Il n'y a aucune raison pour arrêter de jouer comme l'ont fait les Flyers de Philadelphie contre le Lightning de Tampa Bay cette semaine. Peu importe le style préconisé par une équipe, on n'a pas le droit de se moquer de l'adversaire comme ça.

Les Flyers ont manqué de respect et ils auraient dû écoper d'une pénalité au moins à partir de la deuxième fois pour avoir retardé la partie. Ils ont voulu rire du système de Boucher et ça ne se fait pas. C'est la première fois que je vois quelque chose du genre en 40 ans. La ligue devrait donner des avertissements aux équipes et les arbitres devraient agir.

Tout le monde a l'air fou là-dedans. C'est comme un constat d'échec de Peter Laviolette qui dit qu'il n'a pas de solution pour venir à bout du système 1-3-1. C'est un très mauvais message à envoyer aux joueurs. En même temps, Laviolette se moque d'un confrère de travail. C'est quelque chose qui ne se fait pas et je ne pense pas que ça se reproduise.

Le style de Guy Boucher, le 1-3-1, n'est pas quelque chose de nouveau. Il avait adopté ce système avec les Bulldogs de Hamilton dans la Ligue américaine de hockey. L'an dernier, les Bruins de Boston ont réussi à éliminer le Lightning en séries éliminatoires. C'est la preuve qu'il y a une façon de vaincre une équipe malgré ce système de jeu.

Le geste des Flyers est un oeil au beurre noir. En plus, ils ont répété leur manège à trois reprises. Pourtant, il existe un règlement qui stipule qu'un joueur doit faire bouger la rondelle.

Si le Lightning joue avec ce système, c'est aussi parce qu'il y a beaucoup de blessés et que l'équipe connaît des ennuis dans son territoire. Ce n'est pas un manque de ressources en offensive qui incite Tampa à jouer de la sorte puisque cette équipe a terminé au huitième rang l'an dernier au chapitre des buts marqués. Chez le Wild du Minnesota, on jouait le 1-2-2. En Europe, le 1-3-1 est courant. J'ai même déjà vu un système 1-4. Vous imaginez, quatre joueurs qui vous attendent à la ligne bleue. Je suis d'accord avec Jacques Lemaire quand il déclare que c'est aux équipes de trouver un moyen pour gagner. En bout de ligne, c'est la victoire qui compte.

Quand je jouais pour le Canadien dans les années 1970, on utilisait un système semblable. Jacques Lemaire a amélioré ce qui existait dans les années 70 alors que personne ne jouait comme nous. Chez le Canadien, on se disait qu'il fallait fermer le milieu de la patinoire et on forçait les défenseurs à lancer le long des rampes. On était en avance sur tout le monde parce qu'on ne donnait pas beaucoup d'espace. Quand Jacques est devenu entraîneur, il a amélioré le système en mettant en place le 1-2-2. Encore une fois, c'était pour forcer les défenseurs à faire des passes sur les bandes. Ça permettait d'éviter aux autres équipes d'entrer dans notre zone à pleine vitesse.

On le jouait dans les années 70, Lemaire l'a amélioré plus tard et là Boucher arrive avec le système 1-3-1.

Et à tous ceux qui décrient ce genre de système, je ne dirais pas que c'est de l'antihockey. Quand on avait un club de l'expansion au Minnesota, on n'avait pas un gros club et on voulait trouver un moyen de ralentir l'adversaire quand il pénétrait dans notre zone. Je ne pense pas qu'on puisse en vouloir à Boucher.

*Propos recueillis par Robert Latendresse