Les Sénateurs ont-ils échappé le ballon? La question demeure. Après avoir perdu des avances de 1-0 et 2-1 dans la série, plus la série progresse, plus la formation de Mike Sullivan semble avoir le contrôle de la situation sur la surface glacée.

On aura vu des Penguins en mesure d’apporter les ajustements nécessaires depuis le match no 4. Sullivan a été témoin d’une plus grande responsabilisation de certains attaquants de haut niveau dans la gestion de rondelle en territoire central, question d’éviter les revirements.

Tout ça, combiné à un échec-avant beaucoup plus agressif question de limiter temps et espace aux défenseurs des Sénateurs d’Ottawa, nous aura presque fait oublier l’absence de certains de leurs défenseurs d’importance.

Une équipe qui depuis les deux dernières parties prend un malin plaisir à tirer profit de l’un des maillons faibles de la formation ottavienne, soit le troisième duo en défense. Ce troisième duo, privé des services de Mark Borowiecki, place Ottawa dans une situation de vulnérabilité évidente aux yeux de tous.

Le trio de Bryan Rust, Nick Bonino et Carter Rowney a été un rouage important de la victoire de 7-0. Avec leur implication et contribution offensive, ces trois joueurs auront permis aux Penguins de remporter cette victoire assez « facilement », ce qui place maintenant leur club dans la chaise du conducteur.

Matt Murray n’a pas été un facteur depuis son entrée

Dans un circuit où il y a très peu de place aux sentiments, là où la « business » du sport prime au détriment des individus et dans une controverse inexistante selon moi, l’entrée de Matt Murray, de façon objective, n’aura pas été un facteur dans cette volte-face chez les Penguins. À l’exception des cinq premières minutes du match no 4.

Injustice envers Marc-André Fleury? Non. Manque de respect peut-être, mais un fait demeure : Murray aura su profiter du réveil offensif de plusieurs joueurs chez les Penguins, jouissant notamment d’avances de 3-0 et de 4-0 lors des deux dernières victoires de la formation de Mike Sullivan.

Auteur de 32 victoires en saison régulière, pièce maitresse dans la conquête de la coupe Stanley en 2016 et gardien du moment présent et du futur de la franchise, Murray représentait un choix naturel pour Sullivan. Or, la décision n’a probablement pas été la plus facile à prendre.

Pour Fleury, si celui-ci rêvait toujours à la possibilité de demeurer un membre des Penguins pour la vie, la réponse qu’on lui a donnée ne peut être peu plus claire. La réponse est « non ». Fleury ne deviendra fort possiblement pas le Corey Crawford des Blackhawks de Chicago.

« On est tombé dans la bouette »

« On est tombé dans la bouette. » Voilà ce qu’a déclaré l’entraîneur-chef des Sénateurs d’Ottawa Guy Boucher, au terme de la défaite des siens. Mauvaise journée au bureau, peut-être. Or, des propos un peu trop faciles dans les circonstances, question d’imager cette raclée subie par sa formation. Ce discours tendait également à camoufler certaines réalités dans l’environnement immédiat (blessures, etc.). Bref, les Sénateurs en ont tout simplement eu plein les bras face aux champions en titre de la coupe Stanley.

Les Sénateurs auront été victimes de plusieurs revirements en début de partie dimanche dernier et auront pris trop de mauvaises décisions au niveau de la gestion de la rondelle dans leur propre territoire, là où il y avait enjeu.

En bout de ligne, les Penguins ont tout simplement répondu présents dans les moments importants de cette série à ce jour. Leur vécu des dernières années sert bien leur cause actuelle.

Pour Boucher et son personnel, au-delà du bilan de santé des dernières heures, le plus gros défi qui se pointe à l’horizon sera au niveau des états de pensées des individus à l’intérieur du vestiaire.

On devra commencer par Craig Anderson qui, soit par des signes de faiblesse ou de fatigue mentale, en raison du grand nombre de départs effectués depuis son retour au jeu en février dernier, n’aura pas été en mesure de répéter les exploits des trois premiers matchs de cette série.

Sans servir de bouc émissaire, Anderson aura été inégal et moins efficace dans l’art de réparer certaines erreurs de ses propres coéquipiers. Le gardien d’expérience devra être en mesure de faire des « mini-deuils » de ses deux dernières sorties et trouver la force de demeurer centré sur le moment présent afin de rester concentré sur les éléments qu’il peut contrôler.

Entre-temps, est-ce qu’il y aura des changements dans la formation (Borowiecki, Burrows, Neil, White, Kelly, etc.)? Chose certaine, le statu quo ne pourra être de mise dans le contexte actuel. Une étincelle devra se produire question de rallumer cette flamme dans le vestiaire de la formation ottavienne, surtout pour les 10 premières minutes du prochain match, des minutes qui ne pardonneront pas.

Or, un fait demeure, Anderson devra livrer une de ses meilleures performances à vie pour que les Sénateurs forcent la présence d’un match no 7. 

Le spectre de l’avantage numérique hante les Sénateurs

Blanchis à leurs dix dernières parties, avec une séquence de 0 en 29 avec l’avantage d’un homme, disons que pour les Sénateurs, si cet aspect ne représentait pas nécessairement un gros problème en début de série, aujourd’hui cette non-productivité interpelle grandement. Surtout avec le succès de l’adversaire dans cette même phase de jeu, alors que les Penguins ont marqué quatre buts à leurs cinq dernières tentatives, ce qui est bon pour un taux de réussite de 80 %.

Un spectre qui dérange et qui inévitablement crée beaucoup d’irritants, d’anxiété et de nervosité chez les joueurs qui évoluent dans cet aspect de la « game. »

Voilà une chaleur évidente qui a même forcé le capitaine de la formation ottavienne, Erik Karlsson, à sortir de ses gonds, alors que la pression semble devenir de plus en plus paralysante et stressante dans un moment aussi critique de la saison.

L’élément fierté en avant-plan pour les Sénateurs

Forts d’une fiche de 5-3 devant leurs propres partisans depuis le début des présentes séries et à l’aube d’un 100e match (saison régulière et séries éliminatoires combinées), les Sénateurs devront se servir de leur réputation d’équipe qui répond de façon assez positive devant l’adversité. Cela devrait sans aucun doute leur servir de leitmotiv.

Habiles pour marier l’eau et le feu depuis l’arrivée de Guy Boucher comme chef de file, il n’y a aucun doute que les Sénateurs vendront chèrement leur peau, et ce, devant une foule des plus enthousiastes.

Boucher, comme il en a l’habitude, trouvera fort possiblement un élément vital au niveau des émotions, question de bien entreprendre ce match sans lendemain. Son équipe devra s’assurer de faire preuve de résilience, là où le « hockey désespéré » devrait prendre tout son sens.