Le 9 novembre 2012, la vie de Blake Geoffrion a pris une direction qu’il n’avait jamais envisagée.

Geoffrion, dont l’acquisition qui l’avait fait passer au Canadien avait fait couler beaucoup d’encre en raison de l’historique familial le reliant à l’équipe, connaissait un bon départ dans la Ligue américaine. Il aurait probablement effectué quelques présences à Montréal en cours de saison, comme il l'avait fait l'année précédente en disputant 13 rencontres dans l'uniforme qu'a porté brièvement son père Danny mais surtout son grand-père Bernard « Boom Boom ».

À l’occasion d’une visite des Bulldogs de Hamilton au Centre Bell, devant ses parents, Geoffrion a été durement frappé par le défenseur Jean-Philippe Côté à l’entrée de la zone du Crunch de Syracuse au milieu de la première période. Le genre de mise en échec percutante qui fait bondir les spectateurs de leur siège. L’impact fut violent. Le résultat fut dévastateur. 

Au moment de sa chute, renversé tête première sur la glace, Geoffrion a été heurté par le patin de Côté qui lui a brisé un os à deux pouces de l'oreille gauche. Le petit-fils de « Boum Boum » a été victime d’une fracture du crâne qui mettra éventuellement fin à sa carrière. 

Un peu plus d'un an plus tard, Geoffrion et Côté se souviennent avec précision de l'incident qui aura marqué les deux joueurs à leur façon.

« Je ne croyais pas avoir été coupé lorsque je me suis relevé après l'Impact », a indiqué Geoffrion, qui n'a jamais hésité à affirmer dans les médias au cours des derniers mois qu'il s'agissait d'une mise en échec légale de la part de son adversaire. Je l’ai aperçu, mais il m’a surpris en sortant la hanche. »

« Je n’ai su qu’après la partie qu’il avait été transporté en ambulance, a pour sa part mentionné Côté, qui se souvient très bien de l’angle d’approche qui lui a permis d'appliquer cette sévère mise en échec. La seule chose positive dans tout ça, c'est que le match était disputé au Centre Bell et que les nombreuses caméras ont démontré que le contact était légal. » 

À 6’2’’ et 215 livres, les mises en échec font partie du jeu de Côté. Mais il avoue avoir longtemps pensé à ce malheureux événement tout au long de la saison.

« Je ne me souviens pas avoir appliqué de mises en échec au cours des semaines qui ont suivi. Tout s'est bousculé tellement rapidement. Ça arrive souvent que tu donnes une mise en échec, que tu lâches les gants en raison de l'intensité. Mais jamais pour infliger une blessure qui va affecter une personne pour le reste de sa vie. » 

Lors de la semaine suivant l'événement, Geoffrion a dû subir une délicate intervention chirurgicale et, selon les docteurs, le résultat aurait pu être différent en raison de la sévérité de la coupure. Après avoir été quelque temps dans le coma, Geoffrion aurait pu se réveiller avec d'importants dommages au cerveau. En fait, les médecins lui avaient indiqué qu'il était chanceux d'être en vie. 

Un appel apprécié

Dans l'esprit de Côté, qui a déjà porté les couleurs du club-école du Canadien plus tôt dans sa carrière, c'était naturel pour lui de tenter d'entrer en contact avec Geoffrion lorsque votre humble serviteur lui a appris la nouvelle immédiatement après le match du 9 novembre. Et c'est ce qu'il a fait au cours des jours suivants.

« J'ai communiqué avec lui ainsi qu'avec Luc Leblanc, que je connaissais très bien, lui qui était le soigneur des Bulldogs, » a poursuivi Côté. 

« Je suis entré en contact avec lui quand il était à l'hôpital et j'ai discuté avec un membre de sa famille. Je pense qu'il a bien reçu mon appel. Par la suite, il a mentionné dans les médias qu'il avait apprécié. C'était naturel pour moi de le faire. Je voulais lui souhaiter un prompt rétablissement. »

Comme vous savez, Geoffrion a annoncé sa retraite le 15 juillet 2013 et s'est déniché du boulot dans l'organisation des Blue Jackets de Columbus en tant que dépisteur.

« J'ai cru comprendre qu'il était heureux dans ses nouvelles fonctions », a mentionné Côté.

Côté poursuit toujours sa carrière dans l'uniforme du Crunch. Lui et ses coéquipiers effectueront d'ailleurs une visite à Montréal pour y affronter les Bulldogs vendredi.

En foulant la glace du Centre Bell une autre fois, parions que Côté aura une pensée spéciale pour l'ancien numéro 57 des Bulldogs et du Canadien.