Le Canadien traverse une période creuse, sa troisième mauvaise séquence de la saison. Avouons qu'on n'a pas vu souvent une équipe connaître trois matchs de suite sans marquer de but.

Quand l'équipe ne va pas bien, il y a un peu de grenouillage. Les joueurs blâment tout le monde sauf eux pour expliquer la situation. Ceux qui vont pointer du doigt le système de jeu vont indirectement critiquer l'entraîneur. C'est généralement comme ça que ça se passe lors des mauvaises séquences. Je me souviens lorsque Marian Gaborik était dans une impasse au Minnesota. Il blâmait ses coéquipiers de trio. Au New Jersey, Jamie Langenbrunner tenait absolument à jouer sur la première ligne avec Zach Parise et Travis Zajac. Jacques Lemaire en avait décidé autrement parce qu'il jugeait que le rendement du vétéran avait diminué. Jacques l'avait changé de trio et Langenbrunner chialait parce qu'il jugeait qu'il ne jouait pas avec les bons gars. Il chialait aussi contre l'avantage numérique.

Un jour, Jacques avait dû remettre les pendules à l'heure en lui indiquant simplement que lui était payé pour jouer et que l'entraîneur était payé pour prendre les décisions. Jacques lui a précisé que s'il voulait diriger après sa carrière, il n'aurait qu'à aller en discuter avec Lou Lamoriello.

Dans le fond, c'est toujours la même chose. Quand l'équipe gagne, c'est grâce aux joueurs alors que lorsque l'équipe perd, c'est la faute à tout le monde, sauf aux joueurs. Pour s'en sortir, il n'y a pas de remède miracle. Ce sont aux gros salariés de l'équipe de sortir le club du trou. Ce sont aux Gomez, Cammalleri, Gionta et Plekanec à trouver les solutions.

Il n'y a pas lieu de critiquer le système de jeu du Canadien, qui a bien fonctionné durant toute la saison. Quand le Canadien a gagné 8-1 au Minnesota, personne ne critiquait le système. Maintenant, l'équipe encaisse trois revers de suite sans trouver le fond du filet et tout d'un coup, le système ne serait plus bon.

Aucun entraîneur n'est parfait et c'est la même chose pour Jacques Martin, qui reste un bon entraîneur. Il a un plan de match et c'est aux joueurs à le suivre.

C'était gênant à Boston

Des trois défaites, celle de 7-0 contre Boston était la plus gênante.

Les joueurs du Canadien ne se sont tout simplement pas présentés. Ils auraient pu poster les deux points aux Bruins, et ça aurait été la même chose. C'est le pire match du Canadien cette saison. Les joueurs n'avaient aucune concentration et ils ne démontraient pas beaucoup d'intérêt pour cette partie. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais ceux qui suivent l'équipe au quotidien voyaient que l'attitude des gars n'était pas rendez-vous. C'est le genre de choses qui se voient par ceux qui ont l'oeil averti.

Je peux comprendre les marqueurs du Canadien d'avoir du mal à trouver le fond du filet. S'ils pouvaient être épaulés par des gars qui bougent la rondelle rapidement comme Andrei Markov, Jaroslav Spacek ou Josh Gorges, ils auraient plus de facilité en attaque. À la place, ils doivent composer avec des arrières qui sont plus lents à bouger la rondelle comme Hal Gill, Brent Sopel, Paul Mara et Roman Hamrlik. Faut être honnête, les ressources du Canadien sont limitées.

Il fallait donc trouver le moyen d'oublier la partie contre Boston et aller de l'avant pour la partie contre Washington. J'avoue que j'ai toutefois été vraiment déçu de la réponse des joueurs. Pourtant, il y avait eu une bonne réunion d'équipe, mais les joueurs n'ont commencé à jouer qu'à la mi-match. Il faut absolument que l'équipe sorte plus fort et les joueurs doivent montrer plus de rigueur. Ce n'est pas pour rien qu'on a entendu des huées samedi au Centre Bell. La foule veut voir un effort en espérant assister à une victoire de l'équipe locale.

