrat. Quelques mois après son deuxième rejet, il a finalement pu se trouver une nouvelle flamme lorsque les Blue Jackets de Columbus lui ont accordé une entente de trois ans.

 

Aujourd’hui, Fortier dit filer le parfait bonheur avec les Monsters de Cleveland, le club-école des Jackets dans la Ligue américaine. Il avoue néanmoins que ses deux ruptures avec le Canadien ont laissé des traces.

 

« C’est la deuxième fois qui a fait le plus mal », avouait-il lorsque le RDS.ca l’a rencontré vendredi matin au Quicken Loans Arena de Cleveland, le domicile des Monsters. « La première fois, le Canadien m’a donné une chance à son camp et j’étais vraiment content de vivre une première expérience chez les professionnels. La deuxième année, mon but était de commencer pro. Pas de retourner junior. Donc, ç’a été dur. Mais j’ai continué de travailler fort et reçu un beau contrat de Columbus. »

 

Fortier sait toutefois qu’il aurait pu faire mieux à son deuxième camp à Montréal. Voilà pourquoi il n’en veut pas à Marc Bergevin d’avoir opté pour d’autres options. « Le Canadien n’est pas la seule équipe à m’avoir tourné le dos. Il y en a 30 autres, dit l’ancien capitaine des Mooseheads de Halifax. Moi, je voulais un contrat professionnel et je l’ai eu avec les Jackets. Je suis vraiment heureux d’être ici. »

 

Ignoré deux fois au repêchage

 

Lorsque Fortier parle des 30 équipes qui l’ont ignoré, il fait référence au repêchage 2016 (18 ans) et 2017 (19 ans) de la Ligue nationale, où il a entendu plus de 400 noms être prononcés au micro, mais pas le sien. « Ce n’est pas facile. Notre but, quand on joue au hockey, c’est d’être repêché. Ça m’a poussé à devenir meilleur, à travailler plus fort, à ne jamais lâcher. C’est pour ça que je suis ici aujourd’hui. »

 

Ce qu’il y a d’étonnant dans le fait que le Montréalais n’a pas été repêché, c’est qu’en 2016-2017, il a récolté 87 points en jouant sur le même trio qu’un certain Nico Hischier. Cette saison-là, la galerie de presse à Halifax était constamment remplie de recruteurs venus épier Hischier, qui allait devenir en juin 2017 le premier choix au total, par les Devils du New Jersey. Ils ont, du même coup, vu jouer Fortier à maintes reprises.

 

Aucun dépisteur n’a toutefois cru bon de convaincre ses patrons de le repêcher. « J’ai joué quatre ans à Halifax et je crois m’être amélioré chaque année, analyse-t-il. Les recruteurs m’ont dit de travailler certaines choses et je l’ai fait. Je ne suis pas le seul gars à ne pas avoir été repêché. Je ne voulais pas bouder et me dire que c’était injuste. Finalement, Columbus m’a donné ma chance. »

 

L’effet Dominique Ducharme

 

En amour ou au hockey, c’est souvent une question de timing. Qui sait le sort que le CH aurait réservé à Fortier si Dominique Ducharme, qui l’a dirigé lors de ses deux premières saisons dans la LHJMQ, avait été présent à ses deux camps. « Je ne serais pas le joueur offensif que je suis si Dominique ne m’avait pas donné ma chance, croit l’ailier droit de 5 pi 10 po et 183 lb. Je me rappelle qu’à 16 ans, je venais de finir midget AAA lorsque j’ai rejoint les Mooseheads pendant les séries. Dominique m’a rapidement fait confiance. L’année suivante, même si ma production était moyenne, j’ai joué une bonne partie de la deuxième moitié de saison avec [Timo] Meier et [Nikolaj] Ehlers. Il m’a toujours donné la chance de m’améliorer. Je lui suis très reconnaissant. »

 

Fortier précise d’ailleurs qu’avec l’actuel entraîneur-adjoint du Canadien, ce n’est pas la quantité, mais bien la qualité des interventions qui prévaut. « Ce n’est pas un gars qui parle beaucoup, mais quand il a quelque chose à dire, il ne passe pas par quatre chemins. Avec lui, le message est clair. Parfois, il te regarde et tu comprends tout de suite ce qu’il veut te dire. »

 

Au lieu d’être dirigé par Joël Bouchard chez le Rocket de Laval, Fortier suit présentement les ordres de John Madden à Cleveland, un gagnant de la coupe Stanley à trois reprises. Il a raté 13 des 14 premiers matchs des Monsters en raison d’une blessure.

 

Seul le temps nous dira si le Canadien a bien fait de lever le nez sur Fortier à deux reprises. Tout comme seul le temps nous dira s’il a bien fait de préférer Jesse Ylonen (35e), Alexander Romanov (38e) et Jacob Olofsson (56e) au petit frère de Maxime, Gabriel, au deuxième tour du plus récent repêchage. Gabriel a finalement été sélectionné par le Lightning de Tampa Bay, au 59e échelon.

 

Chose certaine, ces deux décisions du CH ont dû forcer la famille Fortier à changer d’allégeance.