MONTRÉAL – Brendan Brisson devait avoir 3 ou 4 ans. Son frère cadet, Jordan, venait tout juste de se fendre le front en se heurtant la tête contre une table de la maison. Une visite à l’hôpital s’imposait.

 

« Mes parents se sont précipités à l’urgence avec mon frère, pendant que Sid était ma gardienne. »

 

Le « Sid » dont il est question ici, vous l’aurez compris, c’est Sidney Crosby. Alors âgé de 15 ou 16 ans, la superstar en devenir était de passage chez son agent Pat Brisson, en Californie.

 

« Je ne me rappelle plus trop de ce qu’on a fait, mais selon ce que mes parents et lui m’ont raconté, on a simplement regardé la télé et il m’a ensuite mis dans le bain. Quand mes parents sont revenus, il leur a dit : "Je ne savais pas trop quoi faire alors je lui ai donné un bain pour qu’il soit prêt à aller au lit". »

 

Des anecdotes comme celle-ci impliquant des clients de son père, Brisson en a des tonnes à raconter.

 

Evgeni Malkin le requin

 

« Chaque fois que les Penguins étaient de passage [à Los Angeles pour affronter les Kings], mon frère et moi allions le voir et nous étions toujours dans la piscine [de son hôtel] avec lui. Il faisait comme s’il était un requin et nous traquait. »

 

John Tavares le modèle

 

« Il restait à la maison pendant une semaine et il s’entraînait. Il avait environ l’âge que j’ai aujourd’hui (18 ans). J’ai vu à quel point c’était important pour lui de se consacrer à son développement. Je me rappellerai toujours, il buvait tout le temps un shake protéiné. »

 

Anze Kopitar l’interrogateur

 

« J’aimais beaucoup Evgeni Malkin et quand j’avais 8 ans je portais le no 71 [comme lui]. Je me rappelle qu’Anze Kopitar est venu à la maison et m’a demandé pourquoi je ne portais pas le numéro 11 comme lui. Je suis devenu nerveux et j’ai répondu : "Je porte le 71 parce que 7+1 = 8 et non pas à cause de Malkin". J’avais peur qu’il se fâche. »

 

Nathan MacKinnon la terreur

 

« Mon frère et moi avions peur de Nathan. Il avait 18 ans et c’était un monstre. Cachés, nous l’observions lancer des rondelles à l’extérieur. Quand il nous a vus, il est venu nous voir et nous a proposé qu’on effectue des lancers avec lui. Chaque fois qu’il tirait la rondelle, elle revenait à toute vitesse vers nous! [...] Durant cette semaine-là, il était comme un membre de la famille. »

 

Chacun à leur façon, ces « grands frères » ont modelé Brendan Brisson le joueur de hockey. Un jeune attaquant à la fois consciencieux et ultra-créatif bientôt prêt à les retrouver dans la LNH.

 

« Il a grandi dans la game. Il a côtoyé de grands joueurs de la LNH et il a vu à quel point ils travaillent fort l’été. Il a eu une opportunité incroyable d’être une éponge et d’absorber toutes les bonnes habitudes de ces joueurs. De toute évidence, il a été attentif », observe Dan Marr, le grand patron de la Centrale de recrutement de la LNH qui répertorie Brisson au 20e rang de son classement des meilleurs patineurs nord-américains. 

 

Un esprit libre

 

Avec le Steel de Chicago, un club de la USHL prêt à laisser libre cours aux instincts offensifs de ses meilleurs éléments, le joueur de centre de 5 pi 11 po et 179 lb a sauté sur l’occasion de terroriser les défenses adverses.

 

« Quand tu as un Ferrari, ça ne fait pas de sens de la conduire comme une Honda », justifie le directeur général du Steel, Ryan Hardy.

 

Aux côtés de ses compagnons de trio Mathieu De St. Phalle et Sean Farrell, qui ont respectivement terminé 1er et 7e au classement des meilleurs pointeurs du circuit l’an dernier, Brisson a amassé 24 buts et 35 passes en 45 matchs, n’accusant qu’un point de retard sur De St. Phalle et raflant au passage le titre de recrue par excellence.

 

« Brendan, c’est une sorte d’esprit libre, développe Hardy, un ancien dépisteur des Bruins de Boston. Il a cette confiance d’essayer des choses que certains gars n’oseraient pas tenter par peur de commettre une erreur. Brendan n’a pas cette peur. Tout ce qu’il veut, c’est réaliser des jeux de haut niveau selon ce que lui dicte son esprit créatif. »

 

Fort de cette contribution et de celle de cinq autres joueurs du Steel qui ont conclu la campagne dans le top-10 des meilleurs pointeurs de la ligue, le club de l’Illinois a marqué en moyenne 4,94 buts par match, la meilleure de l’histoire de la USHL, et s’est forgé un dossier de 41-7-1.  

 

« Avant l’arrivée de Brendan, nous n’avions pas de joueur aussi dynamique que lui, note Hardy. Il nous a permis de nous distancer vraiment des autres équipes sur le jeu de puissance et même à 5 contre 5. Quand son trio était sur la patinoire, il avait généralement tout le temps possession de la rondelle. »

 

Les plus beaux jeux de Brendan Brisson

 

Ce potentiel destructeur, Hardy l’a repéré il y a deux ans au camp de sélection de la formation américaine pour la Coupe Hlinka-Gretzky, un tournoi international réservé au moins de 18 ans.

 

« Il y a des jours où il était le meilleur joueur au camp, évalue cet ancien haut gradé du programme de développement américain. Il n’a pas été sélectionné, mais il a été l’un des derniers joueurs retranchés. [...] C’est à ce moment qu’il a tourné le coin. Pendant toute l’année qui a suivi, nous l’avons surveillé de près à Shattuck St.-Mary et c’est vraiment là qu’il a commencé à s’épanouir offensivement. »

 

À sa dernière campagne avec le réputé programme qui a notamment formé Crosby et Jonathan Toews, Brisson a récolté 101 points (42 buts et 59 passes) en 55 matchs, éveillant ainsi l’intérêt des éclaireurs de la LNH.

 

« C’est quand même assez nouveau pour moi, observe Brisson. Je ne dirais pas que je sors de nulle part, mais je n’étais jamais le gars dont on parlait. Si on m’avait dit il y a trois ans que j’aurais la chance d’être repêché dans la LNH, j’aurais été sous le choc. »

 

C’est pourtant bel et bien ce qui surviendra, après quoi il compte poursuivre son apprentissage avec les Wolverines de l’Université du Michigan, l’équipe pour laquelle il est tombé sous le charme dans sa jeunesse lors d’une visite avec ses coéquipiers des Jr. Kings de Los Angeles

 

« C’était un match contre Niagara et Zach Werenski jouait pour les Wolverines. Il a marqué d’un tir de la pointe et la place a explosé. C’était ma première expérience avec le hockey universitaire et je suis tombé tout de suite en amour avec Michigan, la grosse école... »

 

« J’aime jouer sur les plus grandes scènes, poursuit Brisson. Enfiler un chandail du Canadien serait d’ailleurs quelque chose de spécial avec toute l’histoire de Montréal. Beaucoup de pression vient avec le fait de jouer pour le Canadien, mais j’aime jouer quand la game devient plus difficile. J’utilise cette pression pour élever mon jeu. »

 

Il a appris ça de qui vous pensez?

 

Une période très occupée pour les agents de joueurs