Condamné à perdre sans Carey Price?
LNH jeudi, 20 oct. 2016. 14:00 dimanche, 15 déc. 2024. 15:32Le Canadien est-il condamné à perdre s’il est privé de Carey Price? Depuis la saison 2013-2014, il est le gardien le plus dominant de la ligue.
Lorsqu’on le compare à la moyenne de la ligue, Price a en effet sauvé pas moins de 63 buts à son équipe(1), un score qui le situe tout juste derrière Cory Schneider et Henrik Lundqvist. Parce qu’il a joué près de 2 000 minutes de moins que les meneurs, il est en fait le plus efficace du lot depuis trois ans.
Depuis 2013-2014
Gardien | Temps de glace (minutes) | Total des buts sauvés | Buts sauvés par heure jouée |
Cory Schneider | 10 041 | 67 | 0,40 |
Henrik Lundqvist | 10 184 | 64 | 0,37 |
Carey Price | 8 152 | 63 | 0,46 |
Jaroslav Halak | 8 591 | 42 | 0,29 |
Corey Crawford | 10 067 | 42 | 0,25 |
Semyon Varlamov | 10 125 | 34 | 0,20 |
Cam Talbot | 6 540 | 33 | 0,30 |
Ben Bishop | 10 714 | 30 | 0,17 |
Braden Holtby | 10 760 | 27 | 0,15 |
Marc-André Fleury | 11 051 | 26 | 0,14 |
*Source : Corsica.hockey
L’ennui, c’est que l’an dernier, ses remplaçants ont coûté pas moins de 21 buts à l’équipe, qui a terminé avec un différentiel de moins-17(2).
Saison 2015-2016
Gardien | Buts sauvés |
Mike Condon | -14 |
Ben Scrivens | -6 |
Dustin Tokarski | -4 |
Charlie Lindgren | 1 |
Total | -21 |
En amenant Al Montoya à bord, lui qui depuis trois ans affiche des performances dans la moyenne de la LNH, on a donc manifestement cherché à colmater cette brèche.
Mais les gardiens ont besoin d’aide. Depuis trois ans, le Canadien est une des équipes qui accorde le plus de chances de marquer. La blessure subie par Carey Price a donc bel et bien fait ressortir un problème plus profond : le Canadien complique la tâche de ses gardiens en donnant beaucoup trop de chances de marquer(3).
Chances de marquer accordées
2013-2014 | 2014-2015 | 2015-2016 | |
Rang dans la LNH | 21 | 20 | 17 |
Notes :
(1). Je me lâche lousse sur ce topo-là. L’indicateur que j’utilise est celui développé sur le site corsica.hockey. Il est basé sur une évaluation du « danger » que représente un tir donné, évaluation basée sur les infos limitées publiées par la LNH. Ça n’est pas parfait, mais pour les gardiens, c’est très parlant.
En gros, on doit comprendre de cet indicateur qu’il nous permet d’identifier, pour chaque club, un taux d’arrêt « normal », soit le taux d’arrêt qui serait obtenu par un gardien parfaitement représentatif de la moyenne de la ligue. En comparant les taux obtenus par les gardiens de chaque équipe à ce taux « normal », on peut identifier combien de buts, toutes situations confondues, ont été sauvés (ou accordés en trop!).
L’autre intérêt de ce taux « normal », c’est qu’il permet d’identifier les équipes qui accordent une trop grande proportion de tirs dangereux!
La contribution exceptionnelle de Carey Price est donc est en partie redevable au fait qu’il joue pour une équipe qui donne beaucoup de tirs de qualités.
(2). Voici le tableau illustrant le nombre de buts accordés en trop par rapport à un gardien normal. Le CH aurait terminé la saison avec un différentiel légèrement positif de buts si ces joueurs avaient fourni des performances similaires à celles d’Al Montoya au cours des trois dernières saisons!
(3). Encore ici, j’utilise les données du site corsica.hockey. En calculant les taux d’arrêts ajustés, le site se trouve à identifier des « chances de marquer », des tirs particulièrement dangereux. Le tableau ci-dessous montre à quel rang, sur 30 clubs, le CH s’est classé lors de chacune des trois dernières saisons pour le nombre de chances de marquer accordées. Ce qu’il faut en comprendre, c’est que même avec un gardien « normal », le CH part désavantagé parce qu’il donne trop d’opportunités à l’adversaire. L’excellence de Price a particulièrement gommé cette réalité en 13-14 et 14-15. La saison 15-16 est différente : l’équipe accordait pas mal moins de chances de marquer au départ, puis s’est mise à perdre en efficacité suite au déclin de Petry en janvier. Après la perte de Subban, elle s’est effondrée.
John Chayka, un DG astucieux
Les Coyotes de l’Arizona ont acquis ces dernières années des joueurs comme Chris Pronger, Pavel Datsyuk, ou encore Dave Bolland. Pourquoi? Pour mieux utiliser leur masse salariale!
Le salaire d’un joueur de la LNH est compté de deux façons; d’une part, il y a le salaire réel, soit le montant qu’un joueur reçoit au cours de la saison. D’autre part, il y a le salaire comptabilisé sous le plafond salarial, soit la valeur monétaire totale du contrat, divisée par le nombre de saisons qu’il recouvre.
Salaire de Shea Weber |
Cette saison : |
12 000 000 $ |
Valeur comptable |
110 000 000 $ / 14 ans = 7 857 143 $ |
Ainsi, Shea Weber reçoit cette saison un salaire de douze millions de dollars, mais occupe sept virgule huit millions sous le plafond salarial.
Joueur | Salaire comptabilisé | Salaire réel en 2016-2017 | Économie | Raison |
Chris Pronger | 4 935 714 $ | 575 000 $ | 4 360 714 $ | Retraite |
Pavel Datsyuk | 7 500 000 $ | 0 $ | 7 500 000 $ | Retraite |
Dave Bolland | 5 500 000 $ | 3 500 000 $ | 2 000 000 $ | Blessé |
Shane Doan | 3 876 134 $ | 1 626 134 $ | 2 250 000 $ | Bonus jusqu'en 2022 |
SALAIRE COMPTABILISÉ SANS DÉPENSES : 16 110 714 $
Les Coyotes acquièrent donc depuis quelques saisons des salaires ayant une valeur comptable supérieure à leur valeur monétaire. Et l’actuel DG du club, John Chayka, a poussé au maximum dans cette direction cet été. En débarrassant des clubs plus riches d’ententes encombrantes, il a notamment obtenu Lawson Crouse et Jakob Chychrun, deux jeunes prometteurs qui jouent aujourd’hui dans la LNH.
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Lorsqu’on regarde les salaires réels payés par le club, on constate que 16 millions de dollars sont ainsi épargnés par rapport au plafond salarial, ce qui fait des Coyotes l’une des équipes ayant le moins de salaires réels à payer cette saison!
« Sociologue de formation, analyste des médias de profession, OIivier Bouchard s’intéresse aux statistiques avancées au hockey depuis le lancement de son premier blogue en 2009, « En attendant les Nordiques ». Il publie depuis 2012 sur le site de la LNH et dans les blogues de l’Actualité, en plus d’avoir publié dans La Presse +. Il commente quotidiennement sur Twitter (@oli_bou) et sur Facebook (http://facebook.com/enattendantlesnordiques) ».