BUFFALO - Les Sabres de Buffalo ne soulèveront sans doute pas la coupe Stanley pour la première fois de leur histoire cette année. Ils devraient même prolonger à sept, leurs séquences de saisons consécutives sans accéder aux séries éliminatoires; la plus longue disette du genre de leur histoire.

 

Et même s’ils devaient perdre leur premier match de la saison, jeudi, alors que le Canadien de Montréal fera escale au KeyBank Center où les deux clubs  amorceront leur saison pour une troisième année de suite, les Sabres pourraient malgré tout crier victoire.

 

Ou à peu près…

 

Car en s’entendant sur les paramètres du contrat de huit ans d’une valeur de 80 millions $ qu’ils ont fait signer à Jack Eichel, les Sabres viennent d’assurer l’avenir de leur concession à Buffalo.

 

Une concession qui vivra des jours meilleurs avec Eichel comme pierre d’assise, avec un tas de jeunes prometteurs qui prennent du galon, avec Phil Housley qui semble avoir toutes les qualités requises pour réussir dès son premier essai à titre d’entraîneur-chef et avec un nouvel état-major beaucoup mieux structuré et crédible qu’il ne l’était sous la gouverne de Tim Murray qui a été remplacé par Jason Botterill dès la fin de saison dernière.

 

« Ce contrat solidifie notre franchise pour les neuf prochaines années », a d’ailleurs convenu Botterill qui, après une carrière de 88 matchs dans la LNH, occupait le poste d’adjoint au directeur général Jim Rutherford avec les Penguins de Pittsburgh avant d’obtenir sa promotion à Buffalo.

 

L’octroi d’un tel contrat à Jack Eichel après seulement deux saisons avec les Sabres a soulevé des réactions vives et diamétralement opposées aux quatre coins de la LNH.

 

Si plusieurs hommes de hockey louangent le fait que les Sabres ont assuré leur avenir, d’autres soutiennent qu’ils ont faussé le marché en offrant autant d’argent à un joueur qui, il y a deux semaines à peine, assurait n’avoir encore rien prouvé après deux saisons ordinaires au cours desquelles il n’avait encore rien gagné.

 

Cette réaction est normale. Surtout de la part d’un club comme les Maple Leafs de Toronto qui a trois jeunes surdoués comme Auston Matthews, Mitch Marner et William Nylander qui viendront eux aussi passer à la caisse. Les huit ans et 80 millions $ consentis à Eichel par les Sabres deviendront alors une base de négociation aux jeunes Leafs et non un objectif à atteindre.

 

D’un autre côté, en plus d’assurer la présence d’Eichel à Buffalo pour les neuf prochaines années, les Sabres misent sur le fait que le jeune homme maintiendra sa progression et qu’il maintiendra sa place aux côtés des McDavid, Matthews et autres jeunes super étoiles de la LNH. S’il y arrive, Eichel pourrait alors représenter une bonne affaire – je n’irais pas jusqu’à écrire une aubaine –  lors des deux, trois, voire quatre dernières années de son contrat. D’où le risque calculé de Botterill et surtout de son propriétaire Terrence Pegula qui en plus d’être propriétaire des Sabres et aussi le proprio des Bills dans la NFL.

 

Depuis qu’il a acquis les Sabres en 2011, M. Pegula a investi des millions $ pour non seulement développer les Sabres, mais aussi développer le centre-ville de Buffalo. Un centre-ville qui avait des allures de village fantôme il y a dix ans à peine et qui commence à avoir des allures d’une ville en bonne santé financière. La mise sous contrat d’Eichel par ce multimilliardaire qui a fait fortune dans l’industrie du gaz naturel est donc un investissement supplémentaire visant à confirmer la vitalité des Sabres et de la ville où ils évoluent depuis leur entrée dans la LNH en 1970.

 

C’est tout le contraire de la situation qui prévaut avec les Islanders de New York. Une concession qui ne va nulle part et qui pourrait piquer plus encore du nez si elle n’arrive pas à s’entendre sur les paramètres d’un contrat à long terme avec leur pierre angulaire John Tavares.

 

Leader et bientôt capitaine

 

Bien qu’il ait laissé le soin à ses agents de jongler avec les millions à l’enjeu dans le cadre de la négociation de son nouveau contrat, Jack Eichel est conscient de la pression associée à un tel pacte.

 

Ce matin, lors de l’entraînement des Sabres, Eichel affichait le calme et le sérieux qui le caractérisent depuis qu’il a fait le saut dans la LNH. À la fin de l’exercice, c’est lui qui s’est glissé au centre du groupe afin de diriger la période d’étirement. ET c’est autour de lui que ses coéquipiers, l’entraîneur-chef Phil Housley et ses adjoints se sont regroupés pour échanger quelques mots avant de retraiter vers le vestiaire.

