Emballé de revenir derrière un banc de la LNH – et de rentrer au Canada après une absence de sept ans - Guy Boucher a présenté un aperçu de sa vision pour relancer les Sénateurs d’Ottawa alors qu'il sera épaulé par l'entraîneur associé, Marc Crawford.

« C’est un défi extraordinaire que j’ai hâte de relever », s’est empressé de dire l’entraîneur dont la présence à Ottawa risque de rendre la rivalité avec le Canadien encore plus intéressante.

Le directeur général, Pierre Dorion, qui a fait du choix de Boucher sa première décision d’envergure dans ce poste, s’est dit convaincu par l’entraîneur dès leur première rencontre. Cette réunion initiale a duré autour de quatre heures alors que la deuxième a frôlé huit heures d'entretien !

« Sa première impression a été très forte. Guy amène de la passion, de la motivation et des connaissances. J’apprécie son habileté à communiquer la façon dont on doit jouer pour obtenir du succès », a mentionné Dorion.

À la fin du point de presse, Dorion a saisi l’occasion de lancer un message. Il a voulu spécifier que Boucher était le premier choix des dirigeants de l'organisation alors que certaines spéculations avaient laissé croire que Bruce Boudreau avait échappé aux Sens.

Quant à Boucher, il s’est assuré d’expliquer qu’il accordera un grand soin à redorer le travail défensif, mais sans diminuer les atouts offensifs de sa formation.

À l’extérieur du Québec, Boucher est souvent considéré comme un entraîneur défensif en raison de son système 1-3-1, prôné avec le Lightning, qui avait mené aux images frappant l’imaginaire contre les Flyers de Philadelphie.

Pourtant, l’entraîneur québécois s’est toujours démarqué par ses enseignements offensifs.

« Je suis un gars offensif, bien plus que défensif, c’est pour ça que c’est assez ironique. Oui, mes équipes sont structurées défensivement, mais c’est mon offensive qui m’a fait gravir les échelons. Je me situe toujours dans le haut du classement pour ça. Il faut balancer les choses, mais sans faire baisser l’attaque. Il faut jouer selon les forces du club, mais tu ne peux plus être un entraîneur strictement offensif ou défensif aujourd’hui », a exposé Boucher qui avait failli être engagé par les Maple Leafs et les Devils l'an dernier.

« Présentement, la force de l’équipe, c’est l’attaque. On veut aussi s’améliorer en défense, mais ça ne se fait pas du jour au lendemain. Ça exige du temps, mais tu peux cacher des faiblesses avec une structure très ferme », a révélé Boucher à propos des Sens qui ont terminé la saison au 29e échelon pour les buts alloués.

« Le processus a été très positif »

La mission de Boucher sera de relancer les Sénateurs qui ont conclu la saison 2015-16 au 11e rang de l’Association Est. Il s’est attardé à dire que sa préoccupation ne situe pas au niveau du système à implanter, mais plutôt sur l’objectif de mener les joueurs à un niveau supérieur dans leur rendement.

« La clé, ce n’est pas dans les «X» et «O» ni dans le système, c’est individuellement, comment on va faire pour améliorer les joueurs pour développer la chimie et une cohésion d’équipe. Ce qui importe, c’est comment on va gérer les individus. Je change souvent de système, on ose et on s’adapte. Les systèmes, ce n’est pas une baguette magique », a jugé l’entraîneur de 44 ans qui était aux commandes du SC Berne en Suisse.

Au fil des prochaines semaines, il passera donc beaucoup de temps à rencontrer les joueurs des Sénateurs pour apprendre à les connaître. Celui qui a notamment étudié en psychologie a déjà été l’entraîneur de Mike Hoffman (avec les Voltigeurs de Drummondville) ainsi que Dion Phaneuf et Marc Methot (aux Championnats du monde).

« Je vais demander à plusieurs jeunes vétérans d’assumer plus de responsabilités », a raconté Boucher en avançant que la présence de Clarke MacArthur et Phaneuf pour la saison entière sera salutaire.

Établir la recette autour de Karlsson

Sans surprise, il a été invité à dévoiler ses intentions avec Erik Karlsson, la pierre angulaire du club. Boucher a raconté qu’il voulait établir le style de l’équipe autour de ses atouts. Par le passé, il a eu du succès à diriger des joueurs de premier plan comme Steven Stamkos.

