Le sujet demeure chaud depuis plus de deux ans, au moins. Peut-être vingt ans diront certains. Pourquoi donc les Nordiques ont-ils quitté la ville de Québec en 1995? Et à quand le retour du hockey de la LNH à Québec?

Le sujet en question en est un qui résonne fort dans notre province. Maintenant, plus que jamais, avec l’annonce toute récente d’un processus d’expansion dans la LNH, l’espoir est réel et concret.

La LNH a confirmé que deux villes ou groupes ont officiellement déposé leur candidature pour obtenir une franchise de la LNH lors de ce processus. D’abord, un groupe dirigé par Bill Foley et les frères Maloof ont fait parvenir leur application au commissaire Gary Bettman au nom de la ville de Las Vegas.Et Québécor, sous la direction de Pierre Dion, et avec l’appui de milliers de Québécois, a officialisé son souhait en soumettant également sa candidature à la LNH pour Québec.

Au grand étonnement de plusieurs, les villes de Toronto et Seattle ne seront pas candidates. Du moins, pour le moment. Parce que M. Bettman a fait savoir par le biais d’un communiqué de presse que le formulaire d’application qui fut envoyé à 16 groupes ou individus n’a trouvé que deux preneurs. Seuls Las Vegas et Québec ont soumis les documents à la LNH.

Que faut-il conclure de ce scénario inattendu? Est-ce que le prix de base exigé pour une franchise soit de 500 millions $US est trop élevé pour un club d’expansion? Ou est-ce simplement que le délai de deux semaines pour soumettre une candidature fut trop court pour les différents groupes? Est-ce que la somme d’argent à remettre en dépôt soit 10 millions $US avec 2 millions $ non remboursables était trop exigeante? Ou est-ce que M. Bettman a simplement mal anticipé l’intérêt des investisseurs à travers l’Amérique du Nord? Ce sont toutes des questions légitimes, mais selon moi, la conclusion est qu’on est loin de la ligne d’arrivée dans cette course vers l’expansion dans le hockey.

Pour revenir à Québec, afin d’être considéré comme une ville candidate pour accueillir une équipe, il faut avoir un amphithéâtre moderne. Et dans ce cas-ci, Québec en possédera un très prochainement. Flambant neuf et prêt pour une ouverture en grande pompe en septembre prochain. Ce critère fondamental pour la LNH réduit le nombre de villes potentielles à très peu ce qui donne beaucoup d’espoir à Québec. Pendant ce temps, Las Vegas se construit également un aréna qui sera prêt en juillet 2016. Mais Seattle et Markham n’arrivent toujours pas à obtenir l’appui de leurs conseils de ville respectifs.

Dans un sens, Québec est définitivement en avance sur les autres ce qui est bon signe. La ville possède maintenant l’aréna, une tradition de hockey, des partisans qui connaissent le produit, des conditions hivernales plus que parfaites pour le hockey et une rivalité naturelle avec un adversaire qui fait déjà rêver les partisans partout au Québec. Et à la suite à la remise des documents à la LNH, Québec est maintenant officiellement dans la course vers l’expansion.

Mais en contrepartie, Québec demeure un marché relativement modeste. Pour survivre dans la LNH aujourd’hui, il faut un bassin de partisans important, une économie vibrante, beaucoup de dollars corporatifs et des propriétaires avec des ressources financières solides. Et pour quelques-uns de ces critères, Québec n’est pas un choix évident. Et en plus, ces jours-ci, il faut tenir compte de la faiblesse du dollar canadien ce qui nuit énormément aux équipes canadiennes de la LNH. Ceux-ci paient leurs joueurs en dollars US, mais génèrent leurs revenus en dollars canadiens. Ce qui occasionne une différence de 25-30% en terme de coût.

Dans la LNH aujourd’hui, la formule menant au succès financier est relativement simple : les ventes de billets doivent générer les dollars pour payer une grande partie de la masse salariale de joueurs. Sinon, la recette ne fonctionnera pas. Le hockey compte énormément sur les revenus de billets pour se rentabiliser. Ce qui n’est pas le cas dans la NBA, la MLB ou la NFL où les clubs reçoivent de plus grandes sommes d’argent en droit télé et se soucient rarement des revenus aux guichets. On vient d’annoncer que le cap salarial de la LNH passera à près de 71 millions $ en 2015-16. On constate forcément que l’économie du hockey se porte assez bien, mais cette ascension de la masse salariale qui force aussi les équipes plus fragiles à dépenser davantage devient un défi pour plusieurs clubs. Québec ferait partie de cette liste.

Mais la question légitime pour Québec reste la même soit la capacité financière du marché en terme de soutien corporatif.Cela se traduit par l’achat de billets de saison, de loges ainsi que la vente publicitaire soit les publicités sur les bandes, sur les plates-formes électroniques dans le Centre Vidéotron, l’affichage et les promotions commerciales dans le marché.

Prenons juste les loges et regardons attentivement ce que ceci représente. La plupart des amphithéâtres de la LNH possèdent entre 90 et 150 loges corporatives. Certaines loges sont bien situées au centre de la patinoire. Certaines de par leurs emplacements ont une vue possible pour les spectacles artistiques tandis que d’autres sont exclues en raison de leur emplacement.Une loge peut coûter entre 90 000 $ et 300 000 $ par saison uniquement pour la location. Les frais de nourriture et de boissons ne sont pas inclus dans cette tarification. Force est d’admettre qu’une entreprise peut facilement dépenser près de 400 000 $ par saison pour accueillir ses invités lors de matchs de hockey ou de concerts. Donc, on est en droit de se demander si le marché corporatif de Québec peut soutenir cette commande.

Pour ce qui est des billets de saison, on se fixe rapidement une cible approximative de 13 000 ou 14 000 abonnements à vendre. L’enjeu une fois cet objectif atteint est alors de vendre près de 5 000 billets par match en ventes individuelles. Ce qui est facile lorsqu’on fait face aux Bruins ou aux Blackhawks, mais moins évident face aux Panthers.

Alors, est-ce que Québec pourrait réussir dans ce contexte économique particulier? Selon moi, avec une gestion d’entreprise très serrée, une priorité envers le repêchage et le développement des jeunes du côté hockey, et une équipe de ventes et marketing hors pair, tout est possible. Mais on devra s’armer de patience du côté des partisans parce que l’expansion passe souvent par des débuts difficiles sur la glace. Les victoires sont rares.

La conclusion est que la business générale du hockey est solide. Il y a plus d’argent que jamais dans cette industrie. Les droits de diffusions sont lucratifs pour la ligue et les clubs. Certaines franchises peuvent être également très rentables. Mais d’autres souffrent commercialement à cause du manque de partisans, surtout aux États-Unis.Les équipes dans les marchés non traditionnels doivent redoubler d’ardeur dans leurs efforts hors glace. Contrairement au Canada par exemple où les sept équipes sont en bonne santé, les équipes aux États-Unis doivent être plus stratégiques dans leurs efforts de mise en marché.Ils doivent cultiver les nouveaux partisans de hockey, un à la fois.

Alors le moment est propice à l’expansion pour la LNH. Mais entre le début du processus d’expansion et l’annonce des nouveaux clubs en vue de la saison 2017-18, plusieurs mois s’écouleront.