MONTRÉAL – Frédérik Gauthier s’est présenté au camp de développement des Maple Leafs de Toronto, son deuxième depuis que l’équipe en a fait son choix de première ronde en 2013, libéré d’une tonne de pression.  

L’été dernier, les premiers coups de patin de Gauthier dans l’uniforme des Leafs n’avaient été qu’un événement parmi tant d’autres dans un agenda rempli à capacité. Même pour de larges et solides épaules surplombant une carcasse de 6 pieds 4 pouces, la charge que s’était imposée l’attaquant de l’Océanic de Rimouski était énorme.

« Il y avait eu le combine, le repêchage et tout de suite après, le camp à Toronto. J’avais aussi vécu mon premier camp avec Équipe Canada Junior. Il y a eu beaucoup de hauts et de bas », reconnaît aujourd’hui le jeune espoir de 19 ans, de retour dans le nid familial de Mascouche après une semaine passée dans la Ville Reine.

Son début de saison en a souffert. Gauthier a marqué pour la première fois à son neuvième match et, complètement blanchi en novembre, ne revendiquait que cinq buts après deux mois et demi. Au moment de s’envoler pour la Suède pour participer au Championnat mondial junior, il n’avait trouvé le fond du filet que sept fois en 29 parties.

 « Il avait beaucoup de hockey dans le corps avant même que la rondelle ne tombe pour son premier match de la saison. À son arrivée, il était mentalement fatigué et ça a été plus difficile au début, surtout au niveau de l’énergie. C’était palpable qu’il avait besoin d’un peu de repos », se souvient l’entraîneur de l’Océanic, Serge Beausoleil.

Ce n’est qu’après les Fêtes, après avoir vécu la déception d’une quatrième place avec l’équipe nationale, que l’imposant joueur de centre a repris des couleurs.

« C’est comme si sa participation au Mondial junior l’avait revitalisé. Il a joué de l’excellent hockey après Noël. Il a été le Frédérik Gauthier que l’on veut voir », simplifie Beausoleil.

Entre le 21 février et le 7 mars, Gauthier a marqué au moins un but dans sept matchs consécutifs. Il a terminé la saison avec une récolte de 52 points en 54 parties, un rendement supérieur à l’année précédente, et en a ajouté neuf en onze matchs de séries éliminatoires.

« J’avais de l’énergie, j’étais prêt et ma concentration était dirigée à la bonne place », note-t-il.

Libéré des engagements qui avaient précédé son entrée dans la famille élargie de la Ligue nationale, Gauthier a transporté cette légèreté dans l’entre-saison. Outre sa présence au camp de développement des Maple Leafs, il a à peine chaussé les patins depuis l’élimination de l’Océanic aux mains de l’Armada de Blainville-Boisbriand.

 Frédérik Gauthier« C’est sûr qu’il y a beaucoup de pression de partie. J’ai pris le temps de me reposer aussi, de m’amuser. Cette année, je vais arriver moins fatigué et plus prêt », promet-il.

Un flair offensif à développer

Il y a un an, les Maple Leafs ont repêché Gauthier avec le 21e choix de la première ronde. Juste avant, au 20e rang, les Red Wings de Detroit avaient utilisé leur droit de parole pour sélectionner Anthony Mantha.

Les comparaisons sont invitantes. Deux joueurs québécois repêchés successivement au sein d’une glorifiante cuvée pour la LHJMQ, chacun doté d’un physique intimidant.

Mais ne tombez pas dans la facilité : Frédérik Gauthier n’est pas, et ne sera jamais, Anthony Mantha.

« Ce sont deux joueurs totalement différents, insiste Beausoleil. Il y en a un qui excelle à contrer les meilleurs trios adverses, qui est en quelque sorte un troisième défenseur dans sa propre zone, tandis que l’autre est un prolifique marqueur. De toute façon, avec la saison incroyable que vient de connaître Anthony, bien des joueurs souffriraient d’être comparés à lui. »

Beausoleil voit clair. C’est la capacité de son jeune élève à reproduire l’excellence de son jeu défensif au niveau supérieur qui définira l’étendue de sa carrière dans la LNH. Mais le pilote de l’Océanic demeure convaincu que son attaquant de puissance, auteur de 40 buts en deux saisons au niveau junior, possède un instinct offensif qui ne demande qu’à être libéré.

« Je pense qu’il est capable de développer encore davantage son talent en attaque. C’est un gars tellement puissant, qui possède de belles aptitudes. Il accorde énormément  d’importance à son jeu sans la rondelle et ça demeurera toujours son identité, mais il peut faire des transitions très rapides, se servir de son tir et converger davantage au filet. »

Gauthier, timidement, ne réfute pas les observations de son coach.

« Je dois continuer de travailler sur mon jeu offensif. C’est peut-être mon état d’esprit, des petits détails que je devrais changer au lieu d’être porté à rester en arrière », concède celui qui se présentera au prochain camp d’entraînement des Leafs avec l’intention de débuter la saison dans la LNH.