BUFFALO – C’est vrai, Clayton Keller est petit. D’ailleurs, il le sait mieux que quiconque. Mais, la bonne nouvelle, c’est qu’il a un peu de Patrick Kane dans le nez et dans les mains également.

Du haut de ses 5 pieds 10 pouces et avec l’aplomb de chacune de ses 155 livres, Keller a regardé tous les journalistes venus le questionner à Buffalo et il a affirmé qu’il méritait d’être repêché très rapidement.

« Je pense vraiment que je suis un choix du top-10. C’est là que je prévois être choisi », a jugé Keller avec la confiance qui lui a permis de briller avec le programme de développement américain.

À vrai dire, le mot n’est pas assez fort. Au bilan de ses deux années avec cette formation, il a battu le record qui appartenait à Phil Kessel (180 points) devant Kane (172 points).

Keller se décrit justement comme une future version de Kane. Tout comme le joueur étoile des Blackhawks de Chicago, il aime mettre en scène des buts en plus d’en marquer.  

« Je suis un joueur qui aime avoir la rondelle sur sa palette le plus souvent possible. Je me démarque avec mon sens du hockey et les jeux que je fabrique », a décrit l’Américain qui a rencontré 26 équipes aux évaluations des espoirs de la LNH.

Sans surprise, le Canadien fait partie du lot, mais plusieurs observateurs redoutent cette possibilité en raison des nombreux joueurs de petit gabarit qui appartient au club montréalais. 

Depuis qu’il est tombé dans l’œil des recruteurs, Keller les épate par sa faculté d’orchestrer des jeux en patinant à haute rapidité.   

« Il procure à son équipe ce jeu énergique et dynamique. Il fait tout avec de la vitesse et ça le différencie de plusieurs autres joueurs qui ont besoin d’une fraction de seconde pour analyser le jeu », a relevé Dan Marr, le directeur de la Centrale de recrutement de la LNH.  

« C’est un petit phénomène! Les rapports disent 155 livres, mais c’est avec son équipement selon moi. Il laisse parfois à désirer défensivement, mais il est tellement bon offensivement », a témoigné, au RDS.ca, un dépisteur d’une équipe de l’Association Ouest.

En fait, s’il présentait les attributs physiques d’Auston Matthews, Patrik Laine ou Pierre-Luc Dubois par exemple, Keller aurait forcé les dirigeants des formations de la LNH à réfléchir plus longtemps à leur sélection.

« Bien sûr, je sais que je dois mettre mon attention à devenir plus fort. J’ai passé beaucoup de temps à l’entraînement et ça finit par paraître. Les gens me parlent donc moins de ma grandeur et c’est toujours bien quand ça arrive », a lancé Keller avec un sourire en coin.  

« Avec le hockey qui se joue de nos jours, je n’ai pas de doute qu’il va jouer dans la LNH. Évidemment, il doit devenir plus gros et plus fort, mais il parvient à récolter des points avec sa vision et ça va continuer à condition qu’il soit bien entouré », a rassuré le dépisteur.

À ce sujet, Keller prétend qu’il a bénéficié du fait d’évoluer à l’extérieur d’une ligue junior comme la LHJMQ ou la Ligue de l’Ontario.  

« Quand la saison prend fin, on monte à quatre sessions d’entraînement par semaine et je crois que ça nous donne un plus par rapport à la plupart des programmes junior. Je donne beaucoup de crédit à notre préparateur physique », a précisé celui qui veut raffiner son travail dans les trois zones.

Pour le moment, Keller prévoit poursuivre son développement avec la même approche. Il se joindrait ainsi au programme de l’Université de Boston qui a notamment formé Jack Eichel.

« C’est mon premier choix présentement, mais je n’ai pas décidé à 100 %. Après le repêchage, je pourrai m’asseoir avec ma famille et mon agent pour discuter de mes options », a commenté le sympathique attaquant qui jongle aussi avec l’idée d’enfiler l’uniforme des Spitfires de Windsor.

S’il préfère cette deuxième option, Keller suivrait les traces de son meilleur ami, Logan Brown, qui mesure six pieds et six pouces. Quand on a osé taquiner son grand copain, qui a réussi uniquement deux répétitions au bench press, Keller s’est empressé de le défendre.

« C’est tout un gaillard, il va devenir meilleur là-dedans bientôt. Au moins, ça ne l’affecte pas trop sur la patinoire. Ses habiletés et son sens du hockey peuvent compenser pour ça », a répliqué Keller en comprenant la plaisanterie.  

Keller entretient également une inspirante complicité avec Kieffer Bellows, son partenaire de prédilection dans l’uniforme américain. Bon joueur, il accorde à Bellows un avantage pour le talent de buteur.

« Je dois le donner à Kieffer, c’est un joueur spécial. Il a une meilleure touche là-dessus et il profite de mes passes aussi! », a déclaré Keller en ne ratant pas cette belle occasion.

Cette réponse, ainsi que quelques autres, ont exposé l’assurance qui l’anime.

« Il affiche également un peu de confiance, et non de l’arrogance, dans son attitude. Il croit en lui et il ne pense pas que le physique soit un enjeu pour son avenir. Il se concentre à jouer et il s’arrange pour que ça fonctionne », a perçu Marr avec un œil positif.  

Prêt pour la LNH dans un an? 

Pendant ses rencontres avec les équipes la semaine dernière, Keller a été étonné par une seule question. Il devait nommer la dernière chose qu’il avait refusée de faire.

« J’y ai pensé longtemps avant de raconter quand ma mère m’a demandé de passer un test de classement éducatif. Je me suis justifié en disant que j’avais quand même passé avec succès les examens pour l’Université de Boston », a relaté Keller, fier de son argument.  

Mais le plus bel exemple de sa confiance est venu quand l’auteur de ces lignes a voulu savoir quand il sera prêt pour jouer contre les imposants joueurs de la LNH.

« Je vais être capable de faire le saut après une année universitaire », a-t-il évalué avec conviction et ambition.

Contrairement à plusieurs de ses camarades qui seront repêchés à la fin juin, Keller ne vient pas d’une famille dans laquelle le hockey occupait une place importante.  

« Personne ne jouait au hockey dans ma famille. J’ai pu essayer le patinage vers trois ans et je n’ai jamais décroché du hockey par la suite », a conclu Keller qui n’a pas fini de démontrer son talent naturel.