Gênant!
LNH dimanche, 19 janv. 2014. 14:02 dimanche, 15 déc. 2024. 13:41Cela devait être le clou d’une grande journée de célébration de notre sport national. D’un bout à l’autre du pays, la CBC avait encore une fois déployé ses meilleures ressources pour souligner cette grande histoire d’amour entre les Canadiens et le hockey. Et encore une fois, la Ligue nationale avait conçu son calendrier de façon accommodante, mettant en confrontation six équipes du Canada et offrant à la septième, un match contre l’une des six formations originales.
Les Sénateurs n’ont peut-être pas fait le poids contre les Rangers, en lever de rideau, mais les deux matchs qui ont suivi ont été à la hauteur. Les Jets de Winnipeg et les Oilers d’Edmonton se sont livré un excellent duel qui s’est soldé par une victoire des Jets, en tirs de barrage. Puis, le Canadien et les Leafs nous ont offert un très bon spectacle avec du jeu intense, rapide, viril mais sans débordement. Un match à la hauteur de son importance pour la situation des deux équipes au classement de la section Atlantique.
La voie était donc tracée pour les Flames de Calgary et les Canucks, qui assuraient le dernier acte à Vancouver. Pour ces derniers, il était essentiel de freiner cette horrible séquence de neuf matchs au cours de laquelle ils n’avaient remporté qu’une seule victoire. Pour les Flames, il y avait une belle opportunité de démontrer un peu de fierté devant le grand auditoire national, eux qui n’avaient inscrit que trois maigres victoires en 16 matchs.
Mais il aura fallu une incroyable erreur de jugement de l’un des deux entraîneurs et une réaction extrême, purement émotive de son rival, pour tout gâcher et pour ramener le hockey à sa dimension la plus pathétique, celle que l’on souhaite voir disparaître pour de bon mais qui malheureusement refait surface de temps à autres. Celle qui a fini par tuer, à une certaine époque, l’intérêt de plusieurs amateurs pour le hockey junior au Québec. Celle que la LNH refuse généralement (et étrangement!) de condamner de façon stricte, sévère et… dissuasive!
Pendant que le Centre Bell s’apprêtait à accueillir deux grands athlètes, deux VRAIS boxeurs qui maîtrisent tous les raffinements de leur sport et qui en connaissent toutes les dimensions, y compris celle de l’esprit sportif, le Rogers Arena était le théâtre de la triste prestation de joueurs marginaux, qui n’avaient même pas la décence minimale de vouloir procéder sérieusement à la mise en jeu initiale. Après le dépôt officiel de la rondelle, il fallait remplir la « mission » tout de suite, comme dans le « bon » vieux temps du junior ou de la Ligue Nord-Américaine.
Au lendemain de ce guignol, il y a quantité de gens importants et influents qui devraient faire un examen de conscience, se regarder dans le miroir, comme on dit souvent chez nous. Cela devrait commencer à New York, dans les bureaux de la Ligue nationale de hockey, là où on se pète les bretelles après la signature de contrats de télévision « historiques » mais où on fait l’autruche devant la quantité effarante de bons joueurs qui tombent au combat, là où on fait la sourde oreille quand des joueurs brillants et intelligents comme Dan Boyle racontent ce qu’est la vie d’un athlète souffrant de commotion.
Cela devrait se faire dans la salle de bains des propriétaires des deux équipes qui, en se faisant la barbe, devraient songer à exiger des explications à leurs « hommes de hockey », particulièrement chez ceux des Flames de Calgary qui offrent à leurs clients un produit de piètre qualité et à leurs partisans une équipe risible, dont tout le monde se moque.
Je respecte beaucoup Bob Hartley, que je connais personnellement et qui mérite beaucoup d’admiration pour son cheminement professionnel, depuis ses tous premiers balbutiements modestes à Hawksbury. C’est un homme intègre, qui a de belles valeurs morales sur le plan personnel. Il est généreux de son temps et de sa personne. Il est loyal, aussi. Et c’est peut-être ce qui l’a fait dérailler samedi soir. Depuis le départ de son ancien patron et très grand ami, Jay Feaster, il se retrouve sous les ordres de Brian Burke, un apôtre avoué de la violence au hockey, qui en est à un cinquième emploi en carrière. Avait-il reçu la « commande » de son patron? Voulait-il lui rappeler qu’il est encore capable de coacher de la sorte? Dans un cas comme dans l’autre, c’est lui qui se retrouve avec le bonnet d’âne aujourd’hui!
John Tortorella, quant à lui, a offert ses excuses publiquement après la rencontre, mais ce n’est pas suffisant. Loin de là. Il est entièrement responsable de ses décisions et de sa conduite burlesque au premier entracte. Et même si c’est son rival qui a présenté sa formation de départ en premier, il n’y avait aucune loi écrite l’obligeant à répliquer de la même façon. A-t-il eu la bénédiction de son patron Mike Gillis? Si c’est le cas, ce dernier doit aussi assumer une partie du blâme.
Un mot aussi sur les arbitres. Dave Jackson faisait partie du duo d’officiels à Vancouver. L’autre était Kyle Rehman, beaucoup moins expérimenté. Jackson est un bon vétéran qui en a vu d’autres et en recevant les formations de départ, il savait très bien ce qui se tramait. Avait-il les moyens de prévenir le débordement ? Non, selon notre estimé collègue Stéphane Auger, ancien arbitre lui-même. Les officiels ont un pouvoir d’intervention devant des faits mais ils n’ont pas celui du procès d’intention. On peut très bien savoir que la situation va dégénérer, par expérience et par évidence, mais on ne peut le présumer et intervenir sur la présomption, comme telle. Je vous invite d’ailleurs à lire la chronique de Stéphane à ce sujet sur le RDS.ca. Notons en terminant qu’au moment d’écrire ces lignes, on ne sait toujours pas si la LNH va sévir et le cas échéant, comment elle le fera.
À quelques semaines des Jeux de Sotchi, où les meilleurs hockeyeurs de la planète nous offriront un merveilleux échantillon de leur formidable talent, à la fin d’une grande journée où le Canada clamait haut et fort son amour et sa passion pour ce si beau sport qu’est le hockey, il y eut un accroc.
Un accroc sérieux, majeur, inopportun.
Un accroc gênant pour la LNH et pour les deux équipes.