La saison n'est vieille que de deux matchs, mais déjà on peut percevoir l'impact que peut avoir un développement adéquat des jeunes espoirs d'une organisation pour le moment présent et pour les saisons subséquentes. Depuis l'instauration d'un plafond salarial dans la LNH, cet impact est encore plus frappant.

Une équipe ne peut plus se permettre de prendre à la légère les aspects encadrant les joueurs repêchés par la formation. Si autrefois on retrouvait à certaines positions spécifiques des « amis de la famille », aujourd'hui les directeurs du développement des joueurs et les entraîneurs des clubs-écoles se doivent d'être surtout et avant tout compétents et, bien sûr, assez près de la direction de l'équipe afin d'assurer la transmission d'un message unique à toutes les étapes du cheminement de l'athlète.

Le seul moyen, en 2013, de bâtir année après année une équipe compétitive est d'amener, en remplacement de vétérans grassement payés qui quittent pour une nouvelle adresse, des jeunes bourrés de talent, mais primordialement prêts à faire face aux dures rigueurs de la saison régulière de la meilleure ligue de hockey au monde. Ces étoiles montantes assurent à la direction un contrôle de la masse salariale et donnent aux directeurs généraux des équipes les plus riches la marge de manoeuvre suffisante pour que les plus audacieux, et ceux qui croient aux chances de leur groupe, puissent compléter leurs emplettes à l'approche du dernier droit. Plus tôt ces espoirs sont prêts à sauter dans la mêlée, plus longtemps ils seront utilisés pendant leur contrat d'entrée, plus abordable.

Les équipes qui ont le mieux manoeuvré avec cette façon de faire sont aussi celles qui ont connu le plus de succès récemment. Les Blackhawks de Chicago ont eux-mêmes vu grandir les Toews, Kane, Seabrook, Crawford et Keith, mais ils ont goûté aux grands honneurs lorsque des gars comme Saad, Leddy (repêché par le Wild) ou Shaw ont été aptes à prendre plus de responsabilités au sein d'un alignement déjà bien garni dans la Ville des vents. C'est en sorte grâce à ces promotions hâtives s'ils ont été capables de se remettre du départ des Ladd, Byfuglien, Niemi et Versteeg, pour ne nommer que ceux-là, à la suite de la conquête de la coupe Stanley de 2010. C'est également grâce à la place que ces recrues se sont forgées dès le départ, ou dans un court laps de temps, que Stan Bowman a eu l'espace requis sous le plafond salarial pour retenir Bryan Bickell ou encore faire l'acquisition d'un vétéran comme Michal Handzus pour solidifier la position de centre du troisième trio la saison dernière en route vers un deuxième championnat en quatre ans. Et les Hawks, bien que le plus probant d'entre tous, ne sont qu'un exemple des succès possibles par l'arrivée inattendue de jeunes joueurs, soit dans la formation, soit à un niveau de responsabilité assez élevé pour être admissible à l'imputabilité qui caractérise les meilleures équipes.

Avec l'éclosion annoncée, voire amorcée, des Tinordi, Gallagher et Galchenyuk, avec la progression attendue des Eller, Pacioretty et Subban, le personnel d'entraîneurs du Tricolore pourrait possiblement cette saison compter sur une profondeur intéressante et un équilibre recherché. D'ailleurs, Michel Therrien a déjà commencé, après deux petites rencontres, à parler d'une compétition interne saine, phénomène inexistant chez la Sainte-Flanelle depuis plusieurs saisons. La confrontation choisie du trio d’Eller face à celui de Lecavalier contre les Flyers en témoigne déjà d'ailleurs.

Il semble clair que, sans tambour ni trompette, un des meilleurs coups de Marc Bergevin depuis son arrivée à la barre des Canadiens est probablement la restructuration du département du développement des joueurs. Ce tentacule de l'organigramme était d'ailleurs au travail le week-end dernier au Saguenay afin de scruter les performances d'un Charles Hudon qui se cherche en ce début de campagne pour les Saguenéens, on veut donc l'encadrer efficacement.

En mettant en place un mélange d'anciens de l'organisation, de gens d'expérience et un groupe capable de travailler en collégialité, le directeur général semble avoir frappé dans mille.