Surprise sur prise! Telle fut ma première réaction lors de l’embauche de Guy Boucher à titre de nouvel entraîneur-chef de la formation ottavienne au printemps dernier, alors que plusieurs s’attendaient davantage à la nomination d’une plus grosse pointure.

Nomination audacieuse, voire courageuse pour certains, et ce, peu importe le processus qui a finalement mené le directeur général Pierre Dorion à opter pour Boucher. De plus en plus, de jours meilleurs semblent se pointer à l’horizon pour cette organisation qui en a grandement besoin à la suite des différents obstacles vécus lors des dernières années.

Homme de hockey passionné et obsédé par la « game », Boucher, bien épaulé par son personnel, démontre une bonne maitrise de la situation actuelle, et cela va bien au-delà de la fiche plus que positive de son club (29-18-6; 64 points). Il semble définitivement avoir apporté les correctifs nécessaires au système de jeu de la formation. 

Dès le début de la saison, Boucher a dû composer avec quelques gros défis. On parle ici de l’absence du vétéran gardien de but Craig Anderson (raisons personnelles), jumelée à la perte de l’expérimenté Clarke MacArthur (commotion). Tout ça, dans un contexte où la notion de profondeur en attaque représentait déjà un maillon faible de l’organisation.

Or, la discipline, la rigueur, le respect des règles de fonctionnement et le respect des structures établies par le personnel en place auront permis aux Sénateurs de redresser la barque. On a pu remarquer que la discipline au niveau du concept d’équipe avait préséance sur les objectifs et statistiques individuels.

Aussi, l’abandon du « je » pour le « nous » dans l’acceptation des rôles et responsabilités de certains joueurs qui ont dû laisser leurs intérêts personnels à l’extérieur de la porte du vestiaire dans le but de retrouver un niveau de respectabilité plus acceptable. 

Voilà donc le message déployé dans ce vestiaire qui place aujourd'hui les Sénateurs au plus fort de la lutte pour une place en séries éliminatoires, et même pour le premier rang de la division Atlantique.

Même s’il est encore loin de la coupe aux lèvres, Boucher a su marier l’eau et le feu d’une si belle façon qu’il nous a prouvé jusqu’ici que l’expérience acquise lors de son premier passage dans la Ligue nationale (Tampa Bay) semble l’avoir bien servi et surtout semble l’avoir fait grandir en tant qu’humain et entraîneur-chef.

Craig AndersonCraig Anderson : à travers les épreuves !

Cette saison, le vétéran gardien de but Craig Anderson a dû faire face à plusieurs épreuves au niveau personnel et on peut dire que jusqu’ici, il a su faire preuve d'une grande détermination, de professionnalisme et surtout de courage.

C’est quand un être humain traverse une période difficile que l’on peut découvrir ce qu’il vaut vraiment. C’est un peu dans cet esprit que le vétéran gardien de but aura répondu présent lors de son retour à la compétition samedi soir dernier en signant son quatrième jeu blanc de la saison.

Inactif depuis le 5 décembre dernier en raison de l’état de santé de son épouse, le principal concerné ne pouvait trouver meilleure façon de renouer avec l’action dans cette victoire de 3-0 des siens, à domicile.

Devant ses propres partisans, qui l’ont chaudement applaudi lors de la sélection des étoiles, Anderson ne pouvait certainement pas choisir meilleur scénario pour démontrer sa grande force de caractère.

En laissant Anderson placer sa famille au premier plan et au cœur de ses préoccupations, la haute direction des Sénateurs a fait preuve de grand professionnalisme et respect dans la gestion de ce dossier.

En respectant le processus du retour d’Anderson à la compétition, en le plaçant dans des conditions optimales, tant au niveau technique que psychologique – question de lui redonner confiance – on peut dire que l’objectif aura été atteint.

C'est sans compter l’acquisition des services de Mike Condon, des Penguins de Pittsburgh. Ce dernier aura été fort possiblement un des éléments le plus « fort » dans le message que l’organisation a envoyé envers la famille Anderson dans la façon d’adresser cette épreuve de la vie. Les Sénateurs auront ainsi démontré que les priorités organisationnelles se situaient au même niveau que celle de la famille.

Bobby RyanLe défi Bobby Ryan

Énigmatique, sélectif au niveau de l’effort,  pressenti comme le plus gros défi pouvant se dresser pour le nouvel entraîneur-chef Guy Boucher suite à sa nomination selon plusieurs observateurs : voilà le personnage Bobby Ryan.

Boucher semble vouloir prendre le taureau par les cornes dans ce dossier, tout ça dans le but de rendre plus que responsable celui qui a connu son heure de gloire lors de son association avec les Ducks d’Anaheim.

L’acquisition de Ryan aura été faite dans un contexte d’« action-réaction » et a été perçue par plusieurs comme un geste de panique de la part de l’ancienne administration des Sénateurs, à la suite du départ surprise de Daniel Alfredsson en direction de Detroit. On a ainsi voulu mettre le couvert sur la marmite devant la grande insatisfaction des partisans de la capitale nationale.

Ryan, auteur de quatre saisons de 30 buts et plus entre 2008 et 2012 au sein de la formation californienne, représente sans surprise l’une des plus grandes déceptions dans le camp des Sénateurs depuis leur retour à l’ère moderne.

Le plus haut salarié de l’équipe semble être le « nouveau défi individuel » que l’entraineur-chef Boucher s’est fixé pour les prochaines semaines. Il ne semble pas voir Ryan comme un souffre-douleur comme certains pourraient l’interpréter.

En le positionnant au sein de l’unité composée de Tom Pyatt et de Jean-Gabriel Pageau lors de l’affrontement face aux Islanders de New York, comme l’avait vécu Mike Hoffman au cours des dernières semaines, le message ne pouvait être plus clair : on veut responsabiliser Bobby Ryan.

Utilisé sur un trio dit « check line » et opposé à l’unité composée de Lee-Tavares-Bailey dans la victoire de 3-0 des Sénateurs samedi soir dernier, Ryan aura été efficace dans son rôle, à défaut de produire offensivement sur une base régulière.

Boucher et ses acolytes espèrent que Pyatt et Pageau, tous deux servis par une éthique de travail irréprochable et dotés d'un sens de l’engagement total dans les deux sens de la patinoire, auront un effet d’entraînement à court terme sur le principal concerné.

Donc, la volonté de transformer cette faiblesse en force au niveau de l’engagement et de l’effort semble être le nouveau cheval de bataille de Boucher. Tout ça dans l’objectif de rendre Ryan – ce vétéran d’expérience – utile à la formation ottavienne dans ce dernier droit du calendrier régulier.

Or, il s’agit d’un défi de taille qui fera appel à la patience et à un niveau de rigueur soutenu. Boucher devra clairement définir l’acceptable et le non acceptable afin d’atteindre l’objectif visé, soit de relancer la carrière d’un athlète qui est toujours à la recherche de sa réelle identité en tant que joueur. Disons que l’élément de la confiance en soi a toujours représenté le talon d’Achille pour Ryan, et ce, depuis plusieurs saisons.