Tout un contraste pour Duffy
Rocket de Laval lundi, 25 nov. 2013. 15:45 jeudi, 12 déc. 2024. 11:59Durant ses trois dernières saisons dans la LHJMQ, Ben Duffy a pratiquement causé des tendinites aux employés responsables de remplir les feuilles de pointage. Cette production massive ne l’empêche pas d’être maintenant frappé par la dure réalité du sport professionnel avec les Bulldogs de Hamilton.
Après avoir amassé une imposante production de 273 points en 204 parties pendant ce dernier droit dans le circuit québécois, Duffy a dû se soumettre à un régime draconien étant limité à deux minuscules mentions d’aide en 12 rencontres avec son nouveau groupe.
Pire encore, l’attaquant reconnu pour ses qualités offensives ne parvient pas toujours à convaincre les dirigeants de l’insérer dans la formation partante. L’ancien du Rocket de l’Île-du-Prince-Édouard – devenu les Islanders de Charlottetown – a été laissé de côté au cours des trois plus récentes parties du club.
Duffy, qui a renoncé à un engagement en kinésiologie avec l’Université du Nouveau-Brunswick pour goûter au hockey professionnel, comprend mieux que quiconque que la transition vers la Ligue américaine n’est pas un jeu d’enfant.
« Il y un saut assez important entre les deux niveaux. On ne réalise pas vraiment cela quand on évolue au niveau junior. On espère monter dans la Ligue américaine sans trop comprendre à quel point le changement est imposant », a avoué l’athlète originaire de la Nouvelle-Écosse.
Volubile en entrevue, Duffy n’est pas du style à utiliser des clichés ou à chercher des excuses pour expliquer ses statistiques modestes.
« Jusqu’à maintenant, ma saison est remplie de hauts et de bas. C’est difficile de demeurer dans la formation à ce niveau, il faut travailler fort tous les jours, mais on compte sur plusieurs joueurs établis donc on se retrouve en compétition tous les jours », a admis Duffy avec lucidité.
En compagnie de ses adjoints Stéphan Lebeau et Donald Dufresne, l’entraîneur Sylvain Lefebvre essaie d’aider Duffy à s’implanter dans la LAH.
« Il est en train d’apprendre à évoluer à ce niveau. C’est une chose de marquer des dizaines de points dans le junior, mais tu deviens ensuite l’un des plus jeunes dans un environnement professionnel et tu dois t’adapter à cela », a commenté Lefebvre.
« Quand tu n’as pas la rondelle, tu dois aller la chercher quelques fois parce que tu ne la toucheras pas souvent sinon. Il doit s’ajuster sur certains aspects », a-t-il enchaîné.
Auteur de 110 points en 2012-13, Duffy a conclu son séjour junior en tant que meilleur pointeur de la saison alors que les équipes adverses étaient parvenues à le tenir en échec seulement 13 fois sur 68 matchs! Confrontés à des opposants beaucoup plus coriaces, l’attaquant de cinq pieds dix pouces et 177 livres doit maintenant se démener pour récolter un petit point.
« Dans le junior, je pouvais quand même m’inscrire au pointage quand je connaissais un match plus éprouvant. Dans la Ligue américaine, tu es mieux d’en profiter quand tu obtiens des chances car tu peux attendre longtemps avant que ça ne se représente », a convenu le numéro 42.
« Je crois que je pourrai prendre mon rythme quand je parviendrai à enfiler quelques buts », a-t-il enchaîné.
Voilà justement où le hic se trouve, Duffy peine à prendre son élan car sa mobilité ne correspond pas au calibre qu’il découvre depuis quelques mois.
« Il doit surtout apprendre à être continuellement en mouvement. Tout est plus rapide que dans le junior donc il doit être moins statique. Il sait aussi qu’il doit travailler pour devenir plus fiable défensivement parce que tu ne peux pas seulement briller en supériorité numérique », a identifié le pilote des Bulldogs.
Au hockey comme au bureau
En faisant le saut chez les professionnels, Duffy a vite constaté que l’adaptation ne s’impose pas seulement sur la patinoire.
« J’ai été très chanceux de jouer cinq saisons avec la même équipe junior et je vivais dans la même famille donc je m’y sentais comme à la maison.
Maintenant, tu es laissé à toi-même et tu dois, par exemple, te trouver une place où habiter. La différence est marquante et c’est un peu ardu de s’habituer au départ, mais ça finit par fonctionner », a confié celui qui n’avait pas raté un seul match à ses quatre dernières campagnes dans la LHJMQ.
Les joueurs ne décrivent pas souvent leur nouvelle vie ainsi et Duffy ne le fait pas négativement, mais il se sent comme un travailleur du hockey.
« Le mode de vie est très différent parce que ça devient vraiment ton travail. Tu te présentes à l’aréna, mais c’est comme aller au bureau car tu dois y passer plusieurs heures par jour pour voir les bénéfices. Nous voulons tous faire ce métier dans la vie donc les efforts en valent la peine », a suggéré le cordial patineur.
Si le temps le lui permet, Duffy a l’intention de suivre quelques cours cet été pour poursuivre son éducation. C’est qu’il s’imaginait sur un banc d’école cet automne, mais il ne pouvait refuser l’offre de se retrouver sur celui des Bulldogs.
« J’ai pu aller au camp de développement du Canadien et ça s’est bien déroulé pour moi donc j’ai pu obtenir un contrat très intéressant. Bien sûr, c’est mon rêve de jouer au hockey professionnel donc c’était trop difficile de renoncer à cela », a conclu Duffy, un athlète réfléchi.