Je dois m’avouer déçu du résultat obtenu par le Canadien sur les patinoires adverses au cours de la fin de semaine, à commencer par sa prestation contre le Wild de Minnesota, qui ne représente pas à mon avis une force de frappe à craindre dans la LNH. Le Canadien jouait du très bon hockey et semblait sur une lancée avec deux victoires d’affiliée avant son départ de Montréal.

Le lendemain, Michel Therrien et ses hommes étaient au Colorado. Il est bien vrai que cela représentait un défi de taille contre une formation qui joue avec confiance. Cet affrontement mettait aux prises deux équipes disputant un deuxième match en 24 heures, donc il n’y avait pas d’avantage d’un côté ou de l’autre. Je voyais néanmoins une opportunité tout désignée pour Peter Budaj de se mettre de nouveau en évidence, cette fois contre son ancien club.

Bref, alors que j’anticipais une récolte de quatre points, le Canadien est de retour bredouille de son court séjour. De se montrer incapable d’obtenir le moindre point dans ce genre de circonstances pourrait venir hanter le Tricolore dans une éventuelle course aux séries. Ils doivent toutefois réenfiler leurs bottes de travail, et cela commence mardi à domicile contre les Blues de Saint Louis.

La patience a ses limites

Le rendement de David Desharnais demeure l’un des sujets d’actualité les plus chauds entourant le Canadien. À mon avis, le Québécois n’est pas sur la corde raide en dépit de ses ennuis après 15 rencontres. Cependant, Michel Therrien sait pertinemment que David n’est pas en mesure de livrer la marchandise offensivement sur l’un des deux premiers trios. Et si l’on considère qu’avec son gabarit, il ne peut pas réellement contribuer en tant qu’attaquant défensif ou dans un rôle d’agitateur, il aura fort à faire pour réintégrer sa place habituelle.

Ce n’est pourtant pas le nombre de chances de se racheter qui ont manqué pour Desharnais. Therrien s’est montré patient à son égard, mais il se doit de trouver des solutions. L’une des pistes de solution identifiées a été de muter Alex Galchenyuk au centre, lui qui a évolué principalement à l’aile gauche depuis qu’il s’est taillé un poste à Montréal, la saison dernière.

Je trouve cette décision quelque peu surprenante, mais je comprends la réflexion du groupe d’entraîneurs. Il est vrai que c’est la position naturelle du jeune attaquant, mais je m’attendais à ce qu’on lui confie cette responsabilité graduellement. Au lieu de transiger, on a opté de voir si le poste de Desharnais pouvait être comblé à l’interne. Ce qui est rassurant, c’est qu’on a bien entouré Galchenyuk en lui donnant Max Pacioretty et Brendan Gallagher comme ailiers. Il est bourré de talent et possède le physique de l’emploi afin de réussir comme centre.

Si Galchenyuk donne raison à son entraîneur, c’est aussi Lars Eller qui va se retrouver perdant dans l’équation. Le centre danois pivotait un trio qui fonctionnait, mais qui doit maintenant être démembré.

Après les retours au jeu de Pacioretty et Parros, deux autres attaquants semblent sur la bonne voie vers un retour dans la formation. En effet, Daniel Brière et Brandon Prust ont tous deux patiné lundi matin au Complexe Bell, à Brossard. Dans le cas de Brière, sa progression est encourageante, mais il faut faire preuve de prudence quant au traditionnel protocole suivant une commotion cérébrale. Des maux de tête ou d’autres types de symptômes peuvent survenir.

Quant à lui, Prust a connu un excellent entraînement. Il a poussé la note et semble en très bonne forme. Un retour d’ici une semaine me semble un scénario envisageable dans son cas.

Un spectacle désolant

Je ne me suis jamais caché d’avoir un intérêt pour le hockey robuste. Lorsque le contexte s’y prête, une ou deux bagarres font partie du jeu. Toutefois, je ne cautionne pas les débordements qui ont eu lieu à Philadelphie, vendredi soir. La bagarre du gardien Ray Emery avec son vis-à-vis Braden Holtby après le septième but des Capitals et la folie qui s’en est suivie n’est certainement pas le bon exemple à donner aux jeunes hockeyeurs.

La philosophie des Flyers pour l’emporter est rendue dépassée. Ce genre de culture d’équipe ne donne plus les résultats obtenus autrefois. Ils ne gagneront rien ainsi, et je suis particulièrement déçu pour les joueurs de talent comme Claude Giroux, Vincent Lecavalier et Sean Couturier, qui sont prisonniers de ce style de jeu qui ne leur convient simplement pas.

Si le club arrive à se concentrer sur la recette qui leur permettrait de gagner, je ne crois pas que l’équipe de Craig Berube soit une cause perdue. Leur niveau de jeu n’est pas aussi mauvais que leur dossier le suggère. Il est toutefois facile d’être pessimiste lorsqu’on évalue leur situation entre les poteaux. Trop souvent, les Flyers ont tenté de colmater les brèches à cette position, sans grand succès. Cette saison n’y fait pas exception, avec deux gardiens de calibre no 2 en Ray Emery et Steve Mason.

Les Sénateurs d’Ottawa représentent une autre équipe de l’Association Est dont la première portion du calendrier a été décevante. Leur fiche de 4-6-4 est attribuable en partie aux performances de Craig Anderson. L’an dernier, il a été époustouflant à répétition. Plusieurs soirs, il allait chercher deux points grâce à son brio. Bien qu’il n’ait pas été mauvais après 14 matchs, il ne fait plus la différence. C’est toutefois un grand soulagement pour l'organisation d’apprendre que la blessure de leur gardien étoile n’est pas aussi grave qu’on le croyait de prime abord.

Dans un deuxième temps, je crois que l’absence de l’âme de l’équipe, l’ex-capitaine Daniel Alfredsson se fait énormément ressentir. Bobby Ryan est un marqueur talentueux, mais il ne possède pas certains des attributs d’Alfredsson, notamment son leadership. Encore à ce jour, j’arrive mal à m’expliquer pourquoi la haute direction des Sénateurs n’a pas tout mis en œuvre pour qu’il termine sa carrière dans la capitale. À la défensive, on accorde trop de lancers et c’est un aspect qui doit inquiéter Paul MacLean. On aura beau dire ce qu’on voudra au sujet des carences défensives de Sergei Gonchar, je suis d’avis qu’il formait un formidable duo avec Erik Karlsson. Son apport manque à l’équipe.

Finalement, s’il y a une équipe dans la LNH qui ne dérougit pas, c’est bien l’Avalanche du Colorado, avec son dossier éclatant de 12-1-0. Je les regardais patiner et exécuter à perfection le plan de match de Patrick Roy samedi soir, et il m’apparaît évident que cette équipe a les éléments pour continuer de gagner. Le groupe de défenseurs est très peu connu des amateurs et représentait assurément le principal point d’interrogation. Pourtant, le système implanté par les entraîneurs et l’engagement de chacun à travailler en unités de cinq fait bien paraître le groupe d’arrières. C’est un club qui regorge de talent offensif et qui joue avec une bonne dose de confiance.

*Propos recueillis par Maxime Desroches