Coronavirus oblige, la LNH a décidé de reporter le repêchage 2020 à une date et à un lieu qui seront précisés ultérieurement. Alors, le plaisir qu’on aurait eu à regarder les transactions le mois prochain s’est envolé.

Or, ce délai ne jouera peut-être pas entièrement en faveur des décideurs. La dernière saison a été écourtée, et certains joueurs n’ont pas nécessairement pu démontrer tout leur talent et leur caractère.

Cela dit, il faut réaliser qu’effectuer de bons choix à cette occasion relève souvent du pari. Toutes les équipes doivent prendre des décisions en fonction d’un certain nombre d’éléments comme les statistiques du jeune, ses capacités physiques, ses habiletés avec la rondelle, sa vitesse d’exécution et une foule d’autres détails. Parmi ceux-ci, il y en a un qui ne devrait jamais être négligé : le volet psychologique.

Au-delà des questions de maturité, de persévérance ou de résilience, qui sont des facteurs souvent difficiles à évaluer, les équipes devraient également tenir compte de la personnalité des joueurs.

En terminant mes études en psychologie du sport, j’ai eu le plaisir de travailler avec la docteure Cristina Versari de l’Université de San Diego. Elle occupe aujourd’hui le poste de directrice du programme de psychologie du sport dans cette université. La docteure Versari est née au Brésil qu’elle a quitté pour faire ses études en psychologie aux É.-U.. Elle m’a expliqué avoir alors entrepris une vaste recherche sur les différents types de personnalités et leur cohabitation dans le monde du sport. À ses débuts, la NBA l’a engagée, ce qui lui a permis de rencontrer et faire passer des tests aux joueurs de cette ligue.Elle a utilisé le Myers Briggs PersonalityType Indicator (MBTI) pour déterminer les types de personnalité de plus de 400 joueurs de basketball par année. À titre indicatif, ce test permet d’identifier 16 personnalités différentes.

Les résultats ont été totalement stupéfiants. Juste pour vous donner une idée, elle a démontré que les joueurs ayant le même type de personnalité occupent généralement les mêmes positions sur le terrain; que certaines personnalités soient pratiquement absentes de certaines positions et que des joueurs ayant des personnalités précises sont plus utiles en certaines circonstances que dans d’autres.

Elle a également décortiqué les personnalités des joueurs qui avaient formé les équipes gagnantes de la NBA sur une période de 16 ans. Les conclusions sont, là aussi, étonnantes. La docteure Versari a découvert que toutes ces équipes avaient en commun d’être composée d’une très grande variété de personnalités, prouvant qu’une diversité de type de personnalités forme une meilleure équipe qu’une autre composée de joueurs aux personnalités plus uniformes.
Et il ne s’agit ici, bien entendu, que d’un très bref aperçu des conclusions de l’étude de la docteure Versari à laquelle j’ai eu l’honneur de contribuer.

Bref, il m’apparait essentiel que les équipes de hockey incluent cet élément dans leur choix. Bien sûr, celui qui a le plus de talent est le plus recherché. Mais pour compléter la formation, il faut des éléments qui contribuent au succès commun. Par exemple, il faut des joueurs, extravertis, intuitifs et émotifs, pour compléter ceux plus introvertis et rationnels. Ainsi, il faut des Gallagher qui n’arrêtent jamais de se battre et de foncer dans le tas et des Drouin qui analysent les situations pour chercher la faille.

C’est comme ça qu’il sera possible de bâtir une équipe dont les talents se complèteront et offriront un plus large éventail de possibilités.