Martin a dirigé un entraînement punitif dimanche. Il essaie des choses et comme entraîneur, il cherche des solutions. Je m'interroge toutefois sur la pertinence de la journée de congé lundi. Mais chacun a son opinion sur le sujet. Moi, je pensais qu'il y aurait une séance d'entraînement où on aurait travaillé sur l'avantage numérique par exemple. Pas une très longue séance. Quelque chose comme une demi-heure, pas plus. Les gars seraient rentrés à la maison heureux, je pense.

Le sixième rang du Canadien dans l'Est est loin d'être assuré. Cette place pourrait changer si l'équipe ne se replace pas. Selon moi, le plus important est d'assurer sa place en séries avant tout, et ce, qu'importe le rang. La ligne est mince entre la sixième et la huitième position. On sait que ce sera soit Philadelphie, Washington ou Boston en première ronde. Ça s'annonce difficile.

Le Canadien disputera trois parties cette semaine contre Atlanta, Caroline et New Jersey. Les hommes de Jacques Martin se doivent d'aller chercher au moins quatre points. Les gars sont mieux de gagner contre Atlanta mardi parce que sinon, ils n'en gagneront pas une maudite de la semaine.

Je suis à la retraite pour y rester

Moi aussi j'ai entendu des rumeurs à l'effet que mon ami Jacques Lemaire pourrait retourner derrière le banc des Devils du New Jersey l'an prochain. Je ne sais pas s'il y retournera, mais ça me surprendrait. Moi je n'y retournerais pas si on m'offrait un poste d'adjoint comme l'an dernier. De toute façon, il y a déjà deux adjoints au New Jersey avec Larry Robinson et Adam Oates. Moi, je suis à Montréal et j'y suis bien.

J'ai été surpris de le voir reprendre sa place derrière le banc des Devils cette saison, mais il n'avait pas le choix. Il voulait aider son ami Lou. Jacques a accompli de l'excellent travail avec les Devils et il a ramené l'équipe à la respectabilité. Il a replacé le bateau dans la bonne direction en accomplissant un travail colossal.

Visite marquante en Afghanistan

J'ai vécu une expérience extraordinaire au cours des dernières semaines quand je suis allé rendre visite aux soldats canadiens en Afghanistan. C'est une fois sur place que l'on constate ce que représente la vraie guerre. C'est bien différent de ce qu'on peut lire dans les journaux ou ce que l'on voit à la télévision. Je n'ai jamais vu autant d'avions de toute ma vie. Je peux vous dire qu'on ne dort pas beaucoup, tellement les décollages surviennent à tout moment. Je n'ai pas eu peur, mais j'avoue que c'était énervant.

D'ailleurs, je profite de cette chronique pour exprimer mes plus vives sympathies à la famille, amis et collègues du caporal Yannick Scherrer, qui est mort près de Nakhonay, au sud-ouest de la ville de Kandahar. Il est mort à la suite de l'explosion d'un explosif improvisé.

Nos soldats ont beaucoup de mérite. Ils partent pour sept mois et laissez-moi vous dire que ça n'a rien à voir avec le Club Med. Sur place, j'ai vécu deux attaques. Lors de la première, je me suis précipité au sol comme on me l'avait expliqué. Heureusement, la bombe est tombée à deux kilomètres de notre emplacement. Lors de la deuxième attaque, je suis resté assis dans mon lit. J'ai dit à Gerry Frappier, le PDG de RDS, que si la bombe était pour nous frapper, que nous soyons assis ou étendus au sol, les résultats seraient les mêmes! Je n'ai pas suivi les ordres, je ne suis pas un bon soldat!

J'ai été impressionné quand on est monté à bord de l'hélicoptère Chinook pendant qu'on était escorté par deux appareils Griffon. Nous sommes allés visiter quatre bases militaires situées à l'extérieur de Kandahar. Nous sommes allés également visiter trois blessés dans un hôpital. Ils avaient été victimes d'une bombe artisanale comme le caporal Scherrer.

Je sais que notre présence fait du bien aux soldats. Je les ai remerciés pour leur travail. La plupart des soldats sur place provenaient du Royal 22e de Valcartier à Québec. J'en ai rencontré plusieurs de la région du Saguenay Lac St-Jean.

*propos recueillis par Robert Latendresse