LAVAL – Un contexte pour le moins particulier s’abat sur la LNH cet été alors qu’une panoplie de joueurs autonomes avec compensation demeurent à la recherche d’un nouveau contrat. L’influent agent Don Meehan a tenté de faire tomber le premier domino via son client Matthew Tkachuk, mais l’exercice de patience se poursuit à travers le circuit Bettman.

 

Avec l’expérience qu’il détient, Meehan a essayé d’éviter cette période d’attente à son protégé, mais le processus de négociations se poursuit avec les Flames de Calgary.

 

« On a choisi une approche très proactive avec les Flames. On a démarré le processus hâtivement et on a établi notre position pour leur expliquer les paramètres d’un contrat qui serait juste à nos yeux », a exposé Meehan, qui a été rencontré dans le cadre de la 1re édition du tournoi de golf Invitation Serge Savard.

 

Cela dit, on ne peut guère blâmer les dirigeants des Flames qui ne veulent pas délier les cordons de la bourse trop vite. Ça se comprend puisque le contrat de référence devrait être celui de Mitch Marner avec les Maple Leafs de Toronto et les demandes de Meehan devaient être élevées considérant le rendement de Tkachuk (77 points en 80 matchs) en 2018-2019. 

 

« En ce qui me concerne, ce n’est pas un jeu de patience. On a exposé notre avis et on travaille avec les Flames sur ce dossier », a renchéri celui qui n’est pas friand de cette stratégie.  

 

Toutefois, c’est une évidence que la valeur des jeunes joueurs a grimpé dans la LNH, ce qui incite les agents à vouloir dénicher le maximum pour chacun de leurs protégés. Meehan s’est d’ailleurs empressé de faire référence au cas de Sebastian Aho qui a mené à un contrat lucratif après l’offre hostile déposée par le Canadien.

 

« C’est un autre indicatif du marché qui prévaut présentement », a pointé Meehan à propos du Finlandais qui a hérité d’un pacte de cinq saisons d’une valeur supérieure à 42 millions.  

 

Le constat le plus facile serait de dire que l’abondance de joueurs autonomes sans compensation rend les signatures plus difficiles à concrétiser.

 

« Je ne pense pas. Dans notre cas, on s’est assurés de faire nos devoirs. On s’est assis avec Matthew pour établir notre position de manière juste dans le marché actuel. Je crois que le marché est en train de changer, ça évolue pour cette catégorie de joueurs et particulièrement pour ceux qui ont complété leur premier contrat professionnel. On est heureux d’avoir commencé le tout rapidement », a plaidé Meehan devant les journalistes.Matthew Tkachuk

 

Le peu de contrats baromètres ne facilite sans doute pas le travail des agents moins expérimentés. Encore là, Meehan prétend que c’est possible de s’y retrouver.

 

« Je ne comprends pas trop pourquoi il y a un blocage présentement. À mon avis, c’est faisable de bien évaluer le marché. Si tu as l’avantage de connaître le marché et d’avoir de l’expérience, tu devrais être proactif et aller de l’avant. La pire chose, c’est un dossier comme celui de (William) Nylander qui est à l’écart jusqu’en décembre. Ce n’est pas une bonne chose pour personne », a insisté Meehan, un pilier de la firme Newport Sports Management.

 

À regarder la scène qui se dessine, le contrat de « transition » qui est parfois signé à la suite du premier contrat professionnel semble perdre de sa pertinence.

 

« Ce contrat peut encore avoir sa place dans certaines situations. Je pense à celle de P.K. (Subban, son client) alors que le tout est devenu avantageux pour lui. Quand un joueur a été blessé et que le club ne l’a pas assez vu joueur ou que le joueur pense qu’il peut en démontrer encore plus. C’est encore utile dans quelques cas, mais pas toujours », a déterminé l’homme de 68 ans.

 

Possible d'éviter un conflit de travail selon Meehan

 

L’autre enjeu majeur de la saison morte se situe du côté de la convention collective. Les propriétaires doivent d’abord signifier à l’Association des joueurs s’ils désirent effectuer des modifications à cette convention collective dès la fin de la prochaine saison. Ce sera ensuite aux joueurs de répondre avec leur intention.

 

L’option la plus facile serait cependant de poursuivre selon les conditions actuelles jusqu’à la conclusion de la saison 2022-2023.

 

Certes, les enjeux qui causent des frictions ne sont pas aussi imposants que par le passé, mais quelques clauses sont mal perçues.

 

« Si le bon sens prévaut, on ne devrait pas se retrouver en conflit de travail. De gros enjeux ont été négociés la dernière fois. Il reste des enjeux présentement, mais pas de la même ampleur. Les deux côtés travaillent bien de ce que je comprends et on peut seulement voir cela positivement », a réagi Meehan qui croit autant en l’option du hockey junior que de la NCAA pour atteindre la LNH.

 

Chez les joueurs, c’est assurément le dépôt en fiducie (escrow) qui provoque le plus de frustration.

 

« Parmi tous les aspects de la convention collective, c’est un enjeu délicat. Si les deux côtés attaquent ce dossier, il y a plusieurs façons de trouver des modifications. Il y a tellement d’idées qui peuvent être préconisées. Encore là, je crois que le bons sens devrait permettre de résoudre ce pépin. Mais ce n’est qu’un enjeu, il y en a d’autres. Les deux clans ont chacun leur liste », a-t-il soutenu.

 

Durant l’été, plusieurs joueurs de la LNH ont exprimé leur point de vue sur ce dossier. Ce qu’on a pu constater, c’est qu’ils veulent être conseillés avant de se forger leur opinion. Officiellement, Meehan ne veut pas trop s’impliquer.   

 

« On est exemptés de ce processus parce que c’est avant tout un dossier pour l’Association des joueurs. C’est leur mandat de rencontrer les joueurs en groupe, de discuter des enjeux et déterminer la meilleure approche », a répondu Meehan même si on se doute bien que plusieurs joueurs vont sonder l’avis de leur agent.

 

La forte présence de Subban aidera les Devils

 

Rencontrer Meehan sans lui parler de Subban serait l’équivalent de frapper dans le vide à son coup de départ au golf. C’est encore plus vrai quand l’ancien défenseur du Canadien entamera un nouveau chapitre de sa carrière avec une troisième organisation, les Devils du New Jersey.

 

Meehan voit beaucoup de logique derrière l’initiative des Devils.

 

« Ce que les Devils ont fait, c’est qu’ils ont acquis un joueur avec une forte présence », a d’abord lancé Meehan en sachant que c’était un euphémisme.

 

« Je crois qu’ils vont en tirer des bénéfices. Bien sûr, ils ont de bons jeunes qui progressent et j’ai l’impression qu’ils font vraiment une poussée pour être plus présents qu’ils ont pu l’être dans le passé dans la LNH. Je comprends ça du point de vue marketing », a noté l’agent qui croit que cette destination cadre bien pour son client.

 

De plus, si les Devils voulaient se rapprocher de la communauté noire, il croit qu’ils ont déniché « le gars parfait » pour ça.

 

Notons que le tournoi Invitation Serge Savard a permis de lancer le fonds Serge Savard d’une valeur de cinq millions. Cette somme permettra d’augmenter de manière significative les bourses qui seront remises aux étudiants-athlètes de l’Université de Sherbrooke et ce, peu importe la discipline sportive.

 

M. Savard s’est engagé à verser 400 000$ dans ce fonds – dont 200 000$ de manière personnelle – pour aider cette cause à laquelle il contribue déjà depuis 10 ans.