Beauchemin aime son nouveau rôle avec les Ducks
LNH jeudi, 7 mai 2020. 09:00 jeudi, 12 déc. 2024. 12:57MONTRÉAL – François Beauchemin n’a jamais été du style à se tourner les pouces. À preuve, l’ancien défenseur a donné un coup de main à son beau-père, un agriculteur, pour les semences de maïs pendant la pause imposée par la COVID-19. Son véritable travail consiste plutôt à encadrer les espoirs des Ducks d’Anaheim qui auraient tout intérêt à adopter son approche.
Peu de temps après la retraite, Beauchemin a accepté de se lancer dans cette aventure. D’abord courtisé pour ce rôle par le directeur général Bob Murray, il a fini par accepter la demande quand elle a été réitérée par Todd Marchant, le directeur du développement des joueurs.
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Désormais habitué à encadrer la relève du club californien, Beauchemin a dû ajuster ses tâches alors que le monde du hockey traverse une longue pause.
« Quand la saison a été suspendue, on a appelé les joueurs, on a discuté avec eux de ce qui se passait, à quoi ressemblerait le processus et on a abordé les petites choses à travailler. Présentement, ils peuvent en profiter pour s’entraîner musculairement. Pour des jeunes, c’est souvent l’étape incontournable d’augmenter la masse musculaire pour être prêt en vue des prochains camps d’entraînement », a expliqué Beauchemin qui a été à l’honneur dans l’émission Trajectoires la semaine dernière.
« Ce n’est pas toujours évident quand on en parle parce qu’on ne sait pas quand ça va recommencer, mais ils continuent de se préparer », a ajouté celui qui a disputé 903 matchs dans la LNH en faisant notamment trois séjours avec les Ducks.
La préparation n’est jamais optimale sans l’encadrement d’un préparateur physique à proximité – même si la technologie permet des merveilles – et ce n’est pas toujours évident de trouver l’équipement nécessaire. Beauchemin se fait toutefois rassurant à ce sujet.
« La plupart des joueurs sont bien équipés. Ça prend quelques poids à lever, mais maintenant, c’est tellement axé sur la rapidité que tu peux faire des sprints, des sauts en hauteur, tu n’as pas besoin d’avoir beaucoup d’équipement pour ça », a maintenu Beauchemin qui avait une charpente à faire rêver bien des espoirs.
Logiquement, le choix de troisième ronde du Canadien en 1998 a surtout hérité de l’encadrement des défenseurs. Puisqu’il tenait à revenir s’installer à Sorel, il collabore aussi au développement des espoirs québécois de l’organisation.
« C’est sûr que si je vois des choses du côté d’un attaquant, je vais l’aider. Ce n’est pas spécifique à ce point. On travaille en groupe », a relaté l’intervenant de 39 ans qui a été parmi les meilleurs défenseurs de sa cuvée avec les Andrei Markov, Robyn Regehr et Brad Stuart.
Terre à terre, Beauchemin est devenu un allié privilégié pour les espoirs - qui sont sélectionnés par le directeur du recrutement Martin Madden fils - et il juge avoir développé un lien spécial avec les Maxime Comtois, Antoine Morand, Benoit-Olivier Groulx et Simon Benoit.
« Je pense que oui, j’ai bien aimé travailler avec eux. Maxime jouait à Drummondville l’an dernier donc j’ai eu la chance d’aller le voir assez souvent. C’était facile à partir de la maison. J’ai suivi Groulx et Morand à la coupe Memorial à Halifax. Je les ai vus durant l’été au camp de développement et au camp des recrues. Ce sont de belles expériences autant pour eux que pour moi », a-t-il décrit.
Il fallait tout de même qu’il effectue une transition vers cette profession et elle est venue naturellement.
« Oui, ça s’est bien passé. Bob Murray et Todd me connaissent depuis longtemps et ils devaient savoir que je pourrais être en mesure de faire un encadrement comme celui-ci. Je n’ai pas hésité, j’ai bien aimé cette chance dès le début. Je pense que j’ai été capable d’aider les jeunes assez facilement », a-t-il reconnu.
