ST.SIMONS ISLAND, Géorgie - Tod Leiweke rêve depuis toujours — depuis 17 ans précise-t-il — d’ajouter une équipe de la LNH aux amateurs de sports professionnels de Seattle. Des amateurs gâtés avec les Seahawks de la NFL, les Mariners du baseball majeur, des Sounders dans la MLS sans oublier le Storm de la WNBA.

 

Chef de la direction et président de la nouvelle équipe de la LNH, Leiweke ne craint pas de se casser les dents en mordant dans une tarte qui pourrait être difficile à partager.

 

« Seattle est la plus grosse ville américaine qui n’est pas occupée par une équipe professionnelle en hiver. La place est libre et nous sommes confiants que nous pourrons rapidement l’occuper. Oui, les Seahawks sont populaires. Les Mariners aussi. Nous aurons donc de la compétition l’automne et le printemps. Mais nous voyons cette compétition d’un bon œil. Le marché est assez gros et le dollar loisir des amateurs est disponible pour nous selon toutes les études effectuées », a indiqué Leiweke.

 

Des propos que le commissaire adjoint Bill Daly a pleinement entérinés. « Seattle était dans la mire de la LNH depuis des années. Il y avait des problèmes à régler. Mais nous avions confiance en ce marché et toutes les analyses effectuées dans le cadre de l’étude de la candidature déposée par Seattle ont confirmé nos prétentions. »

 

La clef : le Key Arena

 

Quel était donc le gros problème de Seattle? Son amphithéâtre :

 

« Le Key Arena est désuet depuis longtemps. Il en fallait un nouveau. Pas juste pour le sport. Mais pour les spectacles aussi alors que les grandes tournées passent trop souvent à côté de Seattle en raison du fait que le Key Arena n’est pas adéquat. Avec le Seattle Center Arena, le problème sera réglé. Je dois à nos propriétaires, à mon frère Tim – Tim Leiweke est l’un des propriétaires des Kings de Los Angeles, sa compagnie est spécialisée dans la construction de grands amphithéâtres comme le Staples Arena à Los Angeles – à la mairesse de Seattle Jenny Durkan qui a eu la vision politique de croire en nous le fait que nous allons doter Seattle d’un amphithéâtre dont la ville avait besoin depuis longtemps. Qui sait, peut-être que la NBA voudra maintenant y revenir. Si tel est le cas, nous aurons une longueur d’avance et le hockey est rendu tellement intéressant que je ne crains pas la compétition supplémentaire », assurait un Tod Leiweke en liesse lors de la confirmation de l’entrée de Seattle dans la LNH, mardi midi, à Saint-Simons en Géorgie.

 

Seattle est orpheline de basketball de la NBA depuis 2008. Les SuperSonics établis dans l’État de Washington depuis 1967 – ils s’appelaient alors les Sonics – avaient alors mis le cap sur Oklahoma City où ils sont devenus le Thunder.

 

Non seulement Tod Leiweke ne craint pas la compétition qui l’attend à Seattle, mais le propriétaire principal, David Bonderman, déjà actionnaire minoritaire des Celtics de Boston, envisage le retour de la NBA à Seattle. Il a d’ailleurs tenté, mais en vain, de devenir propriétaire majoritaire des Warriors de Golden State 2010.

 

Une fortune de 3,3 milliards

 

Beaucoup plus discret que Tod Leiweke qui est le porte-étendard de la nouvelle franchise à Seattle, beaucoup moins connu que le producteur hollywoodien Jerry Bruckheimer qui fait partie du groupe de propriétaires, Bonderman est celui qui a les poches pleines.

 

Ses avoirs personnels s’élèvent à 3,3 milliards selon la publication spécialisée Forbes.

 

David Bonderman a fait fortune dans la gestion de fonds de placement. Il est à la tête du groupe TPG Capitals qui jongle, toujours selon Forbes, avec un magot de 73 millards $. Il est déjà impliqué dans le sport professionnel avec les Celtics, il était du groupe d’investisseur dans la construction du T-Mobile Arena à Las Vegas et il siège au sein de plusieurs conseils d’administration de grandes compagnies aux quatre coins du monde.

 

Lorsque je l’ai croisé mardi midi dans le cadre des nombreuses mêlées de presse qui ont suivi l’annonce officielle de l’entrée de Seattle dans la LNH, Bonderman m’a indiqué qu’il aimait beaucoup Montréal et qu’il y venait souvent.

 

Quand je lui ai demandé quels étaient ses liens avec Montréal, le milliardaire qui s’exprime lentement, qui parle tout doucement et qui se tient loin des tourbillons médiatiques m’a répondu très discrètement : « ma compagnie a acheté une portion du Cirque du Soleil il y a quelques années. Je vais donc à Montréal très souvent. C’est une ville magnifique que j’adore visiter », a-t-il défilé avec un brin ou deux d’humilité.

 

Dès 2021, il aura une raison de plus de faire escale à Montréal.