BOISBRIAND – Joël Bouchard s’en souviendra toujours. Sélectionner Philippe Sanche, un attaquant de 5 pi 4 po  au sixième tour du repêchage de 2012, ce n’était pas exactement ce qu’on peut appeler un choix populaire.

« Après le repêchage, je me faisais ramasser sur les réseaux sociaux », retrace le directeur général de l’Armada de Blainville-Boisbriand.

Tellement, que la secrétaire du club à l’époque lui avait suggéré de s’adresser aux partisans afin d’apaiser la grogne.

« On était au mois de juin. Il n’y avait pas de déclaration à faire!, tranche encore Bouchard. J’étais convaincu qu’après une seule semaine de camp d’entraînement, Sanche allait devenir le joueur préféré du public.

« Ç’a pris deux jours... »

 Trois ans et demi plus tard, Sanche n’a pas grandi. Enfin presque pas.

« J’ai peut-être gagné trois quarts de pouce depuis mes débuts à 17 ans, confirme-t-il en s’esclaffant. Je n’ai pas pris de poids non plus (152 livres), je suis juste plus en forme. »

À 5 pi 5 po, Sanche est le plus petit joueur de la LHJMQ pour une quatrième saison consécutive. Un « titre » que ses favoris ont appris à apprécier, voire chérir.

Élu joueur le plus acharné du circuit Courteau à la suite d’un scrutin mené auprès des fans de la Ligue l’an dernier, Sanche a visiblement vite su gagner le cœur de ceux qui doutaient de ses capacités et de sa détermination.

« Si je ne travaillais pas fort, je ne jouerais pas dans cette ligue actuellement à cause de mon gabarit. Si je prenais une journée off, je ne serais pas capable de jouer. Je n’aurais pas l’air d’un joueur de hockey sur la glace », estime l’athlète de 20 ans qui en est à sa dernière campagne dans la LHJMQ.

« Comme beaucoup de nos joueurs, il était négligé, mais il a réussi à connaître toute une carrière junior. [...] Les autres équipes ont beau se battre à fesser dessus, il a une ténacité et une endurance à toute épreuve », observe Bouchard.

S’il encaisse encore son lot de mises en échec musclées, Sanche s’est néanmoins attiré le respect de ses rivaux au fil de ses trois premières années au cours desquelles il a successivement amassé 53, 41 et 72 points.

L’ailier droit demeure tout de même l’une des cibles de prédilection des formations adverses, surtout en cette année de reconstruction pour l’Armada, qui a notamment perdu les services des attaquants Nikita Jevpalovs et Danick Martel, maintenant professionnels.

« Avec l’expérience que j’ai acquise, je comprends mieux la game. Je suis combattif et j’aime m’impliquer dans les batailles à un contre un face aux plus grands et aux plus gros que moi, mais je dois aussi sauver mes énergies afin de passer à travers toute une saison. »

Il y a toutefois des soirées plus éprouvantes que d’autres, ajoute Sanche.

« Quand on affrontait Baie-Comeau lors de mes premières saisons, c’était une grosse rivalité et ça brassait. Je sortais de là amoché et le lendemain matin, c’était dur. Il fallait que je reparte à zéro et que je me prouve à nouveau si je voulais continuer à jouer et prouver aux coachs que je pouvais le faire. »

Reste qu’au volume, les contacts ont fini par avoir leur effet sur la petite stature du joueur originaire de Mercier.

« C’est surtout ma deuxième année qui a été difficile. À la fin de ma première saison, je m’étais fracturé la clavicule et l’année d’après j’ai subi plusieurs blessures à l’épaule. Je recevais beaucoup de mises en échec et c’est ce qui m’a le plus rentré dedans. Je revenais trois matchs et je me blessais à nouveau », se désole Sanche, qui a été limité à 48 rencontres en 2013-2014.

Porté par la persévérance qui le caractérise et épargné par les blessures, Sanche s’est imposé la saison suivante comme l’un des leaders offensifs des siens en concluant l’année au troisième rang des meilleurs pointeurs de l’équipe derrière Martel (102) et Jevpalovs (100) avec une récolte de 72 points.

Philippe Sanche et Jack Van BoekelUn atout unique

L’attaque de l’Armada pèse aujourd’hui un peu plus sur les épaules du petit no 15. Avec sept buts et cinq mentions d’aide au compteur en 13 rencontres, Sanche est le meilleur pointeur de l’équipe.

La tâche première de Sanche n’est toutefois pas de remplir les filets adverses, mais bien de montrer la voie comme il le fait déjà si bien, signale Bouchard.

« Comme je le lui rappelle souvent, c’est n’est pas à lui d’essayer de sauver l’équipe. C’est à lui de faire sa job, comme les autres d’ailleurs. »

À son dernier tour de piste, gageons que peu importe l’issue de la saison de l’Armada, Sanche aura su remplir son mandat, et qui sait, peut-être s’ouvrir des portes. Bien au fait du sort réservé aux joueurs de sa carrure chez les professionnels, Sanche ne se berce pas toutefois d’illusions.

« C’est certain que je veux aller chercher mon diplôme pour ensuite aller à l’université, indique celui qui étudie en comptabilité. Le hockey c’est bien, mais quand je vais arrêter de jouer, il va falloir que je fasse quelque chose. Je ne pourrais pas juste rester chez nous, je devrai aller travailler. Je vais prendre tout ce qui s’ouvre à moi... »

Reste à voir si le hockey ne pourrait pas s’immiscer dans ce plan de carrière.

« Il a probablement défié les probabilités dans sa carrière junior pour un joueur de sa grandeur et de son gabarit », rappelle Bouchard, qui ne se fait pas prier pour noter au passage que son vaillant guerrier ne fait pas que l’unanimité dans son vestiaire et dans les estrades du Centre d’Excellence Sports Rousseau. « Les clubs de la LNH l’aiment tous. »

De là à se risquer?

« Il y a des gars qui ont tout pour eux, mais ils n’ont pas ce que lui a. Ça c’est sûr. »