C’est extrêmement difficile d’écrire cette chronique en regardant défiler sous nos yeux les pénibles images provenant de Newtown, au Connecticut, lieu de la dernière folie meurtrière à souffler sur les États-Unis. Comment accorder la moindre importance aux « malheurs » de Gary Bettman, des propriétaires d’équipes, des joueurs de la Ligue nationale de hockey et de leur représentant Donald Fehr? Le monde entier est en état de choc présentement et il est extrêmement difficile de retenir ses larmes devant un tel non-sens. Le président américain a le mieux résumé ce que nous ressentons tous aujourd’hui : « Nos cœurs sont brisés! »

Depuis hier soir, j’avais l’intention de partager avec vous quelques réflexions sur l’avenir de la LNH et de la nécessité qu’elle apporte de grands changements à sa structure et à son personnel de direction, qu’elle se tourne vers des leaders plus souples, plus passionnés pour le sport du hockey, plus créatifs au niveau du marketing et qu’elle base enfin son plan d’affaires sur la protection et la promotion de ce qui fonctionne et non sur l’obsession de sauver ce qui ne fonctionne pas. Il est temps que les propriétaires plus jeunes et progressistes prennent le contrôle.

Une réflexion semblable s’impose de la part des joueurs, qui ont choisi un représentant et un conseiller de l’ancienne école, qui ne connaît que la confrontation pure et dure comme stratégie de négociation. N’y aurait-il pas lieu de songer à une personne capable de maximiser les retombées du principe du partage des revenus et du grand partenariat que les deux parties ont pourtant accepté en 2005?

Mais nous y reviendrons plus en détail en temps opportun. Je sais pertinemment que notre métier consiste à décrire et commenter le sport et de vous soumettre des pistes d’informations, de réflexions et d’opinions. Mais sincèrement, mes amis, le moment ne s’y prête pas vraiment, à l’heure actuelle.

Les grands changements sur lesquels nous devrions tous réfléchir, présentement, sont de bien plus haute importance. Il est essentiel de s’interroger, personnellement et collectivement, sur les façons de bâtir un monde qui rejette et condamne la violence et tout aussi important, sa promotion, qu’elle soit directe ou indirecte. Il faut tirer avec courage les tristes leçons que nous enseigne un acte aussi horrible. Il faut être capable de dire et promettre aux familles des victimes qu’un tel sacrifice ne sera pas vain.

La période des Fêtes apporte son lot de réjouissances et elle est aussi une merveilleuse occasion de partage, de rapprochements sur le plan humain. Mais elle peut être aussi extrêmement douloureuse pour plusieurs. Marc et moi avons vécu des moments très émouvants en allant rencontrer les enfants de Ste-Justine lundi dernier. D’autres collègues ont servi des repas à la Mission Old Brewery, à des gens qui trop souvent tombent dans l’oubli. Pour tous ceux-là ainsi que leur famille, l’approche de Noël n’a certainement pas la même signification et ils méritent que l’on pense à eux, à défaut de pouvoir leur apporter directement notre réconfort sur une base quotidienne. La même chose s’applique aux parents et amis de tous ceux qui sont tombés sous les balles du tireur fou, à l’école de Newtown. Il faut aussi prier pour que tous ceux qui ont survécu à la tuerie puissent retrouver un jour un certain équilibre, une certaine sérénité.