Dans un repêchage plutôt énigmatique, particulièrement après les dix meilleurs espoirs, Nicolas Aubé-Kubel se situe parmi les filons intéressants à explorer et il pourrait devenir le premier Québécois à être sélectionné.

L’attaquant des Foreurs de Val-d’Or, qui est arrivé au Québec à l’âge de 3 ans après avoir vu le jour en Alberta, ne cesse d’attirer l’attention des 30 équipes de la LNH notamment grâce au parcours de sa formation qui a pris fin en demi-finale de la Coupe Memorial.

« Il est l’un de mes favoris. Notre dépisteur du Québec, Christian Bordeleau, pense que c'est l'espoir s'étant le plus amélioré en deuxième moitié de saison », a confié Dan Marr, le directeur de la centrale de recrutement de la LNH, au RDS.ca.

En effet, le droitier a haussé son jeu d’un cran après un début de saison modeste et il est parvenu à faire scintiller ses atouts qui lui permettent de représenter une ressource valable dans laquelle investir.

« On possède une évaluation complète de son profil et il démontre des signes évidents qu’il a le potentiel de jouer dans la LNH en commençant par son aisance sur patins », a révélé, sous le couvert de l’anonymat, un recruteur d’une formation de l’Association Est qui l’a épié à de nombreuses reprises.

Pour l’instant, Aubé-Kubel est répertorié au 40e rang des espoirs de l’Amérique du Nord par les dépisteurs de la LNH. Le principal intéressé – qui est emballé de vivre cette expérience à Philadelphie avec sa famille et ses amis – a évidemment évalué les différentes possibilités sans s’imposer de pression supplémentaire.

« Je ne sais pas vraiment où je vais aboutir. Pendant l’année, les équipes me parlaient des troisième et quatrième rondes, mais on m’a dit que les séries et la Coupe Memorial auraient une influence. Ce sera donc une surprise, mais un bon scénario serait d’être choisi en deuxième ronde », a évoqué Aubé-Kubel qui a pu profiter de plusieurs conseils de son coéquipier Anthony Mantha en vue de cette journée spéciale.

Pour une cuvée qui est loin d’être claire comme de l’eau de roche à classifier, Marr semble persuadé qu’Aubé-Kubel n’aura pas à patienter longtemps sur son siège samedi s’il doit s’y présenter.

« Il a grimpé du 45e échelon jusqu’au 40e dans notre évaluation. Il serait donc situé au début de la deuxième ronde parmi les espoirs de l’Amérique du Nord, mais je ne le vois pas être choisi plus tard que le 40e rang et ce n’est pas impossible qu’il soit repêché en fin de première ronde. Je pense que les équipes l’ont identifié comme un joueur très intéressant », a avancé Marr.

Cet enthousiasme s’explique par différents facteurs qui ont été repérés par les nombreux dépisteurs qui parcourent les arénas notamment aux quatre coins du Québec.

« Ce qu’on aime de sa part, c’est qu’il possède les trois premières qualités pour devenir un joueur de la LNH avec une vitesse digne de la LNH, un très bon son sens du hockey et il combine ces deux éléments avec son niveau de compétition. Il est l’un de ces joueurs qui peut discrètement faire la différence dans une partie car il est capable d’ajouter un peu d’extra pour créer l’occasion recherchée tout en ayant le talent pour capitaliser », a vanté Marr.

Afin de compléter l’analyse, les équipes du circuit Bettman procèdent à des entrevues avec les candidats captivants à leurs yeux. D’ailleurs, la personnalité pourrait motiver plusieurs sélections dans ce repêchage un peu nébuleux.

« Ça fait partie de la philosophie de notre organisation de rencontrer les joueurs et je peux confirmer qu’il s’agit d’un chic type mature et confiant même s’il est un peu naïf, mais pas négativement, comme 90 % des jeunes de son âge », a noté le recruteur questionné.

Au cumulatif, Aubé-Kubel s’est entretenu avec une quinzaine d’équipes, incluant le Canadien qui pourrait procéder à une première sélection au 27e rang à moins d’une transaction.

« Au début, c’est un processus un peu stressant, mais j’ai bien aimé la rencontre avec le Canadien. Ils savent que je suis du Québec donc ils avaient des petites questions différentes », a déclaré Aubé-Kubel qui n’a pas eu à rencontrer un imposant contingent de la direction du Tricolore.

« Je n’étais pas trop nerveux, mais celles avec les Blackhawks et le Wild étaient un peu plus intimidantes puisque je me retrouvais devant près de 15 personnes et plusieurs regardaient uniquement leur ordinateur », a-t-il ajouté.

Une constance à développer

À sa deuxième campagne dans la LHJMQ, Aubé-Kubel a doublé sa production en cumulant 22 buts et 31 aides en 65 parties régulières. S’il avait pu corriger son principal défaut, il serait probablement considéré comme un espoir de première ronde.

« (Sa plus grande faiblesse) C’est la constance, mais il faut faire attention car elle aurait pu être meilleure, mais c’était surtout vrai pendant la première moitié de saison parce qu’il a été plus solide par la suite et ça s’est poursuivi dans les séries. Sans être un joueur dominant, on voyait qu’il avait sa place dans un niveau plus relevé et il suivait la cadence même à la Coupe Memorial », a reconnu le dépisteur basé au Québec qui a souligné sa contribution.

Nicolas Aubé-Kubel

Même à 18 ans, Aubé-Kubel a souvent démontré son côté mature en entrevue en admettant des failles dans son jeu et il admet qu’il s’attarde surtout à déployer de la constance.

« On me reproche ça, mais j’ai démontré que je pouvais être constant en deuxième partie de saison et pendant les séries », a déclaré celui qui identifie son grand-père comme sa ressource la plus indispensable dans son cheminement.

Dirigé par Marc-André Dumont à son arrivée à Val-d’Or et ensuite par Mario Durocher, Aubé-Kubel ne présente pas de lacune majeure dans son jeu selon Marr qui a fini par céder à la tentation de le comparer à un joueur de la LNH.

« On ne veut pas trop étiqueter les joueurs, il aime dire qu’il se compare à Jeff Carter et que son joueur préféré est Jordan Eberle. Personnellement, il me fait plus penser à Eberle », a tranché Marr sans vouloir exagérer les attentes envers lui.

Avant d’aspirer à un tel statut, Aubé-Kubel réalise qu’il devra travailler sans répit. En quelque sorte, ce sera à lui de forer la mine dans laquelle une équipe de la LNH aura voulu s’aventurer pour trouver l’élément recherché.

« L’an prochain, plusieurs piliers de notre équipe ne seront pas de retour et ça reviendra aux plus jeunes comme moi de prendre la relève », a-t-il rappelé avant de dévoiler son plan à long terme.

« Étant donné que mes qualités sont basées sur mon patin et mon lancer, je pourrai camper différents rôles dans la LNH. Par exemple, je risque de commencer sur un quatrième trio et ensuite grimper dans un rôle plus offensif », a imaginé Aubé-Kubel.

Tout ce travail se poursuivra après le repêchage, de courtes vacances et probablement une visite chez son père – qu’il voit environ une fois par année - et plusieurs membres de sa famille qui sont demeurés à Slave Lake, une petite communauté qui avait été fortement touchée par un feu de forêt en 2011.