Mais par où commencer?
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 23:32 jeudi, 22 déc. 2011. 19:14On peut pratiquement en faire une équipe d’étoiles!
Nous faisions l’exercice, jeudi, avant le match Canadiens-Flyers et le résultat est pour le moins spectaculaire. Sidney Crosby, Claude Giroux, Milan Michalek, Jeff Skinner, Mike Richards, Kristopher Letang, Chris Pronger, Joni Pitkanen, Marc Staal, tous incapables de jouer en raison de symptômes de commotion cérébrale. Pronger, on le sait, ne reviendra pas au jeu cette saison et déjà, on parle d’une possibilité de fin de carrière. Dans les autres cas, on ne sait pas, tout simplement.
Cette suite d’évènements a soulevé plusieurs discussions et commentaires au cours de la dernière semaine. J’ai moi-même abordé le sujet avec des joueurs, des entraîneurs et des collègues chevronnés et il semble y avoir un consensus sur la nécessité d’agir. Voilà qui est bon. Le vrai problème (et c’en est tout un), c’est que personne ne sait vraiment par où commencer!
« C’est sûr que c’est inquiétant et en tant que joueurs on y pense de plus en plus quand on est sur la patinoire, mais je serais un génie si je connaissais la vraie piste de solution », disait Pierre-Alexandre Parenteau mardi. « Nous sommes tiraillés entre la nécessité d’agir et la réalité du hockey d’aujourd’hui, qui est un sport de vitesse et de contacts physiques, joué par des athlètes de plus en plus rapides, de plus en plus costauds », racontait pour sa part Peter Laviolette, qui à titre d’entraîneur des Flyers, vient lui-même d’encaisser deux grands coups de massue en perdant Giroux et Pronger.
« Commençons par l’équipement », me lance Steve Coates, le coloré analyste des matchs des Flyers à la télévision et lui-même un ancien joueur professionnel. « Les épaulettes sont dures comme de la roche »! C’est d’ailleurs une des pistes que Benoit Brunet lui-même propose régulièrement.
« Réduisons les alignements, de 20 à 18 joueurs et on éliminera ainsi les marginaux qui sont prêts à tout pour rester dans la LNH. On passera du même coup à un jeu de contrôle de rondelle plutôt que de pression sur le porteur de la rondelle », pense pour sa part Dany Dubé. « Tolérons à nouveau l’accrochage », avons-nous aussi entendu, dans le but de ralentir le jeu. « Laissons les bagarreurs faire leur travail pour décourager les récidivistes et punir les coupables de coups dangereux », est une autre théorie avancée à droite et à gauche. « Le calendrier est trop chargé, les joueurs n’ont pas le temps de récupérer », est une autre constatation intéressante émise par certains. « Imposons des sanctions beaucoup plus sévères », pensent plusieurs.
Intéressant et étourdissant, dites-vous?
Et si on commençait par admettre ?
En vérité, la plupart des idées sérieuses émises par des gens qui aiment et qui connaissent le hockey sont toutes très valables. La solution idéale, d’ailleurs, réside probablement dans une combinaison de facteurs qu’il faudrait mettre en place simultanément ou du moins, en alternance rapide. Mais cela relève de l’utopie!
Premier obstacle majeur : la position même de la Ligue nationale de hockey. Le LNH ne veut ni ne peut l’avouer, mais une partie de sa démarche de mise en marché porte essentiellement sur la violence. Il suffit de regarder l’écran géant à Boston avant un match pour tout comprendre. Personnellement, ça me glace le dos à chaque fois! Je me demande comment de vrais bons joueurs comme Patrice Bergeron et David Krejci se sentent quand on relègue au dernier rang leurs beaux jeux par rapport aux « exploits » d’un Shawn Thornton. Or, cette culture demeure encore enracinée profondément dans les bureaux de la ligue et les récents aveux de Gary Bettman et de son adjoint Bill Daly le prouvent, même si on se targue d’être proactif aux chapitre du dépistage des commotions et des pénalités à l’endroit des fautifs.
Autre obstacle : la position complexe des joueurs eux-mêmes ainsi que celle de leur association. Comment en effet aborder en toute objectivité ces notions plus ou moins obscures de « respect entre eux » alors qu’on leur demande sans cesse, subtilement, de faire mal à l’adversaire ? Comment proposer un mouvement de « réduction du nombre de joueurs par équipe » sans créer de remous importants? Comment vendre l’idée de sanctions plus sévères alors qu’on pige directement dans le compte de banque des joueurs quand on les applique? Comment leur demander de changer leur comportement sur la patinoire quand on leur inculque une façon d’agir depuis leurs premiers stades de développement?
Pierre Foglia avait bien raison cette semaine quand il disait qu’il suffit de revoir le fameux match du 31 décembre 1975 entre le Canadien de Montréal et l’Armée Rouge pour avoir devant soi une plate-forme à peu près idéale du sport du hockey de haut niveau. J’ai eu à retravailler sur la retransmission de ce match lors du lock-out de 2004–2005 et il me donnait encore les mêmes frissons vécus 30 ans plus tôt.
Malheureusement, le hockey professionnel actuel, bien qu’il comporte encore son lot d’athlètes de très haut niveau, ne repose plus essentiellement sur ces paramètres. Les meilleurs joueurs ne peuvent plus jouer en toute quiétude lors d’un match. C’est maintenant bien clair. Le contexte favorise, endosse, tolère qu’ils soient constamment à risque sur la patinoire.
Faudrait d’abord l’admettre, tout simplement, si ce n’est pas ce que l’on veut. Et après, on pourrait travailler méthodiquement sur les façons de changer les choses.