Réunion des directeurs généraux : contestations, expansion, suspension
LNH mardi, 19 nov. 2019. 20:44 samedi, 14 déc. 2024. 23:53TORONTO - Les images de Matt Calvert étendue sur la patinoire après avoir reçu une rondelle au visage pendant que les Canucks réduisaient l'écart à un but aux dépens de l’Avalanche du Colorado, samedi, et de Garnett Hathaway qui a craché au visage d’Erik Gudbranson lors d’une mêlée qui a éclaté pendant le duel Capitals-Ducks à Washington, dimanche, entachent un premier quart de saison plus qu’intéressant pour la LNH.
Les deux dossiers ont d’ailleurs fait l’objet de discussions mardi, à Toronto, dans le cadre de la première réunion des directeurs généraux de la saison.
Garnett Hathaway devra répondre de son geste mercredi. Colin Campbell, l’adjoint au commissaire Bettman qui est responsable des opérations hockey, l’a convoqué afin d’obtenir sa version des faits avant d’imposer une sanction à l’attaquant des Capitals.
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« Je dois entendre sa version avant de déterminer s’il fera l’objet d’une suspension ou s’il s’en tirera avec une amende. Mais il y aura des répercussions c’est certains. Les faits sont indisputables. On voit clairement ce qui est arrivé », a convenu Campbell qui a croisé les journalistes dans le hall d’entrée des bureaux de la LNH à Toronto après la réunion.
« J’ai suspendu au-delà de 450 joueurs depuis que je travaille pour la LNH. J’ai entendu toutes sortes de versions des faits présentées en guise de défense. Des bonnes, des moins bonnes et des mauvaises. Mais c’est la première fois que je dois me pencher sur un cas de ce genre. Les Capitals soutiennent que Gudbranson a une part de responsabilité à assumer puisqu’il a frappé leur joueur, ce qui est vrai. Mais le geste qui retient l’attention n’a pas sa place au hockey. Il n’a pas sa place nulle part », a indiqué Campbell.
Le grand manitou des opérations hockey a dû répondre à une question pointue lorsqu’on lui a demandé si le fait d’avoir refusé de sévir à l’endroit de Brad Marchand qui avait léché le visage de Ryan Callahan dans un match Bruins-Lightning l’obligeait à faire preuve de clémence à l’endroit de Hathaway.
Campbell n’a rien répondu.
La prévention doit prévaloir
Dans le dossier Calvert, les analyses sont plus nuancées.
« On demande à nos arbitres de laisser aller le jeu lorsqu’un joueur est blessé par souci d’équité à l’endroit de l’équipe en possession de la rondelle. On ne veut pas qu’un joueur feignant une blessure prive l’équipe adverse d’une occasion de marquer, voire d’un but », a ajouté Campbell.
Bien que l’esprit du règlement soit compréhensible, l’arbitre en chef Stephen Walkom convient que ses officiels doivent faire preuve de plus de jugement qu’ils en ont démontré samedi.
« La sécurité des joueurs doit primer sur tout. Le règlement stipule que les arbitres ou même les juges de lignes peuvent stopper le jeu lorsqu’ils croient que la blessure qui garde un joueur sur la patinoire est sérieuse. J’aimerais que nos arbitres tendent du côté de "doivent" stopper le jeu dans le cas d’une blessure au visage ou à la tête comme ce fut le cas samedi. Cela dit, le jeu se déroule très rapidement et il s’est écoulé beaucoup moins de temps entre le moment de la blessure et le but marqué par les Canucks que tout le monde semble le croire. Nos arbitres n’ont jamais été en mesure de pouvoir déterminer la nature de la blessure et son importance surtout que Matt Calvert a tenté de se relever, ce qui laissait croire qu’il s’en était mieux tiré », a plaidé Walkom.
Sur le jeu en question, Elias Pettersson dont le tir atteint Calvert à la tête après que l’attaquant des Avs eut tenté de bloquer la rondelle réalise immédiatement que son adversaire est mal en point. Il le pointe d’ailleurs de la main comme s’il voulait attirer l’attention des officiels et leur soumettre qu’il faudrait peut-être siffler afin de permettre qu’on lui porte secours.
