MONTRÉAL – À l’image de son pays pacifique, le Suisse Mark Streit exerce une influence positive son entourage et rien ne laisse croire que ses efforts diplomatiques approchent de la fin pour le défenseur de 37 ans des Flyers de Philadelphie.

Au sein d’une équipe reconnue pour son identité robuste, Streit vaut son pesant d’or pour son calme et son expérience. Vivant sa première saison dans la LNH, le Français Pierre-Édouard Bellemare peut comparer l’approche du défenseur gaucher avec les autres meneurs de l’organisation.

« Il ne va jamais crier ou même lever la voix pour démontrer qu’il est en colère. Par contre, il va utiliser les bons mots et tout le monde se la ferme et comprend sans tarder. J’ai beaucoup de respect pour les personnes qui peuvent avoir de l’influence sans gueuler », a décrit celui qui a atteint la LNH à 29 ans tandis que Streit y était parvenu à 27 ans. Wayne Simmonds et Mark Streit

Ce n’est donc pas étonnant d’apprendre que l’ancien du Canadien de Montréal s’assure d’accueillir les nouveaux visages.

« C’est le premier joueur qui a été abordable pour moi quand je suis arrivé aux États-Unis. Il a été si facile à approcher, c’est tellement un bon joueur d’équipe. Il met le cœur et la passion dans ce qu’il fait au quotidien. C’est définitivement l’un des joueurs les plus importants de notre équipe », a jugé Bellemare.

Posé et respectueux, Streit déploie avant tout ses forces sur la patinoire. Ses atouts lui permettent de se classer au 10e rang parmi tous les défenseurs du circuit Bettman au niveau des points avec 36 en 53 matchs. Il fait donc la barbe à plusieurs défenseurs plus jeunes que lui, mais, en tant que fier représentant de la Suisse, il se réjouit d’être devancé par son compatriote Roman Josi.

Si l’humilité devait se trouver un visage pour personnifier sa définition, Streit serait certainement un candidat de choix et il refuse de s’inclure dans l’élite de sa profession.

« En grandissant, j’ai admiré des joueurs comme (Nicklas) Lidstrom et (Chris Chelios). Présentement, c’est impressionnant de voir tous les jeunes talentueux et c’est un changement par rapport à autrefois. Présentement, le hockey est fabuleux avec les habiletés exceptionnelles des joueurs et ça rend le tout plus agréable pour les partisans », a commenté Streit en vantant les gros canons de la Ligue nationale.

« Le rôle des défenseurs a changé, c’est plus difficile techniquement. On doit créer plus d’attaque et j’adore les joueurs qui peuvent y parvenir », a poursuivi celui qui note toujours les exploits des autres malgré sa récolte de 368 points en 626 matchs (moyenne de 0,59 point par partie).

À sa première saison avec les Flyers, en 2013-14, Streit n’avait pas démontré toute la précision de son répertoire, mais il est parvenu à se rapprocher du sommet de ses capacités depuis le lancement de la campagne actuelle.

Son temps d’utilisation a grimpé de 1 :35 par match (moyenne de 22 :14) et il donne raison à entraîneur Craig Berube puisqu’il n’est devancé que par Jakub Voracek et Claude Giroux pour les points récoltés.

« Même à son âge - et je ne veux pas dire qu’il est vieux ! - il patine de superbe façon et il utilise bien sa grande expérience. Il demeure toujours très calme sur la patinoire et ça aide tous ceux qui l’entourent. La meilleure façon de le décrire, c’est de dire qu’il est un défenseur intelligent. J’apprécie jouer avec lui et il a été très bon pour nous », a relevé Jakub Voracek.

Streit voudrait bien se réjouir de cette réussite à sa neuvième saison dans la Ligue nationale.

« C’est le résultat collectif qui compte. En début de saison, on manquait de constance et c’était un grand problème pour notre équipe. On a retrouvé notre aplomb depuis trois semaines et on s’encourage du fait qui reste près 29 matchs à jouer », a répondu le gentilhomme originaire de Berne.

Avec en banque un contrat valide pour deux autres saisons après celle-ci, Streit (5 pieds 11 pouces et 191 livres) ne s’imagine pas s’arrêter après cette entente à condition que la santé tienne le coup.

Déjà rendu à sa neuvième saison, s’il poursuit au-delà de son pacte actuel, il pourrait dépasser le plateau des 800 matchs dans la LNH ce qui ne serait pas banal pour un athlète qui y a fait le saut tant sur le tard. Mark Streit

« C’était un rêve pour moi d’y accéder, mais j’y suis parvenu plus vieux que la normale. Je me souviens encore de mon premier match à Toronto (en octobre 2005) et maintenant j’ai dépassé le plateau des 600 parties. Pour moi, c’est déjà une carrière incroyable spécialement venant de la Suisse d’où peu de joueurs proviennent. Avant, on voyait surtout des gardiens percer en Amérique du Nord et j’ai déjà accompli bien plus que je ne l’aurais imaginé », a confié Streit qui ne s’est pas fixé d’objectifs précis à atteindre en raison de son parcours atypique.

En excluant Mark Hardy, qui a grandi à Montréal, Streit détiendrait déjà le record pour le plus grand nombre de points inscrits par un hockeyeur suisse. Il le devancera officiellement quand il aura ajouté 37 points à son palmarès.

Débordant de modestie, c’est sur le bout des lèvres que le mot pionnier finit par sortir de la bouche de Streit, un choix de neuvième ronde en 2004.

« J’ai été un peu un pionnier pour le hockey suisse avec David Aebischer et Martin Gerber. C’est spécial aussi de voir ce qui est survenu à Montréal après moi avec Yannick Weber, Raphael Diaz et maintenant Sven Andrighetto. Si j’ai pu aider le hockey suisse, c’est un grand honneur pour moi. Je considère que beaucoup de progrès ont été accomplis depuis une dizaine d’années, mais j’espère que plusieurs autres joueurs pourront emboîter le pas », a conclu Streit qui aura été une trouvaille du Canadien plus précieuse que le plus exquis des chocolats suisses.