Kadri marque, l’Avalanche gagne et Cooper largue une bombe
Coupe Stanley jeudi, 23 juin 2022. 07:17 vendredi, 13 déc. 2024. 13:25TAMPA – L’histoire pourrait être belle. De fait, elle devrait l’être. Surtout pour les partisans de l’Avalanche du Colorado.
Car après avoir passé 18 jours sur la touche en raison d’une blessure au pouce gauche subie après qu’il eut été frappé illégalement par derrière lors du troisième match de la finale de l’Ouest, après avoir convaincu son entraîneur-chef Jared Bednar qu’il pouvait contribuer aux succès de son équipe même s’il était clairement incapable de décocher de tir avec puissance et précision, Nazem Kadri a salué son retour au jeu en marquant le but de la victoire à 12 : 02 de la première période de prolongation.
Kadri a scellé l’issue du match après que ses coéquipiers Devon Toews et Bowen Byram eurent frappé la barre transversale et un poteau. Après qu’Andreï Vasilevskiy eut réalisé 10 arrêts, dont des vols aux dépens de Logan O’Connor et Josh Manson, pour garder le Lightning dans le coup même s’il était totalement dominé en prolongation.
Le fait que ce soit un joueur au pouce meurtri et probablement anesthésié pour endiguer la douleur, un joueur incapable de tirer avec la puissance et la précision qui le caractérise qui finit par déjouer le meilleur gardien au monde donne plus de couleurs encore à cette belle histoire.
Surtout que ce gain de 3-2 offert par Kadri propulse l’Avalanche du Colorado et leurs partisans à une victoire d’une conquête de la coupe Stanley. Conquête qu’ils pourraient célébrer, dès vendredi, au Ball Arena de Denver.
Trop de joueurs sur la patinoire
C’est là que la belle histoire perd de sa couleur. Du moins selon le Lightning qui se retrouve dans une position très précaire. Acculé au pied du mur, les « Bolts » doivent signer trois victoires consécutives, dont deux en altitude, à Denver, pour renverser la vapeur et trouver une manière de remporter un troisième championnat consécutif.
Le défi est colossal. Il est presque insurmontable.
Il était donc normal de voir l’entraîneur-chef Jon Cooper se présenter devant les journalistes, la tête basse, le visage sombre, un brin découragé.
Cooper n’a pas vraiment écouté la première question. Il était distrait. Il semblait défait.
Après avoir balbutié quelques mots sur le fort début de match de son équipe d’une manière totalement indifférente, l’entraîneur-chef du Lightning a lancé un cri du cœur.
Il n’a pas crié. Ça non! Loin de là même. Mais d’une voix éteinte par la déception, Jon Cooper a lancé : « Cette défaite fait très mal. J’ai le cœur brisé pour mes joueurs, car nous devrions toujours être sur la patinoire en ce moment. »
Sans donner plus de précision sur ce qui lui permettait d’y aller d’une telle prétention, Cooper a indiqué qu’il ferait le point jeudi, avant le départ du Lightning vers Denver. Il s’est ensuite levé et a quitté la salle d’entrevue.
Mais de quoi Cooper parlait-il?
En regardant les reprises sur les séquences qui ont précédé le but gagnant, on remarque la possibilité que Bowen Byram ait touché à la rondelle au-dessus de la limite permise. Mais ce n’est pas évident.
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Plus loin sur la séquence, on remarque la présence de six patineurs de l’Avalanche sur la patinoire. En regardant plusieurs fois les reprises, il devient vite évident que Nazem Kadri saute sur la patinoire bien avant que Nathan MacKinnon dont il est venu en relève ne soit de retour ne serait-ce que près du banc. Quand Kadri reçoit la belle passe relayée par Artturi Lehkonen au centre de la patinoire et qu’il bifurque sur sa gauche pour foncer en zone ennemie, MacKinnon n’est toujours pas au banc.
L’infraction n’a pas été signalée. Kadri a marqué. L’Avalanche a gagné.
Sur le premier sommaire officiel publié par la LNH, on remarque la présence de sept membres de l’Avalanche dans la section réservée aux joueurs sur la patinoire au moment du but. On y voit les numéros de Bowen Byram, Erik Johnson, Valeri Nichushkin, Josh Manson, Artturi Lehkonen, Nazem Kadri et celui du gardien Darcy Kuemper.
Aucune trace de Nathan MacKinnon qui était pourtant sur la glace.
Dans un deuxième sommaire officiel publié une vingtaine de minutes après la première version, la LNH a effectué une correction et a effacé le numéro de Jack Johnson.
Infraction réelle ou cours normal du jeu?
Jon Cooper a-t-il eu raison de lancer une telle bombe dans ses commentaires d’après-match? Une bombe qui remet en cause non seulement la victoire de l’Avalanche, mais l’intégrité de la Ligue dans l’application des règlements?
Dans un sens, oui. Car il est clair que Kadri, lorsqu’il touche à la rondelle, n’aurait jamais dû avoir la chance de se rendre au filet défendu par Andreï Vasilevskiy puisque les arbitres auraient dû siffler un arrêt de jeu et imposer une pénalité à l’Avalanche.
D’un autre côté, ce genre de changement « illégal » est devenu commun dans le cadre des matchs de la LNH. Le jeu est tellement rapide dans le hockey d’aujourd’hui que les équipes se retrouvent régulièrement avec un, des fois deux et parfois même trois joueurs de trop sur la patinoire pendant une seconde, ou deux ou trois.