Mais la séquence se poursuit et Brock Boeser marque finalement le troisième but des siens. L’Avalanche a bien sûr contesté ce but avec véhémence sans succès. Le Colorado a toutefois remporté la partie à la suite d’un but de Nathan MacKinnon en prolongation.
S’il refuse de parler de changement de règlement, Colin Campbell convient que l’application de la règle régissant le déroulement du jeu lorsqu’un joueur est blessé devrait faire l’objet d’une plus grande flexibilité de la part des arbitres et des juges de lignes.
Repêchage d’expansion
Adjoint au commissaire Garry Bettman, Bill Daly a fait le point sur le processus d’expansion vers Seattle. Il a aussi rappelé aux directeurs généraux qu’ils devront se soumettre à un repêchage d’expansion identique à celui qui a permis de former les Golden Knights de Las Vegas.
« J’ai tenté ma chance en demandant si je pouvais sauter mon tour cette fois-ci considérant le fait que j’ai donné deux joueurs – Jonathan Marchessault et Riley Smith – à Las Vegas la dernière fois et la Ligue a répondu que non », a blagué Dale Tallon à sa sortie de la réunion.
« Le système actuel est bon. Georges l’a clairement démontré en composant une équipe compétitive. Peut-être que la prochaine fois nous serons moins craintifs et que nous tenterons moins de combinaisons pour garder les joueurs qu’on ne veut pas perdre. Mais même en nous préparant bien, on perdra tous des joueurs qui sauront donner un club compétitif à Seattle », a poursuivi Tallon qui regarde l’avenir avec optimisme en Floride.
« On a fait beaucoup de changements cette année et il faut donner du temps à l’équipe de trouver son rythme. Je suis content des résultats jusqu’à maintenant, mais je suis convaincu qu’on sera encore meilleurs en deuxième moitié de saison », a conclu le directeur général des Panthers.
Adoucir les règles régissant les hors-jeu
Bien que l’idée ait été balayée du revers de la main par les directeurs généraux il y a deux ans, il est possible que la LNH reprenne les discussions visant à adoucir les règles régissant les hors-jeu.
La raison : les contestations reliées aux hors-jeu sont de plus en plus difficiles à analyser.
« Les joueurs sont tellement meilleurs aujourd’hui qu’ils ne l’étaient dans mon temps, et je peux me permettre d’y aller de ce commentaire, car je jouais à l’époque et que j’étais loin d’être aussi talentueux que les joueurs d’aujourd’hui, qu’il est parfois très compliqué de déterminer s’ils ont vraiment devancé la rondelle ou s’ils avaient, ou non, le contrôle de la rondelle en passant la ligne bleue », a insisté Campbell.
Le responsable des opérations hockey a d’ailleurs fait référence à un but marqué par les Bruins de Boston aux dépens du Canadien, but qui a été refusé après une longue analyse suivant la contestation de Claude Julien.
« Ce jeu est très intéressant, car il ouvrait la porte à beaucoup de discussions sur la nature de la possession de la rondelle. Les gars sont capables de contrôler la rondelle avec leurs patins ce que Charlie Coyle a fait lors de son entrée en zone du Canadien. Ils font maintenant des tours de magie avec leurs bâtons. Des choses qu’on ne voyait jamais avant. Il est peut-être temps d’adoucir les règles pour éviter de priver les équipes et les partisans de très beaux buts. On veut plus d’offensive et nous en avons depuis le début de l’année. Il faut trouver les moyens de prendre les décisions justes tout en donnant aux amateurs les buts qu’ils réclament. »
Colin Campbell croit aussi qu’il serait temps de considérer légales les entrées en zone effectuées par des joueurs dont la lame du patin survole la ligne bleue sans pour autant être en contact avec la glace.
« Je sais qu’on a écarté cette proposition il y a quelques années, mais des directeurs généraux sont revenus à la charge cette année. Comme dans tous les dossiers, je leur demande de retourner parler avec leurs coachs pour obtenir leurs positions et nous en reparlerons au printemps », a conclu Campbell.
À la mémoire de Jim Gregory
Parallèlement aux discussions tenues mardi, les directeurs généraux ont voté unanimement en faveur d’associer le nom du regretté Jim Gregory au titre de directeur général de l’année.
Gregory, qui est décédé au début du mois, a été directeur général des Maple Leafs de Toronto avant de travailler pour la LNH.