Les Bruins de Boston méritaient amplement de mettre en banque le premier match de la finale de l’Est, mes amis. Ils ont disputé un match idéal sur la patinoire de l’adversaire, avec acharnement, avec discipline, avec le respect de la puissance de l’adversaire, avec simplicité et avec une volonté indéniable d’abnégation sur le plan individuel.

Certes, ils ont été chanceux en certaines circonstances. Lors du premier but du match, le disque a dévié sur le patin du défenseur Paul Martin. Mais Tomas Vokoun aurait quand même dû faire l’arrêt en style papillon. Par ailleurs, les quelques « poteaux » frappés par des tirs des joueurs de Penguins auraient pu se transformer en buts et ainsi changer l’allure de la rencontre. Mais Tuukka Rask a créé sa propre bonne étoile en étant tout simplement fumant devant une attaque dévastatrice. Il a dominé son vis-à-vis et a été à l’origine du rendement parfait de son équipe contre le meilleur jeu de puissance de la LNH en séries. En attaque, le trio de David Krejci a éclipsé celui de Sidney Crosby.

Les Bruins ont aussi gagné la plupart des mises en jeu importantes. Plus précisément, on retiendra l’efficacité de Patrice Bergeron qui a donné une véritable leçon à Crosby en inscrivant un rendement de 63 % contre à peine 35 % pour le capitaine des Penguins. En fin de compte, ce fut un balayage de 67 % à l’avantage des Bruins.

À la ligne bleue, Zdeno Chara a nettement eu le dessus sur Kristopher Letang. Le Slovaque a passé plus de 26 minutes sur la patinoire, a terminé la soirée avec un rendement de +2, a distribué trois mises en échec et a bloqué trois tirs. Visiblement, la semaine de repos a donné des ailes au vétéran défenseur qui semblait s’amuser sur la patinoire samedi soir. Letang, lui, a terminé sa soirée de travail avec une fiche de -2.

Enfin, Claude Julien a su mieux gérer ses effectifs en marge de cette première rencontre qui était fort importante pour les deux équipes. Il a cloué son dur-à-cuire Shawn Thornton sur le banc sauf pour quelques secondes en première période et a considérablement réduit le temps de glace de ses compagnons de 4e trio, voulant ainsi éviter les pièges dans lesquels peuvent tomber ces employés de soutien. Il a fait appel à leurs services avec discernement à mesure que le match progressait et qu’il se dessinait à l’avantage de Boston. Il a obtenu d’excellentes minutes de jeu de la part de ces joueurs en situation de protection de l’avance.

Les Penguins bêtement piégés

Cela dit, l’entraîneur Dan Bylsma n’avait pas tout à fait tort quand il a déclaré que son équipe n’avait pas disputé un si mauvais match et que le dénouement aurait pu être différent si ses hommes avaient pu être un peu plus opportunistes. Mais disons que, globalement, les Penguins se sont piégés eux-mêmes.

D’abord, ils semblaient obsédés par l’idée de montrer aux Bruins qu’ils pouvaient jouer de façon robuste eux aussi. C’est bien beau un total de 34 mises en échec contre 19 pour l’adversaire, mais ça donne quoi en bout de ligne si l’équipe oublie au passage sa propre recette à succès et qu’elle se retrouve blanchie pour la première fois en près de 100 matchs? Evgeni Malkin, pour un, a pris une décision ridicule en jetant les gants devant Patrice Bergeron, en fin de deuxième période. Et on ne parlera pas ici de cet autre geste dangereux et stupide de la part de Matt Cooke aux dépens d’Adam McQuaid !

Tiens, parlant de Malkin, le surdoué a encore donné dans la dentelle à plusieurs reprises samedi, comme il l’avait fait contre Ottawa. Ce n’est pas qu’il ait mal joué comme tel, mais il a fait cadeau de la rondelle à un rythme alarmant depuis quelques semaines en voulant se montrer plus rusé que ses rivaux avec le disque. Au cours des cinq derniers matchs, il n’a marqué qu’un but et récolté deux passes, une statistique bien pâle comparativement à son rendement lors de la série contre les Islanders.

Notons en terminant que les Penguins ont grandement aidé la cause de Rask en décochant des tirs que le gardien pouvait très bien apercevoir. Ils ont tenté à maintes reprises de le déjouer en angle, dans les coins supérieurs, et visiblement la stratégie n’a pas fonctionné. Rask ne sera pas battu de la sorte. Il faudra le déranger, près de sa zone de protection, pour le forcer à donner des retours et éventuellement lui faire payer le prix. Samedi, les rebonds allaient systématiquement sur le bâton de ses coéquipiers.

Après le premier match contre Ottawa, les piliers des Penguins (dont Crosby) ont admis qu’ils devaient élever leur rendement s’ils voulaient s’assurer de passer au tour suivant. Voilà qu’après le premier match de la finale de l’Est, la même situation se présente à nouveau. Pour battre les Bruins, il faudra que les Penguins soient beaucoup plus convaincants que samedi. Autant sur le plan de l’exécution que sur le plan de la décision.