 

« J’étais prêt à écouler la dernière année de mon contrat et à remettre les négociations à l’été prochain. Je n’avais pas besoin de ce contrat pour me motiver davantage sur la glace ou pour assumer plus de leadership au sein de l’équipe. Mais maintenant que c’est fait, je suis heureux de pouvoir être associé aux Sabres pour aussi longtemps et de pouvoir assurer aux partisans que j’ai à cœur le succès de cette équipe et de cette ville que j’espère être en mesure de faire vibrer en connaissant du succès », a indiqué le jeune homme de 20 ans.

 

Nouvelle attitude, nouvelle mentalité

 

Même s’il est encore jeune et que les Sabres pourraient imiter les Maple Leafs de Toronto et attendre une autre saison avant de lui offrir le titre de capitaine, Eichel assure avoir remarqué des changements importants au sein de la formation.

 

Les acquisitions de joueurs importants comme Jason Pominville, Marco Scandella, Nathan Beaulieu et Benoit Pouliot, après les embauches/acquisitions des Ryan O’Reilly et Kyle Okposo pour ne nommer que ceux-là confirment la volonté de l’équipe de se sonner toutes les chances au monde de revenir parmi les clubs pouvant aspirer à la coupe Stanley.

 

« Nous n’avons pas obtenu les résultats que nous voulions en matière de victoires lors des matchs préparatoires, mais la culture, l’atmosphère et l’attitude remarquées depuis le début du camp dans le vestiaire sont nettement supérieures aux dernières années. L’été a été long. Le camp a été long. La saison commence demain (jeudi) et elle sera longue aussi, mais nous l’aborderons avec une nouvelle mentalité. Celle de s’améliorer au fil des 82 matchs. »

 

Quant au titre de capitaine, Eichel ne lui encore pas vraiment d’importance. « Comme pour mon contrat, ce n’est pas la lettre sur mon chandail qui fera de moi un meilleur leader. C’est mon implication sur la glace et dans le vestiaire. J’ai déjà l’intention de prendre plus de responsabilités. »

 

Bien qu’ils soient demeurés vagues sur la question, le DG Jason Botterill et l’entraîneur-chef Phil Housley semblent prêts à y aller avec un groupe de leaders davantage qu’avec un capitaine.

 

« Nous avons déjà des Leaders au sein de cette équipe. Jack (Eichel) est un des leaders c’est vrai. Mais avec Ristolainen, Pominville qui est de retour, Okopo et O’Reilly j’ai une grande confiance en notre groupe. De toute façon, le leadership n’est plus l’affaire d’un seul gars dans les vestiaires de la LNH aujourd’hui. Si tu as besoin de la voix des adjoints pour appuyer celle d’un entraîneur-chef, tu as aussi besoin de la voix de tous tes leaders dans le vestiaire », a mentionné Botterill.

 

«Je suis convaincu que Jack aurait été en mesure de jouer avec aplomb même s’il n’avait pas signé ce contrat. Cela dit, il demeure un être humain, et il est certain que cette question aurait pu représenter une distraction considérant que tout le monde lui en aurait parlé. Maintenant que c’est fait, il sera pleinement concentré. C’est un jeune très terre à terre. Je suis convaincu qu’il composera très bien avec cette nouvelle réalité. Les gars étaient visiblement heureux pour lui. Je le suis aussi. C’est un grand jour pour lui. Un jour important. Je me rappelle très bien de mon premier contrat signé en 1982. Le montant n’avait rien à voir avec celui qu’il vient de toucher, mais j’étais quand même très excité. Pour ce qui est du capitaine, on verra en temps et lieu», a indiqué Phil Housley qui s’offrait encore 24 heures de réflexion avant de déterminer la suite des choses.

 

Même s’il touchera encore cette année son salaire de recrue, Jack Eichel a convenu qu’il sortirait volontiers ses coéquipiers pour leur offrir un bon souper cette saison lors d’un des voyages des Sabres.

 

« Mes coéquipiers ont une grande part de responsabilité dans mes succès et le fait que je puisse signer un tel contrat. C’est clair que je vais les sortir un moment donné et qu’ils pourront s’offrir un festin, malgré le fait qu’ils choisissent rarement les plats les moins chers dans ce genre de souper. Je tenterai simplement de contenir (Evander) Kane », a conclu Jack Eichel en riant.

 

Avec un revenu garanti de 80 millions $ sans oublier qu’il pourra signer au moins un, peut-être deux autres gros contrats une fois sa prolongation complétée, Eichel a bien des raisons de rire. Surtout qu’avec lui comme fer-de-lance, les Sabres pourraient vraiment et assez rapidement redevenir une bonne équipe. Une équipe à prendre au sérieux.