Bien sûr, il peut s’appuyer sur son parcours pour les conseiller avec doigté. En plus d’avoir patienté dans la Ligue américaine pendant cinq saisons, il a été réclamé au ballottage, il a été échangé alors qu’il venait de signer un vrai premier contrat, il a signé comme joueur autonome avec les Maple Leafs et l’Avalanche du Colorado tout en étant rapatrié par les Ducks deux fois.
« Je les aide pour leur jeu sur la glace et à l’extérieur de la patinoire. Mais il y a également le côté mental. Parfois, les joueurs démoralisent et ils commencent à penser qu’ils ne jouent pas si bien quand leur rendement n’est pas mauvais. Tu essaies de relativiser les choses avec eux », a indiqué Beauchemin qui avait lui-même remis sa carrière en question avant d’accéder à la LNH pour de bon avec les Blue Jackets de Columbus. Dire que les Blue Jackets ont ensuite cru faire un bon coup en cédant Beauchemin aux Ducks quand ceux-ci ont voulu se départir du lucratif contrat de Sergei Fedorov.
Relève moins solide en défense?
L’analyse qui circule souvent à propos de la relève des Ducks, c’est qu’elle promet avec des joueurs tels Trevor Zegras, Comtois, Henry Thrun, Brayden Tracey et Josh Mahura. Certains observateurs considèrent cependant que la profondeur n’est pas vaste à la ligne bleue.
« Non, je trouve qu’on a un bon potentiel. On a de bons défenseurs qui progressent dans les universités américaines. On en a certains aussi à San Diego dans la Ligue américaine. J’aime bien notre noyau de joueurs présentement. On sent qu’ils vont cogner à la porte de la LNH bientôt. Thrun est à Harvard donc il va jouer universitaire encore une saison ou deux. On a aussi (Jackson) Lacombe à l’Université du Minnesota. Mahura est déjà à San Diego tout comme Simon Benoit », a exposé Beauchemin.
À propos de Benoit, il prétend qu’il sera en mesure de continuer de surprendre bien des gens.
« Absolument. Il a été rappelé quelques fois sans avoir joué avec les Ducks. C’est une question d’acquérir un peu d’expérience et de voir comment ça se déroule dans la LNH avant de pouvoir contribuer. Il est très discipliné et il est dans une forme physique incroyable. Il ne lui manque pas beaucoup d’éléments pour être en mesure de jouer. C’est certain que ça va arriver prochainement », a-t-il jugé.
Son rôle avec les Ducks le mène à travailler en collaboration avec Sylvain Lefebvre qui gère les défenseurs à San Diego en tant qu’entraîneur adjoint. Beauchemin saute sur la glace avec le club-école et il orchestre des séances vidéos avec Lefebvre pour les défenseurs.
Un peu comme une vigne, Beauchemin a dû progresser quelques années dans la Ligue américaine avant d’offrir un fruit de grande qualité. Le portait est différent aujourd’hui et il pourrait sans doute accéder à la fonction de son choix seulement en démontrant un intérêt. Justement, il n’est pas pressé du tout de vivre une autre étape alors qu’il peut être très présent auprès de ses trois enfants de 13, 11 et 7 ans.
Durant son parcours de joueur, c’est véritablement en tant que partenaire de Scott Niedermayer qu’il a exposé tout son arsenal. S’il ne semble pas nerveux à première vue, c’est savoureux de l’entendre raconter dans l’épisode de Trajectoires quand il a appris de la bouche de Niedermayer qu’il jouerait à ses côtés. Il en avait les genoux qui « claquaient ».
« C’est sûr que c’était gros. Je n’ai pas joué à mon arrivée avec les Ducks alors je m’attendais encore moins de me retrouver aussi vite avec un rôle sur le premier duo. C’est ce qui est arrivé et j’ai été quand même assez chanceux là-dessus », a convenu Beauchemin qui venait de récolter le fruit de ses efforts.
Plusieurs années plus tard, il se fait un devoir de redonner. Récemment, Marc-André Fleury, Anthony Beauvillier et Beauchemin ont effectué des dons significatifs au Centre d’action bénévole du Bas-Richelieu en lien avec la crise actuelle.
« Marc-André a proposé l’idée et on a embarqué tout de suite. On fait ce qu’on peut pour la région d’où on provient. La région de Sorel, ce n’est pas très grand. C’est spécial pour nous de redonner aux gens du coin », a-t-il conclu.