LAS VEGAS – Jonathan Marchessault et ses coéquipiers du premier trio devaient donner le ton à l’attaque. Nate Schmidt et Brayden McNabb devaient les imiter en défensive. Et bien sûr, Marc-André Fleury devait multiplier les gros arrêts, voire voler quelques buts aux Capitals, afin de permettre au Golden Knights de gagner leur tout premier match en finale de la Coupe Stanley.

Les Knights ont gagné. Personne ne peut leur enlever la victoire qui les rapproche à trois gains de la coupe Stanley. Mais le plan qu’ils devaient suivre pour y arriver a vite pris le bord.

« Disons que le plan n’était pas de leur donner quatre buts. En fait, je leur en ai donné juste trois, parce que le quatrième, c’est moi qui l’ai mis dedans », a lancé le gardien Marc-André Fleury qui pouvait se consoler après une sortie difficile d’avoir signé une victoire qui le rapproche de sa troisième coupe Stanley consécutive, d’une quatrième conquête en carrière.

Après avoir blanchi les Kings de Los Angeles (30 arrêts) et les Sharks de San Jose (33 arrêts) lors des premières rencontres des deux premières rondes amorcées au T-Mobile Arena, Fleury a donc accordé quatre buts sur 28 tirs dans une victoire de 6-4.

Il a vu ses poteaux l’aider à deux reprises sur des tirs de John Carlson qui l’avait complètement déjoué. Avec quelques secondes à faire au match, alors que les Caps mettaient de la grosse pression pour niveler les chances après qu’ils eurent rappelé Braden Holtby au banc, Fleury a une fois encore joué de chance lorsque son défenseur Deryk Engelland a fait perdre la rondelle à Lars Eller qui allait marquer dans une cage déserte.

« J’ai juste eu le temps de me dire "hiiii" lorsque j’ai réalisé ce qui arrivait et "hooo" lorsque mon défenseur a donné le coup de bâton qui m’a sauvé. Deux émotions opposées qui se sont succédé très rapidement », a admis Fleury qui s’attend à un match bien plus serré mercredi alors que ses Knights et les Capitals se croiseront à nouveau.

« Flower a été notre roc cette saison et depuis le début des séries. Quand les Capitals ont marqué leur quatrième but, il était clair sur le banc que nous n’allions pas l’abandonner », a insisté Nate Schmidt après la rencontre. Un Nate Schmidt qui, à l’image de son gardien, n’a pas joué à la hauteur de ses performances habituelles. On l’a même vu sur les talons à quelques reprises lui qui est portant si solide sur ses patins normalement.

Un signe que la LNH a prolongé indûment la pause entre la fin des finales d’associations et la grande finale?

Reaves-Nosek-Bellemare

Le refus d’abandonner décrit par Schmidt s’est bel et bien produit.

Après avoir vu leur gardien pousser la rondelle que venait de dévier habilement Tom Wilson dans le fond de son filet pour lancer les Caps en avant 4-3 en tout début de troisième période, les Knights ont créé l’égalité 91 secondes plus tard.

Ils ont ensuite pris l’avance à mi-chemin du dernier tiers pour ensuite confirmer leur victoire avec un but dans un filet désert avec trois secondes à faire au match.

Contrairement à ce qu’on pouvait s’attendre, ces trois buts qui ont propulsé les Knights vers la victoire en troisième et surtout prolongé des festivités qui déferlent sur Las Vegas depuis des semaines déjà, ne sont pas venus des lames des bâtons de Jonathan Marchessault, William Karlsson, Rilley Smith, James Neal ou David Perron.

Que non!

Ces trois buts sont venus du quatrième trio. Le premier marqué par Ryan Reaves. Les deux autres par Tomas Nosek. Il ne faut pas oublier la contribution de Pierre-Édouard Bellemare qui, malgré le fait qu’il n’ait pas récolté le moindre point, a terminé le match avec un différentiel de plus-3 – le plus élevé des deux équipes – en plus d’avoir gagné six des dix mises en jeu qu’il a disputées.

