BOISBRIAND – Harvard ou la LHJMQ?

Frédéric Foulem y a réfléchi pendant trois ans.

« C’était super long et tellement difficile », convient le jeune gardien de 18 ans originaire de Dieppe au Nouveau-Brunswick.

Mais en juin dernier, Foulem a finalement tranché et accepté l’offre des Cataractes de Shawinigan, faisant ainsi le pari du circuit Courteau.

« Lorsque je me suis engagé envers Harvard à l’âge de 16 ans, mon plan était fait. Mais le monde du hockey est volatile et change très vite. La porte s’est ouverte à Shawinigan et je me suis dit qu’une opportunité comme celle-là, il fallait la prendre », explique-t-il au RDS.ca.

Pour ce choix de septième ronde du Titan d’Acadie-Bathurst en 2013, échangé aux Cataractes en décembre dernier en retour d’un choix de repêchage, rien n’était toutefois garanti à son arrivée dans la Cité de l’énergie.

Vraiment pas.

Dès l’ouverture du camp d’entraînement, Foulem s’est retrouvé au cœur d’une lutte à cinq gardiens servant à identifier un digne successeur à Marvin Cüpper, rentré en Allemagne au cours de la saison morte pour amorcer sa carrière professionnelle.

Petit à petit, les candidatures ont été rejetées. Evgeny Kiselev a d’abord été échangé au Drakkar de Baie-Comeau. Puis, quatre jours plus tard, c’était au tour de Mathieu Bellemare d’être troqué aux Olympiques de Gatineau, avec qui il s’est forgé la meilleure moyenne de buts alloués du circuit (2,16).

Ne restait donc plus que trois gardiens dans la formation des Cataractes, soit Antoine Samuel, Mikhaïl Denisov et Foulem.

Trois mois plus tard, ils y figurent encore.

Seul d’entre eux à détenir une certaine expérience dans la LHJMQ à titre de réserviste à Cüpper l’an dernier (11 matchs), Samuel a amorcé la présente campagne avec une longueur d’avance, si bien qu’il a amorcé 12 des 24 rencontres des Cataractes jusqu’à maintenant. Denisov et Foulem se sont quant à eux partagé le reste du boulot, obtenant chacun six départs.

Une charge de travail limitée, certes, pour un jeune espoir qui renonce à une bourse d’études offerte par l’une des meilleures universités de la planète, mais Foulem est loin de s’en plaindre.

« Je n’avais pas d’attentes, n’importe quoi m’aurait satisfait en autant que j’aie l’encadrement nécessaire pour élever mon niveau de jeu », insiste Foulem, qui affiche une moyenne de buts alloués de 3,25 et un taux d’efficacité de ,857. Samuel et Denisov affichent des statistiques similaires avec des moyennes de 3,08 et 3,59 respectivement.

« C’est sûr qu’avec trois gardiens dans les pratiques, il y a moins de lancers pour chacun d’entre nous et c’est pourquoi on fait beaucoup de temps supplémentaire Mikhaïl et moi afin de s’adapter plus vite », signale Foulem (5-0-1), qui en est encore à se familiariser avec son nouvel environnement de travail.

Après deux saisons au Collège Stanstead, une école préparatoire anglophone (prep school) située dans les Cantons de l’Est, Foulem a évolué l’an dernier au sein du réputé programme de Shattuck St. Mary’s, bien connu pour avoir notamment formé Sidney Crosby, Jonathan Toews et Zach Parise.

« C’est un tout autre niveau de jeu en termes de vitesse et de talent. Je suis encore en période d’adaptation », note-t-il.

« Il a beaucoup de récupération à faire, confirme l’entraîneur-chef des Cataractes Martin Bernard. C’est un gars qui n’a pas eu beaucoup de millage au niveau de son coaching dans les dernières années, mais il veut apprendre. Il a mis la main à la pâte et pris les bouchées doubles. On voit une progression dans les enseignements qui lui sont offerts, donc on est content de ce qu’on voit. »

« On savait qu’une phase de transition lui serait nécessaire, renchérit le directeur général des Cataractes Martin Mondou. Quand tu pars d’un High School pour jouer dans la LHJMQ, tu risques de connaître des hauts et des bas. Mais selon ce qu’on voit de lui, sa personnalité, son attitude et ses qualités de gardien font que nous n’avons aucun doute à son endroit, il va jouer junior majeur et connaître une belle carrière. »

Le poste de gardien numéro un des Cataractes, de sérieux prétendants aux grands honneurs, ne semble donc pas à la portée de Foulem dès cette saison. Là n’était toutefois pas l’objectif premier de celui-ci lorsqu’il a mis le cap sur Shawinigan.

« Je n’ai pas 20 ans et j’ai encore trois saisons junior devant moi. C’est assez pour se mettre à niveau et se construire une belle base », observe Foulem, qui ne cache pas avoir fait le choix de la LHJMQ afin de s’offrir plus de visibilité en cette première année d’éligibilité au repêchage de la LNH.

Reste à voir si c’est dans l’uniforme des Cataractes que Foulem tentera d’étoffer sa candidature.

« Plus difficile à gérer »

Alors que la période des transactions s’ouvrira dans environ un mois dans la LHJMQ, Mondou s’apprête en effet à faire son choix et mettre un terme au ménage à trois qui prévaut devant le filet depuis le jour 1 de la saison.

« On vient d’entrer dans la phase où ça devient un peu plus difficile à gérer. Les gars font bien et ils aimeraient jouer chaque semaine. Honnêtement, ils le mériteraient, mais le fait qu’on joue deux matchs par semaine dans les trois prochaines semaines rend les choses un peu plus difficile à gérer pour le personnel d’entraîneurs », confie le DG.

Inévitablement, Mondou devra donc trancher. Fera-t-il confiance à Samuel pour le reste du calendrier régulier et les séries, ou dénichera-t-il une rareté sur le marché des échanges : un gardien d’expérience?

Chose certaine, d’ici peu, il n’y aura plus que deux hommes masqués dans le vestiaire des Cats.

« On est encore en train de voir qui peut prendre la pôle chez nous. Il n’y a pas beaucoup de gardiens d’expérience et de gardiens qui ont gagné en séries dans notre ligue cette année et comme tous les autres clubs, on doit vivre avec cette réalité. Mais à la date limite des transactions, on va tomber à deux gardiens », annonce Mondou.