Surplus de bons candidats
Canadiens vendredi, 17 mai 2013. 18:03 mercredi, 11 déc. 2024. 16:38On ne perdra pas de temps mes amis : Michel Therrien était mon premier choix comme entraîneur de l’année dans la Ligue nationale de hockey ! Je considérais sérieusement que le redressement spectaculaire du Canadien de Montréal, dont il fut le chef d’orchestre sur le terrain, lui valait bien cette reconnaissance, surtout quand on connaît toute la pression supplémentaire qui existe dans le marché montréalais.
Mais honnêtement, il y avait aussi quantité d’autres excellents candidats qui rendaient le processus de sélection extrêmement difficile cette année, voire même déchirant car il fallait forcément en laisser quelques-uns de côté. Mais justement, parlons-en du processus de sélection pour l’attribution Jack-Adams.
Soulignons d’abord qu’il s’agit du seul honneur à être décerné par l’Association des diffuseurs de la LNH, dont les membres proviennent exclusivement des différents réseaux qui présentent les matchs dans leurs marchés respectifs. Ainsi Marc Denis et moi sommes membres de l’Association, tout comme nos collègues des deux radios qui assurent la retransmission des rencontres du Canadien et à ce titre, nous sommes invités à voter pour le trophée Jack-Adams. Jusqu’ici, seuls les descripteurs et analystes pouvaient revendiquer le droit d’être membres de l’Association mais dès la saison prochaine, les animateurs permanents (comme Alain Crête par exemple) seront aussi admis au sein du groupe et auront droit de vote.
Nous recevons donc un bulletin de vote en bonne et due forme de notre association quelques jours avant la fin de la saison. On y inscrit tout simplement le nom des trois candidats que nous considérons les plus méritoires, en ordre décroissant. Ainsi, lors de la compilation, cinq points sont accordés aux premiers choix, trois aux deuxièmes et un aux troisièmes. Les bulletins sont recueillis par les chapitres régionaux de l’ADLNH et sont ensuite remis à une firme de comptable qui assure un décompte objectif et crédible.
Le président de notre association, Chuck Kaiton, le descripteur des matchs des Hurricanes de la Caroline à la radio, m’assure que tous les membres montréalais ont fait parvenir leur bulletin, comme il se doit. « Mais crois-le ou non, nous n’avons rien reçu du marché de Vancouver, par exemple. C’est très décevant et surtout, pas très sérieux », de dire Chuck.
Il y a donc deux côtés un peu « aléatoires » au processus. D’abord, aucun critère particulier n’est imposé aux membres et c’est pourquoi le vote va en général aux entraîneurs des équipes qui ont connu un revirement spectaculaire par rapport à la saison précédente. Le vote peut aller aussi vers une équipe qui a affiché un rendement hors norme (comme Chicago) ou vers un entraîneur qui a eu à composer avec des blessures à répétition (comme Ottawa). L’autre facteur aléatoire, c’est le fait que ce ne sont pas tous les membres qui exercent leur droit de vote et donc, certaines « régions » peuvent se retrouver ainsi avantagées ou désavantagées. Ajoutons l’absence totale de rencontres inter-conférence au cours de ce court calendrier et vous avez là un autre élément douteux en marge de l’attribution des trophées en 2013.
Fin de saison tiède
Le bulletin de vote devant être remis au plus tard entre la fin de la saison régulière et le début des séries, il est à se demander si Michel Therrien n’a pas été victime, en bout de ligne, de la mauvaise séquence de son équipe au cours des dernières semaines de la courte saison. Trois victoires et cinq défaites au cours des deux dernières semaines du calendrier, voilà qui a pu refroidir la volonté de certains membres de l’Association.
Cela dit, rien au monde ne saurait diminuer la pertinence des trois finalistes, tout comme d’autres candidats qui ont probablement été considérés sérieusement par des collègues ailleurs dans la LNH. Joël Quenneville, Paul MacLean et Bruce Boudreau ont tous respectés la définition officielle du trophée Jack-Adams, soit celle de « l’entraîneur qui a le plus contribué aux succès de son équipe ». Dan Bylsma, avec les absences répétées de ses joueurs d’impact a sûrement reçu considération. Tout comme Mike Babcock, qui a remonté une équipe des Red Wings qui devait vivre « l’après-Lidstrom ». Tout comme Randy Carlyle, qui a conduit les Leafs en séries pour la première fois depuis 2004. Tout comme Adam Oates, qui a relevé son équipe après un début de saison très difficile. Comme vous le voyez, le processus n’est pas toujours simple, surtout quand on veut y participer de façon sérieuse.
Mais revenons en terminant sur le sujet de Michel Therrien. Si jamais Brendan Gallagher remporte le trophée Calder, l’entraîneur pourra y puiser une partie du trophée Jack-Adams qu’il aurait mérité amplement. Car le travail accompli avec les jeunes joueurs du Canadien, qui a brisé une tradition établie depuis longtemps dans le cas de l’intégration des joueurs recrues, a été tout simplement remarquable. Suffisamment pour lui donner mon premier vote, en tout cas.