Au-delà les trois buts à leur actif, les membres du quatrième trio ont dominé chacune des présences (18) qu’ils ont effectuées ensemble. Ils ont éclipsé le quatrième trio des Capitals et eu le dessus contre tous les autres qu’ils ont croisé en cours de match.

« Nous avons connu un "shift" au cours duquel nous avons passé du temps en zone défensive, mais pour le reste, tu as raison, nous avons été solides. C’est vraiment plaisant de voir le palet entrer dans le but adverse et de contribuer offensivement aux succès de l’équipe. Je suis vraiment content pour mes compagnons de jeu qui voient leurs efforts récompensés. On travaille fort. On garde notre jeu simple. On ne marque pas souvent. Alors quand ça passe, on est content », a convenu Bellemare après la rencontre.

De l’autre côté du vestiaire des Knights, Reaves a souri lorsqu’un collègue lui a demandé s’il considérait avoir disputé un match parfait et surtout qu’est-ce qui l’avait poussé à disputer une aussi forte rencontre.

« Si la coupe Stanley n’arrive pas à te faire sortir le meilleur de toi même, rien n’y arrivera. Nous n’avons pas disputé notre meilleur match sur le plan collectif et avons accordé bien trop de chances aux Caps qui ont marqué trop de buts. Mais le fait de revenir comme nous l’avons fait démontre que rien ne nous affecte dans le cours d’un match. Nous croyons en nous. Nous croyons en nos chances de gagner tous les soirs », a lancé le robuste ailier acquis par les Knights à la date limite des transactions.

Reaves a étiré au maximum la tolérance des officiels sur le but qui lui a permis de créer l’égalité en début de troisième période. Pour s’offrir l’espace qui lui a permis de saisir la rondelle et de marquer, il s’est permis un double-échec qui aurait facilement pu l’envoyer vite fait au cachot pour deux minutes plutôt que de jouer les héros.

Mais les arbitres n’ont pas sévi.

Marchessault torpillé par Wilson

Les arbitres ont bien failli fermer les yeux également sur une mise en échec aussi dangereuse qu’illégale de Tom Wilson aux dépens de Jonathan Marchessault.

Wilson, qui a écopé une suspension de trois matchs en deuxième ronde, pour une mise en échec à la tête assénée à Zach Aston-Reese des Penguins de Pittsburgh.

La frappe de Wilson aux dépens de Marchessault a été moins virulente que celle aux dépens d’Aston-Reese. C’est un fait. Mais contrairement au joueur des Penguins qu’il avait frappé de face alors que les deux hommes s’étaient préparés à l’impact, Wilson a frappé Marchessault par-derrière et une bonne seconde, peut-être deux, après qu’il eut effectué une passe.

« J’ai eu le souffle coupé et j’ai dû me rendre à la chambre de repos pour subir le protocole visant à déterminer si j’avais subi une commotion », a convenu Marchessault qui est ensuite revenu terminer le match.

« Je n’ai pas subi de commotions. Je ne me rappelle pas de toutes les questions posées, mais je peux vous dire qu’elles étaient plates. Pour ce qui est de la mise en échec, vous l’avez vue : elle était tardive et par derrière. J’espère que la Ligue prendra les mesures nécessaires », a simplement indiqué Marchessault.

« Ce coup n’était pas nécessaire. C’est tout ce que je vais dire sur ça », a ajouté Pierre-Édouard Bellemare dans un vestiaire des Knights où les condamnations à l’endroit de Wilson étaient sans appel.

« Il est toujours à cheval sur la légalité. C’est ce qui l’a amené à la LNH et peut-être croit-il que c’est ce qui le gardera ici même s’il se place dans des situations difficiles en jouant comme il le fait », a indiqué Nate Schmidt qui, jusque l’an dernier, était coéquipier de Wilson à Washington.

