MONTRÉAL – « Suis-je assez bon pour jouer junior? »

Cette question, Danick Martel se la posait sincèrement à ses débuts dans la LHJMQ, il y a un peu plus de deux ans.

Un an plus tôt, à l’occasion du repêchage 2011 du circuit Courteau, les 18 clubs de la ligue lui offraient une réponse tranchante.

Non.

Ignoré par chacun d’entre eux, le petit attaquant de 5 pieds 7 pouces des Cantonniers de Magog avait alors dû se contenter d’une invitation à prendre part au tout premier camp d’entraînement de l’histoire de l’Armada de Blainville-Boisbriand.

Retranché à sa première tentative en 2011-2012, principalement en raison de son tempérament bouillant sur la patinoire, Martel est revenu à la charge la saison suivante, persuadant finalement l’Armada de lui offrir sa chance.

Deux saisons et demie plus tard, Martel saisit cette occasion plus que jamais à sa dernière campagne junior majeur.

« Toute ma vie, on m’a répété que j’étais trop petit pour atteindre le niveau supérieur, se désole Martel, qui mesure désormais 5 pieds 8 pouces et pèse 162 livres. Ç’a toujours été ma motivation pour atteindre le niveau supérieur, que ce soit la LHJMQ à l’époque, ou la Ligue américaine et la LNH aujourd’hui. »

Danick Martel

Filant vers le plateau des 50 buts et flirtant avec le championnat des pointeurs avec encore 13 matchs au calendrier régulier, Martel a sans doute confondu bon nombre de sceptiques, mais il en restera toujours.

« Si je n’ai pas encore signé, c’est que les équipes doutent encore de certaines choses de mon jeu que je dois encore améliorer », raisonne l’auteur de 43 buts en 55 rencontres cette saison. Seul Maxim St-Cyr, du Drakkar, peut dire mieux avec 46 réussites.

Fort d’une fiche de 88 points, Martel rivalise avec Conor Garland des Wildcats (95) et son compagnon de trio Nikita Jevpalovs (86) dans la course au Trophée Jean-Béliveau, remis au meilleur marqueur de la LHJMQ.

« Le cap des 50 buts est atteignable, mais je ne dois pas y penser car je risque de perdre ma concentration et changer mon style de jeu. »

Fidèle à la philosophie d’équipe qui a fait le succès de l’Armada depuis son apparition dans les Basses-Laurentides, Martel relègue donc ses intérêts personnels à l’arrière-plan. Ça ne l’empêche toutefois pas d’apprécier son rendement inespéré.

« À 20 ans, je m’attendais à connaître une grosse saison, mais pas autant que ça », admet Martel, qui a notamment connu une série de 18 matchs avec au moins un point.

Une constance qui a évidemment éveillé les éclaireurs de la LNH qui, petit à petit, se sont mis à étudier la candidature de Martel plus sérieusement. Si bien que le hockeyeur originaire de Drummondville a dû se résoudre à embaucher un agent, Paul Corbeil.

« Depuis Noël, j’ai davantage de contacts avec des recruteurs et mon nom résonne de plus en plus à travers la ligue », observe Martel avec justesse.

Infatigable travailleur filant à toute vitesse,  le joueur de centre de l’Armada n’a en effet pas à rougir de sa réputation. S’alliant à son éternel complice Nikita Jevpalovs, Martel contribue activement aux succès inattendus de l’Armada.

S’engageant en septembre dans une saison de transition rendue nécessaire par le départ de plusieurs vétérans, la troupe de Joël Bouchard trône plutôt au sommet du classement général.

« Je ne mentirai pas, je suis un peu surpris, surtout de la position qu’on occupe à l’heure actuelle, reconnaît Martel. Je m’attendais à ce qu’on se situe plutôt en milieu de peloton et qu’on compétitionne (sic) en fin d’année grâce à notre éthique de travail bâtie au cours de la saison. »

Les deux font la paire

Épaulés par les autres vétérans Daniel Walcott, Philippe Sanche et Nathanael Halbert, Martel et Jevpalovs montrent  donc la voie à la relève, en plus de la mettre à son aise.

Auteurs de 84 des 201 buts marqués jusqu’à maintenant par l’équipe, Martel et Jevpalovs ont l’habitude d’offrir un coussin de sécurité à leurs jeunes coéquipiers et risquent du coup de devenir les deux premiers joueurs de l’histoire de l’Armada à figurer dans le Top-10 des meilleurs pointeurs de la LHJMQ au terme d’une saison. Mieux encore, Blainville-Boisbriand pourrait se vanter de miser sur deux marqueurs de 50 buts dans ses rangs pour amorcer les séries.

Avec 41 buts à son dossier, Jevpalovs n’est en effet qu’à deux longueurs de son compagnon de trio des deux dernières saisons. « On a juste à se regarder sur l’avantage numérique et on sait ce qu’on va faire. On n’a même pas besoin d’y penser, le jeu se fait souvent tout seul », lance Martel.

Si cette complicité a d’abord servi la cause de Jevpalovs, qui a récemment été embauché par les Sharks de San Jose après avoir été lui aussi boudé au repêchage de la LNH, Martel espère qu’elle lui profitera à son tour. Mais il sait trop bien qu’il ne peut pas que compter là-dessus pour déjouer une fois de plus les pronostics.

« Peu importe à quel camp pro je serai invité ou avec quelle équipe je signerai, mon objectif sera toujours de surpasser le niveau que les gens me jugent capable d’atteindre. Si je me taille un poste au sein d’une formation, je viserai le troisième trio, le deuxième, puis le premier... »

« Mon caractère, c’est ça mon talent. »