BUFFALO – Dans l’univers imprévisible du repêchage, Evan Fitzpatrick aurait difficilement pu demander mieux comme conclusion. En effet, le gardien du Phoenix de Sherbrooke a été accueilli par nul autre que Martin Brodeur à la table des Blues de St Louis.

Dans son rôle d’adjoint au directeur général, Brodeur en a profité pour s’impliquer dans le repêchage. L’ancienne vedette de la LNH a eu son mot à dire dans cette sélection ce qui serait suffisant pour flatter l’ego de n’importe qui. Bien sûr, ce n’est pas tous les jours que l’un des meilleurs gardiens de l’histoire appose son sceau d’approbation sur une candidature.

Certes, Fitzpatrick a dû patienter jusqu’à la conclusion de la deuxième ronde (le 59^e rang pour être exact) pour effacer les craintes dans son esprit. Par contre, il a été repêché par une organisation particulièrement attirante pour les gardiens qui nécessitent plus de temps pour leur développement. De plus, Brodeur pourra offrir sa contribution afin de faciliter ce travail de longue haleine.

En plus de le voir à l’action quelques fois, Brodeur s’est tourné vers une source privilégiée pour forger son opinion sur le cerbère originaire de Terre-Neuve-et-Labrador.

« J’ai eu la chance de le regarder quelques fois et j’ai appelé Jocelyn Thibault pour en savoir plus sur lui. On l’avait bien aimé et on était content qu’il n’ait pas été choisi avant notre tour », a commenté Brodeur, samedi, au terme de la ronde finale.

Thibault, qui œuvre comme directeur général du Phoenix après sa carrière de 14 saisons dans le circuit Bettman, a proposé un portrait qui a plu à la formation du Missouri.

« C’est seulement le temps qui pourra nous dire quel gardien il deviendra (à son apogée), mais les Blues ont vu un beau potentiel en lui. Il a encore des choses à corriger dans sa technique et ce serait anormal que ce ne soit pas le cas. Par contre, ce qui va l’aider, c’est qu’il s’agit d’un gardien très combatif et travaillant », a décrit Thibault au RDS.ca.

« C’était vraiment intéressant d’en discuter avec Martin parce qu’il connaît, évidemment, très bien l’univers des gardiens. On pouvait se rejoindre très facilement dans la conversation », a noté Thibault qui reçoit plusieurs appels de ce type.

Comme ce dernier l’a fait remarquer dans la conversation, les joueurs qui arrivent du même coin que Fitzpatrick accusent souvent un recul à rattraper sur leurs pairs. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’athlète de six pieds trois pouces et 222 livres a quitté sa province natale avec sa mère. Ils ont accepté le sacrifice de se séparer du père de famille et du petit frère d’Evan pendant environ un an pour favoriser sa progression.

Ce geste courageux a pris tout son sens cette saison – sa deuxième dans la LHJMQ – quand le Phoenix a fini par miser sur lui.

« En deuxième moitié de saison, on a décidé d’y aller jusqu’au bout avec lui et il en a grandement profité dans son développement. Ça lui a également permis de gagner en confiance de façon considérable », a relevé Thibault.

Cet investissement de la part du Phoenix a raffermi le statut de Fitzpatrick qui était considéré comme le meilleur espoir en Amérique du Nord parmi les gardiens.

« On recherche les joueurs qui peuvent se démarquer. Dans son cas, il a assez de potentiel pour devenir un gardien numéro un. Il a été confronté à des tonnes de lancers dans quelques matchs et il s’est très bien débrouillé », a vanté Bill Armstrong, le directeur du recrutement amateur des Blues.

À preuve, les statistiques démontrent qu’il a reçu 35 lancers ou plus dans 14 de ses 46 matchs complets en saison régulière.

Ce mandat de travail a rapporté des dividendes même si la patience a été requise. Au final, Fitzpatrick a été le quatrième gardien à être choisi et le troisième du continent nord-américain. Cependant, lui et les trois gardiens précédents (Carter Hart, Tyler Parsons et Filip Gustavsson) ont entendu leur nom respectif en l’espace de 12 sélections.

« On souhaite toujours sortir un peu plus haut, mais je me réjouis avant tout qu’une équipe aime mon potentiel. Je veux profiter de cette occasion au maximum et impressionner les dirigeants dès le camp d’entraînement », a exprimé Fitzpatrick avec lucidité.

Du Price et du Brodeur en lui? 

Le boulot de Fitzpatrick ne s’est pas arrêté là, il a également hérité du poste de gardien numéro un pour le Canada au Championnat mondial des moins de 18 ans où il a été épié par plusieurs dirigeants dont Brodeur.

« Ce fut une année assez folle, je ne pensais pas être partant pour Équipe Canada. Je suis devenu plus confiant au fil de la saison grâce à tout ce qui est arrivé », a reconnu le rouquin qui était enchanté d’avoir pu échanger avec Brodeur, l’une de ses inspirations d’enfance.

À la suite de la transaction expédiant Brian Elliott aux Flames de Calgary, Fitzpatrick espérait que les Blues allaient retenir ses services.

« Quand c’est arrivé, je me suis dit que ça pourrait m’ouvrir une porte avec eux. Je suis heureux que ce soit arrivé », a précisé Fitzpatrick qui connaît légèrement Jake Allen, le nouveau gardien numéro un des Blues, pour l’avoir rencontré à certaines occasions dans les Maritimes.

Pour un ensemble de raisons et une belle coïncidence, Thibault évalue que Fitzpatrick a abouti à l’endroit rêvé pour lui.

« Par un drôle de hasard, Evan me fait penser à Martin à certains égards, dont la combativité, devant son filet. Je ne parle pas de son jeu pour contrôler la rondelle puisqu’Evan ne lui ressemble pas là-dessus, mais vraiment dans son travail de gardien. Je perçois aussi un peu de Carey Price dans son allure devant le filet », a mentionné Thibault en pesant ses mots pour ne pas créer d’attentes démesurées.

Rien à craindre à ce sujet puisque Fitzpatrick, lui-même, observe des similitudes avec Price dans son répertoire.

« J’aime me dire que je ressemble un peu à Price. Il est calme, cool et agressif en même temps dans son jeu; il est tout ce que je voudrais devenir », a admis Fitzpatrick qui espère changer le plan des dirigeants d’Équipe Canada Junior qui ne l’ont pas invité au camp estival de développement qui se tiendra du 30 juillet au 2 août.