BOCA RATON – Michel Therrien et les autres entraineurs-chefs de la LNH ont l’habitude de vociférer contre les arbitres. De se plaindre de leur travail. De contester certaines de leurs décisions.

À compter de l’an prochain, l’entraîneur-chef du Tricolore et ses homologues de la LNH pourront le faire légalement en réclamant une révision vidéo.

Le commissaire explique les recommandations

Bon! Ils ne pourront pas le faire souvent et en toutes circonstances. Mais dans l’éventualité où un entraîneur-chef considèrera qu’un but a été accordé ou refusé de façon erronée en raison d’une obstruction à l’endroit d’un gardien et qu’il a un temps d’arrêt à sa disposition, il pourra loger un appel à l’arbitre qui procédera alors à une analyse du jeu par le biais de reprises vidéos.

« Il n’y aura pas de feux d’artifice pour signaler la demande d’appel, pas même de mouchoir lancé sur la patinoire », a imagé le commissaire Gary Bettman lorsqu’il a confirmé la volonté de la LNH d’ouvrir la porte aux contestations officielles des entraîneurs, comme c’est le cas dans la NFL au Football.

« Comme ils le font lorsqu’ils réclament un temps d’arrêt, les entraîneurs n’auront qu’à signaler leur intention aux arbitres pendant la pause de 30 secondes qui suit chaque but marqué dans un match », a ajouté le vice-président aux opérations hockey Colin Campbell.

« Mais ces demandes d’appel sont strictement réservées aux buts marqués ou refusés alors que les gardiens semblent avoir été gênés dans leur travail à la suite d’un impact avec un adversaire et aux rondelles envoyées directement dans la foule ou les filets de protection. Dans les deux cas, aucune pénalité mineure ne découlera de la demande d’appel. Le but sera accordé ou refusé. Et dans le cas d’une rondelle tirée dans la foule, la révision servira à annuler une pénalité injustement décernée et non à en décerner une qui aurait échappée aux officiels », a précisé Gary Bettman.

Les responsables des opérations hockey à Toronto ont étudié 140 jeux controversés sur lesquels des buts ont été marqués ou refusés alors que les gardiens semblaient avoir été gênés dans leur travail.

« Une douzaine tout au plus représentaient des cas problèmes. De cette douzaine, peut-être quatre jeux controversés auraient pu entraîner des renversements de décisions. Comme quoi nos officiels effectuent déjà de l’excellent travail et que nos responsables des analyses à Toronto leur offrent déjà un excellent soutien », a ajouté Gary Bettman.

Le commissaire a toutefois convenu que les deux ou trois jeux controversés survenus en séries éliminatoires et particulièrement en finale de la Coupe Stanley avaient forcé la main de la LNH à prendre cette mesure visant à réduire au minimum les risques de décisions erronées sur la patinoire.

« Il est à peu près temps que notre ligue se mette au diapason des autres sports. Il y a quatre ans lorsque j’ai fait une telle proposition autour de la table des DG j’avais perdu le vote 28 contre 2. Cette année, un seul directeur général a voté contre », a souligné le DG des Panthers Dale Talon.

Temps d’arrêt

Si le fait de loger une demande d’appel aux arbitres pourrait grandement aider la cause des équipes, il pourrait aussi avoir des conséquences fâcheuses. Car si la décision initiale imposée sur le jeu contesté est maintenue, l’entraîneur-chef perdra le temps d’arrêt à sa disposition. S’il a raison, le temps d’arrêt sera toujours disponible plus tard dans la rencontre. Ce temps d’arrêt pourra alors être réclamé dans sa forme normale, ou servir à loger une deuxième demande d’appel dans la rencontre.

Ainsi de suite...

« Nos responsables du vidéo devront être vites sur la roulette afin de revoir les jeux serrés et d’indiquer à notre entraîneur s’il doit ou non contester la décision rendue sur la patinoire », a convenu le directeur général du Canadien Marc Bergevin.

À noter que pour effectuer une demande d’appel sur un but contesté ou une rondelle tirée directement dans la foule, les entraîneurs doivent avoir un temps d’arrêt à leur disposition.

Cette contrainte aura donc des conséquences sur les stratégies de match. Lors d’un vilain début de rencontre alors que son équipe se retrouve avec un recul de deux ou trois buts, un entraîneur sera peut-être tenté de se retenir au lieu de réclamer un temps d’arrêt pour secouer sa troupe.

Même chose dans les situations de dégagements refusés. On voit souvent les entraîneurs réclamer des temps d’arrêt après une longue présence au cours de laquelle ses joueurs ont été dominés et qu’ils se retrouvent à bout de souffle après un dégagement refusé. Les coachs devront jongler avec la décision d’offrir une période de repos supplémentaire à ses joueurs afin qu’ils puissent mieux faire face aux forces fraiches envoyées par l’ennemi pour la mise en jeu suivante, ou de conserver le temps d’arrêt en cas de situation de contestation.

À noter toutefois que les demandes d’appel seront automatiquement accordées en prolongation – même si le temps d’arrêt a déjà été réclamé – et que la Ligue étudie la possibilité d’étendre cette période de grâce aux dernières minutes de la troisième période.

« On doit peaufiner la règle, mais peut-être qu’on pourrait accorder la demande d’appel dans la dernière minute ou les deux dernières minutes même si un coach a réclamé un temps d’arrêt pour faire part d’une stratégie spéciale en fin de rencontre. Mais seulement dans cette situation. Ça reste à préciser », a ajouté le directeur général des Blues de St Louis Doug Armstrong.

Jugement des arbitres

Non seulement la LNH fait preuve d’ouverture avec ces nouvelles contestations officielles, mais elle innovera également en donnant aux arbitres sur la patinoire le mandat de déterminer si le but marqué alors qu’une équipe dénonce de l’obstruction à l’endroit du gardien doit être accordé ou non.

Par le biais d’un écran-témoin qui sera installé au banc des pénalités, les arbitres pourront analyser le jeu qui fait l’objet d’un appel.

« Les arbitres seront en discussion avec les responsables des révisions vidéos à Toronto. Ils pourront échanger leurs points de vue et obtenir des directives de Toronto quant aux décisions récentes rendues dans de telles circonstances. Mais la décision finale reviendra aux officiels sur la glace. Je trouve que c’est une excellente décision, car ce sont eux qui ont le pouls de la rencontre. Cette décision qui est à la base un jugement de leur part doit leur revenir. Dorénavant on leur donnera les outils pour maximiser la prise de la bonne décision », a plaidé Doug Armstrong.

Dans le cas des rondelles tirées directement dans la foule ou les filets de protection, la révision sera faite de Toronto.

« C’est la révision la plus ardue à effectuer de toutes celles que nous faisons. Car si nous avons des tas de plans de caméra en direction des buts, les angles sont parfois peu évidents pour les rondelles qui passent au-dessus des baies vitrées », a souligné Colin Campbell.