Bonjour mes amis,

J’ai délibérément laissé à tous mes collègues qui en ont le mandat, le soin de commenter l’incident Chara-Pacioretty au cours des 48 dernières heures. Je crois sincèrement que tout a été étalé, tout a été dit, tout a été traité dans tous les angles possibles.

Ce que je tenais à partager avec vous, cependant, c’est le sentiment horrible qui nous frappe quand on décrit en direct un tel événement. Comme vous le savez sans doute, je suis aussi descripteur de sport automobile depuis plusieurs années et j’ai eu, malheureusement, à décrire quelques accidents mortels au cours de ma carrière.

Celui d’Ayrton Senna, évidemment, a plongé l’univers de la F1 dans un deuil douloureux et je frissonne à chaque fois que je revois la scène.

J’ai eu aussi beaucoup de difficultés à retenir quelques sanglots quand Greg Moore a perdu la vie au circuit de Fontana alors que je décrivais cette course depuis les studios de RDS. Greg était un jeune homme aussi gentil que talentueux avec qui j’ai eu le bonheur de passer plusieurs heures en tant que consultant en entrevue et en élocution pour le compte de Player’s. Il y avait donc, lors de ce sombre dimanche, une dimension personnelle qui ajoutait un poids énorme dans mon âme.

Je décrivais aussi le Molson Indy de Toronto de 1996 quand Jeff Krosnoff a perdu la vie et je vous avouerai bien sincèrement que c’est immédiatement à cet accident tragique que j’ai songé quand Max Pacioretty a frappé violemment la paroi de la baie vitrée mardi dernier. La voiture de Krosnoff a été soulevée dans les airs au bout de la ligne droite le long de l’avenue Lakeshore après un contact roue à roue avec la voiture de Stefan Johansson, ce qui en soi, représente un incident duquel la plupart des pilotes sortent indemnes. Mais le destin de Krosnoff (et celui d’un commissaire de piste) allait lui refuser cette chance : en plein envol, sa voiture heurta avec une violence inouïe un poteau métallique qui s’avérait exposé, tout près d’un poste de signaleurs. Le pauvre jeune pilote est mort sur le coup, tout comme le commissaire de piste Gary Avrin, heurté par une roue de la voiture. Nous étions sidérés en studio.

Je sais très bien qu’on ne peut comparer directement ces deux univers sportifs bien différents que sont le sport automobile et le hockey. Et je sais très bien aussi que Max Pacioretty est encore bien en vie et qu’il se repose présentement chez lui. Mais honnêtement mes amis, risque pour risque, je me demande si le hockey d’aujourd’hui dans la LNH n’a pas rejoint et peut-être même dépassé le sport automobile de haut niveau. Sérieusement.

Chose certaine, pendant quelques secondes, mardi dernier, j’ai ressenti ce sentiment horrible au fond de moi-même. Ce malaise, tout près de la nausée, qui accompagne le fait de décrire la mort en direct.

Heureusement, cette fois, il y avait un ange gardien qui veillait sur la victime….