« Cette mise en échec et le retour au jeu de Jonathan ont été des sources de motivation pour nous. On a marqué deux fois en réplique à ce coup asséné à notre meilleur joueur et quand on l’a vu revenir, sa présence a soulevé tout le banc parce que nous ne voulions pas perdre notre meilleur attaquant sur un jeu du genre », a ajouté Schmidt.

S’il a évité le pire lorsque Tom Wilson l’a torpillé au centre de la glace, Jonathan Marchessault assure que lui et les membres de son trio ont aussi évité le pire sur la patinoire.

« Oui on a marqué deux buts, mais défensivement nous avons été pris sur deux de leurs buts et nous avons donné bien trop d’occasions de marquer. Nous n’avons pas été assez bons défensivement ce soir. Spécialement notre trio. Il faudra être meilleurs lors du prochain match et nous le serons », a renchéri Marchessault qui a récolté une passe – sa 11e des séries, son 19e point – alors que William Karlsson a marqué son septième but (14e point) et que Reilly Smith a marqué son troisième but et récolté sa 15e passe en 16 matchs éliminatoires.

Les deux équipes ont échangé l’avance cinq fois lors du premier match. Les Knights ont marqué les premiers. Les Caps ont ensuite pris les devants 2-1. Vegas a pris les devants 3-2 en deuxième avant que Washington nivelle en fin de période médiane pour prendre les devants 4-3 dès le début du troisième tiers avant que les Knights ne renversent la situation une dernière fois.

« C’est le genre de match que tu n’aimes pas comme entraîneur. Je me console avec la victoire, car en fin de compte c’est ce qui compte, mais je ne suis pas heureux de la façon dont nous avons joué et je suis convaincu que Barry (Trotz) ne l’est pas plus que moi », a conclu Gerard Gallant.

Barry Trotz a bien des raisons de ne pas être satisfait du niveau de jeu offert par son équipe. La plus importante : l’absence presque complète de son as Alexander Ovechkin qui a été très discret lors de la première rencontre.

Bien trop pour la machine à marquer qui a été limitée à deux tirs anodins alors qu’il devait profiter de la finale de la coupe pour prendre les choses en mains. Ovechkin a récolté une passe sur le but de Wilson en début de troisième période. Mais dans l’ensemble, le premier trio des Caps a été nettement moins bon que le deuxième piloté par Nicklas Backstrom et complété par T.J. Oshie et Jakub Vrana.

Ambiance sensationnelle

Si le premier match a été enlevant bien plus par le nombre de buts marqués et d’avances échangées que par la qualité du hockey offert par les deux clubs, il en va tout autrement pour la qualité du spectacle offert par les Golden Knights pour appuyer le spectacle offert par les joueurs.

La présentation d’avant-match a été fidèle à ce que les Knights ont proposé depuis le début de la saison et des séries. La direction de l’équipe a aussi fait appel à Michael Buffer qui est venu lancer les hostilités avec son « Let’s Get Ready to Rumble... » qui l’a rendu célèbre et plusieurs fois millionnaire.

Après avoir présenté les joueurs des deux équipes comme s’ils étaient des boxeurs prêts à se croiser dans le cadre du « main event » de la soirée – la grande finale est quand même le point culminant de la saison – Buffer a terminé sa présentation en lançant une question aux amateurs de hockey de Vegas.

« What time is it » que Buffer a lancé.

« It’s Knights time », que la foule a répondu.

Et c’est vraiment le temps des Knights à Las Vegas qui vibre au rythme de son équipe de hockey. Une équipe qui a pris le contrôle de la ville tout autant que les amateurs de roulettes, de dés, de cartes et de jeux de hasard.

Une équipe qui joue avec l’argent du Casino depuis le tout début de la saison.

Une équipe qui est sur le point de faire sauter la caisse alors qu’elle n’est plus qu’à trois victoires de la coupe Stanley.

Comme quoi il est vrai que tout peut vraiment arriver à Vegas!

« J'essaie de ne pas m'en faire avec les buts »
« Il faut juste en arrêter une de plus que l'autre »