Et il ne faut pas oublier non plus que les règles stipulent qu’un joueur qui est à une distance de bâton de son banc – s’il n’est pas impliqué dans le jeu bien sûr – n’est pas considéré de trop sur la patinoire puisqu’il est dans le processus de rejoindre ses coéquipiers pour s’offrir un repos.
L’ennui dans le cas du but gagnant de mercredi, c’est que Nazem Kadri est clairement dans l’action alors que l’Avalanche compte sur la présence de six patineurs et de son gardien sur la patinoire.
Questionné sur la possibilité que son but ne soit pas bon selon les prétentions de Jon Cooper, Nazem Kadri a semblé complètement pris au dépourvu. « Je ne vois absolument pas à quoi il fait référence. Ce but était bon », que le héros de l’Avalanche m’a répondu après le match.
Son entraîneur-chef Jared Bednar était tout aussi surpris.
« Initialement, je n’ai pas vu la rondelle entrer. Mais j’ai vu Nazem effectuer un très bon jeu pour couper au filet et décocher un tir qui a surpris Vasilevskiy. Darcy (Kuemper) a eu une belle présence d’esprit pour lancer la rondelle vers l’avant alors que les deux équipes effectuaient des changements. Artturi (Lehkonen) a effectué une belle passe et Nazem a effectué le genre de jeu qu’il est en mesure de faire. Ça faisait quelques jours qu’il indiquait se sentir prêt à revenir. Je l’ai rencontré, car je voulais être certain qu’il ne revienne pas simplement pour revenir, mais qu’il revienne pour performer. Il en a fait la preuve sur ce jeu », que l’entraîneur-chef de l’Avalanche a indiqué.
Le Lightning à bout de souffle
Les doléances de Jon Cooper, aussi justifiées aux yeux des uns et aussi injustifiées et exagérées aux yeux des autres, ne changeront rien au score final de mercredi soir.
Au mieux, Cooper et le Lightning recevront des excuses de la LNH si les dirigeants reconnaissent qu’il y avait bel et bien un joueur de trop sur la patinoire pour l’Avalanche.
Cela dit, quand on regarde le déroulement de la prolongation, le Lightning était tellement dominé, tellement débordé, tellement incapable de composer avec le rythme imposé par l’Avalanche qu’il semblait évident que le Colorado allait finir par l’emporter.
Mais bon! Ça n’empêche pas Cooper, ses patrons, ses joueurs et leurs partisans de croire qu’une attaque massive, accordée en prolongation, aurait pu permettre au Lightning de renverser la valeur en prolongation. De gagner le match et de niveler les chances dans la série finale au lieu de se retrouver à un revers d’une élimination.
Une élimination qui semble maintenant imminente.
Pas question de prétendre que les doubles champions baisseront les bras. Mais il est évident que le Lightning tire de la patte. Il semble à bout de souffle alors que son adversaire semble clairement profiter d’un deuxième souffle qui rend le duel un brin inégal.
En plus, Nikita Kucherov semble vraiment amoindri par une blessure. Il peinait à patiner mercredi. Il a été pratiquement invisible. Et lors des rares fois qu’il a touché à la rondelle, il a tenté des passes rapides comme s’il ne voulait pas garder possession du disque. Il a tenté quatre tirs, deux seulement ont atteint la cible.
Brayden Point a raté un deuxième match de suite. Et s’il revient, il ne sera clairement pas au sommet de sa forme.
Erik Cernak n’a effectué que 11 présences mercredi soir. Atteint à une jambe par un puissant tir frappé de Nathan MacKinnon, pendant une attaque massive des « Avs », il n’a pas joué du reste du match.
Auteur du premier but de la rencontre, un but marqué dès la 36e seconde de jeu alors que le Lightning a servi à l’Avalanche le genre de début de match que le Colorado réserve normalement à ses adversaires, Anthony Cirelli a été blessé à un bras ou une épaule en plus de subir les contrecoups d’un tir bloqué.
Le capitaine Steven Stamkos a aussi souffert à deux occasions en bloquant des tirs de l’Avalanche.
Le genre de sacrifices nécessaires pour gagner. Des sacrifices qui encaissent plus facilement dans la victoire. Des sacrifices qui minent le moral et diminuent les ardeurs quand l’équipe perd.
Surtout en prolongation comme c’est maintenant arrivé deux fois en quatre rencontres disputées depuis le début de la grande finale.
Les joueurs du Lightning ont bloqué 34 des 90 tirs décochés par l’Avalanche en trois périodes et demie mercredi. Ce travail impeccable en défensive a compliqué la cause des attaquants de l’Avalanche qui ont malgré tout été capables de combler deux fois des retards d’un but – Nathan MacKinnon a marqué son 12e des séries lors d’une attaque massive en période médiane et Andrew Cogliano (3e) en début de troisième – avant que Nazem Kadri n’enfile son septième but des séries.
« J’avais hâte de rejoindre mes coéquipiers, de prendre part au grand party qu’est la finale de la coupe Stanley. Je suis très heureux d’avoir pu le faire ce soir », que Kadri a témoigné en ajoutant que le plus dur restait à venir, puisque la quatrième victoire dans une série quatre de sept est toujours la plus difficile à aller chercher.
On verra si tel sera le cas dès vendredi alors que l’Avalanche et le Lightning se recroiseront au Ball Arena à Denver. Peut-être pour une dernière fois.