Avec la saison qu'il connaît et la vitesse à laquelle il réécrit le livre des records du Canadien, les amateurs s'emballent quand vient le temps de parler de Carey Price. Trophée Vézina par ici, trophée Hart par là, il n'y a rien de trop beau pour le gardien du Tricolore. Lundi, le chroniqueur Jack Todd du quotidien The Gazette posait la question suivante : « Si on avait à refaire le repêchage de 2005, qui serait le premier choix, Carey Price ou Sidney Crosby? » Pour Todd, il ne fait aucun doute que la réponse est Price.

Outre son taux d'arrêts de ,936, sa moyenne de buts alloués de 1,89 et ses 37 victoires, des sommets dans la Ligue nationale, Todd souligne à juste titre qu'il est aussi le véritable capitaine de son équipe. Quant à Crosby, il est devenu une « vedette ordinaire », du calibre des John Tavares, Jakub Voracek, Tyler Seguin et Patrick Kane. Todd pousse un peu la note quand il parle de vedette ordinaire. Crosby est quand même le cinquième marqueur du circuit avec 67 points, Tavares est premier avec 72 et à ce que je sache, Patrick Kane était le meilleur pointeur de la LNH au moment de sa blessure. Il y a quand même plus ordinaire que ça dans la ligue.

Là où je ne suis plus, c'est quand il écrit que l'important n'est pas de savoir ce que Crosby ou Price ont accompli dans le passé, mais ce qu'ils font présentement. Comme si les deux joueurs avaient commencé leur carrière en 2014-2015. Désolé, mais quand on fera le bilan des deux carrières, on ne pourra faire abstraction de leurs performances au cours des neuf saisons précédentes. Et à ce jeu, Crosby l'emporte haut la main. Un total de 836 points en 612 matchs, cinq saisons de 100 points ou plus, deux participations à la finale, une coupe Stanley, un trophée Art-Ross, un trophée Hart et le Maurice-Richard une fois!

Je reconnais cependant que Crosby n'est plus le même joueur depuis sa commotion cérébrale. Dans le cas de Price, il connaît la saison de sa carrière. Reste à savoir s'il sera en mesure de répéter. C'est à ce moment seulement qu'on pourra répondre à cette question.

Le repêchage, une science inexacte

Le repêchage est une science inexacte. Mathias Brunet en fait une belle démonstration dans La Presse quand il passe en revue les sélections de 2000 à 2010 : qui a été le premier choix, son impact sur l'équipe qui l'a choisi et ceux qui ont été repêchés après lui. Il y a eu des « flops » notoires : Rick DiPietro, Patrick Stefan ou Erik Johnson. Et ceux qui ont été à la hauteur des attentes : Crosby, Kane, Tavares ou Stamkos. Et les autres qui ont de belles carrières : Rick Nash, Joe Thornton et Marc-André Fleury.

Comment définir la carrière de Joe Thornton par exemple? Par ses 1251 points en 1270 matchs en saison régulière ou ses 100 points en 132 matchs en séries éliminatoires? Thornton a été le bouc émissaire des déboires des Sharks en séries, mais toutes les équipes auraient aimé lui mettre le grappin dessus s'il avait été disponible.

Ensuite, les Thrashers d'Atlanta auraient-ils été une meilleure équipe s'ils avaient sélectionné Jason Spezza ou Patrick Sharp plutôt qu'Ilya Kovalchuk? Steven Stamkos est-il une déception parce que Drew Doughty a été choisi après lui? La réponse n'est pas simple. Surtout que j'ai toujours eu de la difficulté quand une conquête de la coupe Stanley devient la référence suprême. À ce jeu, Rick Chartraw aura été un meilleur joueur que Marcel Dionne ou Gilbert Perreault parce qu'il a gagné quatre fois la coupe Stanley... Il a tout simplement été à la bonne place au bon moment!