BOISBRIAND – En temps normal,  la présence de Samuel Montembeault devant le filet de l’Armada de Blainville-Boisbriand n’annonce rien de bon pour l’équipe adverse. Encore moins si elle est toujours à la recherche de son premier gain de la campagne.

Le 25 septembre dernier, le Phoenix de Sherbrooke avait donc toutes les raisons du monde de redouter le retour de Montembeault dans la LHJMQ.

Mais ce soir-là, les attaquants du Phoenix ont vite réalisé que ça rentrait de partout. À peine revenu de la Floride, où il venait de participer à son premier camp professionnel, Montembeault a alors connu une soirée à oublier. Six buts sur 28 lancers.

« Je pense que j’étais troué. »

S’il ose en rire aujourd’hui, c’est que le choix de troisième tour des Panthers de la Floride au dernier repêchage de la LNH s’est petit à petit ressaisi et a maintenant fière allure. Celle d’un gardien qui appartient à l’élite de son pays parmi les portiers de son groupe d’âge.

« Sam a connu un début de saison très difficile compte tenu de son potentiel, mais ça n’a pas été horrible pendant des semaines. Si on oublie ses cinq ou six premiers départs, il est très bon depuis un mois », nuance le directeur général et entraîneur-chef de l’Armada, Joël Bouchard.

« Quand je suis revenu de mon camp professionnel, j’ai connu une période creuse. C’était surtout en montagnes russes au début. J’offrais une bonne performance, puis une moins bonne », reconnaît l’athlète de 19 ans.

« J’ai alors eu une longue discussion avec Joël et nous avons établi un plan que nous avons suivi. Ça va super bien depuis ce temps-là », renchérit-il.

Après avoir conclu une première saison à titre de gardien no 1 avec la deuxième meilleure moyenne de buts alloués du circuit (2,59) l’an dernier, Montembeault renoue en effet avec ses standards d’excellence. Avec une moyenne de 2,79 après 16 départs, il occupe le cinquième rang du circuit à ce chapitre, derrière Mathieu Bellemare des Olympiques de Gatineau, le meneur à 2,16.

Un rendement qui, chaque soir, permet à l’Armada d’y croire. Reste que la marge d’erreur de Montembeault est bien mince.

En quittant pour les rangs professionnels au terme de la dernière campagne, Danick Martel et Nikita Jevpalovs, notamment, ont apporté avec eux une bonne partie du punch offensif de l’Armada. La troupe de Joël Bouchard marque en moyenne un but de moins par match cette saison (2,5) que l’an dernier (3,5).

« On ne marque pas beaucoup de buts devant lui, mais il n’en accorde pas beaucoup », convient Bouchard. Avec 60 buts au compteur depuis l’ouverture du calendrier régulier, l’Armada occupe le 17e et avant-dernier rang de la LHJMQ à cet égard. Seul le Drakkar de Baie-Comeau a fait pire avec 45 buts jusqu’à maintenant.

Au-delà de la graduation de Martel, Jevpalovs, l’Armada a de plus eu à composer avec une kyrielle de blessures qui ont considérablement ralenti la progression de cette jeune équipe en phase de reconstruction.

« Le nombre de blessés fait en sorte qu’on a toujours été en mode survie depuis le début de l’année », rappelle Bouchard.

« Ça peut parfois être frustrant pour un gardien, mais ça fait partie de la game. Si tout le monde fait son travail, comme ce fut le cas ce soir, on peut s’en sortir », raisonnait Montembeault vendredi soir dernier à la suite de la victoire de 5-4 des siens sur les puissants Cataractes de Shawinigan.

« Il est habitué, c’est probablement le gardien qui a dû jouer le plus de matchs serrés depuis l’an passé, mais il ne s’en fait pas vraiment avec ça. Ce n’est pas un petit gars qui suranalyse et qui stresse inutilement », assure Bouchard.

S’il doit composer avec une offensive en baisse de régime, Montembeault peut toutefois toujours compter sur une défense étanche pour lui venir en aide. L’Armada n’alloue en moyenne de 23,21 lancers par rencontre à l’adversaire, ce qui lui confère le deuxième échelon de la ligue à ce chapitre. Les Olympiques sont les plus avares avec 21,83 tirs concédés par rencontre.

« Ça fait trois ans que je suis ici et ç’a toujours été comme ça. C’est une politique chez l’Armada que de s’appuyer sur une bonne base défensive. On joue extrêmement bien dans le système », fait remarquer Montembeault, qui a momentanément quitté ses frères d’armes pour représenter la LHJMQ à l’occasion du Défi Canada-Russie.

Aux côtés d’autres jeunes joueurs en audition pour un poste au sein d’Équipe Canada junior (ÉCJ) en vue du prochain Championnat mondial qui aura lieu en décembre prochain en Finlande, Montembeault affrontera une sélection de joueurs russes lors de deux rencontres disputées à Rouyn-Noranda et Halifax ce soir et jeudi.

Il ne devrait toutefois voir de l’action que lors d’une seule de ces rencontres puisque Mason McDonald, des Islanders de Charlottetown, se verra lui aussi offrir une chance de briller sous le regard de l’état-major de Hockey Canada.

« Je ne vois pas ça comme un duel avec Mason. On va chacun jouer notre match et donner le meilleur de nous afin de faire bonne impression », note Montembeault, qui a participé en août dernier au camp estival d’ÉCJ à Calgary. McDonald était aussi présent, tout comme Mackenzie Blackwood, des Colts de Barrie.

« C’est là (au Défi Canada-Russie) que ça va se décider selon moi », avance Bouchard.

Une semaine d’enseignement

L’entraîneur-chef de l’Armada devrait pouvoir compter sur son gardien étoile lors du prochain match de son équipe samedi prochain, alors que les meneurs au classement général, les Huskies de Rouyn-Noranda, feront escale au Centre d’excellence Sports Rousseau.

Un défi de taille certes, mais pour une rare fois cette saison, Bouchard a une semaine complète à sa disposition pour préparer ses ouailles.

« Cette semaine, je vais coacher et en profiter », promettait-il quelques instants après avoir surpris les Cataractes en prolongation vendredi.

Chose certaine, il aura sans doute un jeune club bien à l’écoute.

« Ça fait trois semaines que je suis content de mes gars. Depuis que j’ai fait une sortie publique contre eux, je n’ai rien à redire, ils sont sur la coche. Les dernières défaites qu’on a subies, ce n’était pas par manque de travail. Ils ne peuvent pas me donner ce qu’on n’a pas non plus. »

Avant de perdre les services du défenseur Guillaume Beaudoin, qui s’apprêtait à effectuer un retour au jeu avant de se blesser bêtement au cours de la période d’échauffement précédant le duel contre les Cataractes, Bouchard pouvait enfin se réjouir à l’idée d’envoyer sur la patinoire une formation dépourvue de joueurs affiliés aux rangs mineurs.

« Tout le monde veut gagner, nous aussi, mais je garde la tête froide. Je ne peux pas demander à des joueurs affiliés qui arrivent à peine de remplacer des joueurs réguliers qui eux-mêmes ne sont pas encore des joueurs établis dans la ligue. »

À Bouchard maintenant de les aider à s’enraciner dans le circuit Courteau. Après tout, il n’en serait pas à sa première réussite du genre.

« Les gars écoutent et me donnent ce qu’ils ont à donner sur la glace. C’est juste bon pour le caractère, individuellement et collectivement. [...] On ne peut pas être contre eux, ce sont nos kids et on a besoin d’eux, insiste Bouchard.

« C’est ce que j’aime. Ce ne sera pas toujours rose et parfait. »