Chose certaine, il n’entend pas changer Karlsson.

« Les joueurs qui sont ici ont atteint la LNH grâce à certains atouts. Il faut reconnaître leurs forces d’abord au lieu de trop se concentrer sur les lacunes. Il est un défenseur offensif fantastique, c’est le meilleur de la LNH. Il faut apprécier ça et pousser ton équipe selon ses forces. Est-ce qu’il doit évoluer dans certains aspects de son jeu ? Certainement, mais c’est le cas de tous les joueurs », a expliqué Boucher qui raffole de la vitesse du Suédois.

Guy Boucher« J’ai été chanceux diriger plusieurs étoiles. Ils sont différents parce qu’ils veulent l’être, ils désirent en faire plus. Il ne faut pas leur enlever ça, ils perdraient ce qui leur permet de se démarquer », a-t-il enchaîné.

Afin d’encadrer Karlsson et ses coéquipiers, Boucher sera épaulé par Crawford, un entraîneur d'expérience. Selon ses dires, le Québécois a obtenu la confiance entière des Sénateurs pour choisir ses adjoints et il s’est empressé de se tourner vers lui.

« Pierre m’a confié la liberté d’embaucher mes adjoints, on a rapidement fait les démarches pour l’un d’eux. C’est un homme que j’avais en tête depuis deux ans pour le moment que je reviendrais dans la LNH. Je m’étais promis de travailler avec lui », a révélé Boucher.

« Dès que j’ai eu le poste, j’ai appelé Marc. Je suis extrêmement heureux de pouvoir l’avoir à mes côtés », a poursuivi l’entraîneur.

Le choix de Crawford en a fait sursauter certains puisqu’il se classait parmi les candidats pour l’emploi. À ce sujet, Boucher s’est empressé de rappeler qu’il a toujours voulu être entouré de personnes fortes, des meneurs.

Tout comme Boucher, Crawford s’est expatrié en Suisse pour découvrir de nouveaux horizons et remarquer d’autres tactiques pour se démarquer dans la LNH. Boucher admet que ce séjour en Europe a été bénéfique à quelques égards.

« Ce n’est jamais facile de remporter la coupe Stanley, mais est-ce que j’ai plus d’outils ? Absolument. Avec les gens rencontrés, plus de recul, ma capacité d’adaptation améliorée et le fait d’avoir vu d’autres choses. Ça nous donne une différente perspective. Mais, à ma première année, on était quand même à six minutes de la finale de la coupe Stanley », a noté Boucher en soupesant le tout.

D’après les informations obtenues, Boucher songerait à se tourner vers Léo Luongo, le frère de Roberto, pour dirigeants les gardiens de l’organisation.

Excité pour sa femme et ses enfants

Fidèle à son discours axé sur les personnes, Boucher a exprimé le grand bonheur ressenti par sa famille qui revient à la maison.

« C’est un honneur et un énorme privilège de revenir dans la LNH, la meilleure ligue au monde. C’est aussi gros pour notre famille de revenir au Canada après une absence de sept ans. Mes enfants ne savent pas c’est quoi vivre au Canada, ils sont très excités de se rapprocher de la famille, on vit un rêve », a témoigné l’excellent orateur.

« Un honneur et un privilège »

« J’ai adoré ce qu’on a vécu à Tampa et en Suisse. C’était merveilleux en Europe, on a vu des endroits magnifiques, mais tu n’es pas chez vous et, dans la vie, on s’attache aux gens. On s’ennuie des gens de chez nous », a avoué l’homme qui a étudié à l’Université McGill.

Boucher s’est également réjoui pour sa femme, une diplômée universitaire qui pourra retourner sur le marché du travail après les restrictions américaines et européennes.

« Elle a le droit d’avoir ses rêves et ses occupations », a-t-il précisé.

Entraîneur de caractère, Boucher se dit prêt pour la réalité canadienne qui implique une analyse de toutes ses décisions.

« J’ai toujours pris le temps d’expliquer, je ne me sauve pas. Je vais l’admettre si c’était une erreur de ma part », a déclaré Boucher, sans détour.

« Il faut exploiter les forces »