Il s'en est passé des choses au cours de l'été. Il y a en eu des bonnes, des étonnantes et d'autres plutôt décevantes.

Deux athlètes québécois qui ont connu des carrières exceptionnelles, Martin Saint-Louis et Daniel Brière, ont annoncé que leurs parcours étaient terminés. Les deux n'étaient pas censés faire le poids dans une ligue qui a souvent accordé préséance aux athlètes de gros gabarit. Les deux ont été boudés par toutes les organisations de la ligue et les deux ont connu une carrière florissante. Comme il y a sans doute une justice quelque part, après en avoir bavé pour faire leur place, ils sont tous les deux sortis de la patinoire plusieurs fois millionnaires. Tiens, vous autres.

Pierre-Alexandre ParenteauPierre-Alexandre Parenteau qui, de son côté, en offrait trop peu pour le salaire exagéré qu'il touchait, a été cavalièrement sorti de l'organisation du Canadien.

Alexander Semin, dont le problème se situe quelque part entre le coeur et la volonté, se retrouve aujourd'hui dans l'uniforme d'une organisation dirigée par des hommes, Marc Bergevin et Michel Therrien, qui ont les paresseux en horreur. Beau défi pour eux avant même qu'un premier coup de patins soit donné à l'entraînement.

Par ailleurs, ce qui s'est passé à Montréal a été relativement tranquille comparativement aux changements majeurs qui sont survenus à Toronto. Les vrais événements de la période estivale, c'est à cet endroit qu'ils se sont produits. Après l'entrée en scène de Mike Babcock, on n'aurait jamais pu imaginer que Lou Lamoriello, longtemps reconnu comme le Godfather du hockey, deviendrait son patron. En quittant une organisation qu'il avait bâtie dans ses moindres détails au New Jersey, Lamoriello s'accroche à son rôle de directeur général dans un moment où on le croyait en train de planifier sa retraite.

Cet homme au regard sévère, qui mène ses affaires avec une main de fer dans un gant d'acier, jouit encore d'un grand respect dans certains milieux. Brendan Shanahan, qui a joué sous ses ordres durant quatre saisons, a jugé que les Maple Leafs avaient besoin d'un dirigeant autoritaire pour mettre fin à près d'une décennie de laissez-aller au cours de laquelle l'équipe a raté les séries huit fois en neuf ans.

Lamoriello, dont les Devils étaient empêtrés dans une situation financière précaire, est passé dans le camp d'une organisation riche dont le budget lui permettra de jouir d'une plus grande marge de manoeuvre. Il n'en mènera pas aussi large qu'au New Jersey, mais chaque fois qu'il émettra une opinion ou une suggestion, il captera l'attention de tout le monde, y compris celle de Babcock qui n'est pas toujours de tout repos pour un directeur général.

Et Lemaire dans tout ça?

La décision de Jacques Lemaire de joindre les rangs des plus grands ennemis que le Canadien a connus dans son histoire a de quoi étonner. Surtout que Lemaire avait au préalable décliné une proposition de l'équipe qui a marqué sa vie et qui a notamment contribué à faire de lui un membre du Panthéon de la renommée.

Peut-être que l'offre des Leafs était plus dans ses cordes. Peut-être que son amitié pour Lamoriello a été la plus forte. Peut-être craignait-il de ne plus s'y reconnaître dans une organisation qui a énormément changé depuis qu'il y a gagné une dernière coupe Stanley dans un rôle d'adjoint à Serge Savard. Peut-être aussi s'est-il souvenu qu'il était quasi embauché par le Canadien (il avait même promis du boulot à Mario Tremblay) il y a six ans quand Bob Gainey, influencé par Pierre Gauthier, s'est ravisé pour finalement accorder le poste à Jacques Martin.

Il faut se rendre à l'évidence, la vraie famille de Lemaire, c'est aujourd'hui celle de Lou Lamoriello.

Lemaire jouera un rôle élargi à Toronto. Il sera un observateur et un conseiller de valeur dans le rôle d'un entraîneur qui travaillera parfois à distance. Lemaire a toujours aimé se montrer discret dans ce genre de situation qu'il a notamment connue dans l'entourage de Jean Perron et de Jacques Demers.

Si jamais on lui confie des mandats spécifiques, il pourrait peut-être s'avérer d'une grande utilité dans la relance de Parenteau dont c'est probablement la dernière chance. Quand Lemaire te regarde droit dans les yeux en te faisant part de ses remarques, il peut être très intimidant. Parenteau a justement besoin de ce genre de conversation entre quatre yeux avec un homme qui n'entend pas à rire quand il est question de s'investir sérieusement dans une équipe.

Ce n'est qu'un des aspects sur lequel Lemaire, un cerveau de hockey, peut être utile à sa nouvelle équipe.

Dites-moi que ce n'est pas vrai

L'élément le plus décevant en cette fin d'été est la décision qu'a prise Martin Brodeur de bouder son intronisation au Panthéon des sports du Québec, le 30 septembre. La cuvée des intronisés est d'une très grande qualité à l'occasion du 25e anniversaire de cet événement. Outre Brodeur, les médaillés d'or olympique Alexandre Bilodeau et Jennifer Heil, Alexandre Despatie, Anthony Calvillo, de même que les bâtisseurs Julie Sauvé et Larry Smith seront honorés.

Dites-moi que ce n'est pas vrai. Pas un autre grand athlète québécois qui lève le nez sur ce genre de reconnaissance, comme c'est arrivé dans le passé à ce panthéon et à celui de la Ligue junior majeur du Québec.

Ceux qu'on intronise au Panthéon des sports du Québec ont largement contribué à écrire notre histoire sportive. Brodeur, le gardien de but recordman du hockey, dont certains grands exploits ne seront probablement jamais répétés, joindra un groupe prestigieux de hockeyeurs, dont Jean Béliveau, Maurice et Henri Richard, Mario Lemieux, Guy Lafleur et Patrick Roy.

Brodeur invoque des responsabilités professionnelles avec les Blues de St Louis pour s'absenter le 30 septembre. Pas sérieux comme excuse quand sa présence chez les Blues dans le cadre d'un simple camp d'entraînement ne peut pas être considérée comme indispensable.

Rien n'arrivera à le faire changer d'idée, semble-t-il. Brodeur a été choyé et profondément respecté par les Québécois durant sa brillante carrière. Dommage qu'il n'en tienne pas compte à l'heure où le Québec lui offre une place prestigieuse dans son histoire sportive.

Mais peut-être que l'événement n'est pas suffisamment prestigieux pour lui, justement.