Violence et commotions : le statu quo maintenu
LNH mercredi, 11 déc. 2013. 09:22 samedi, 14 déc. 2024. 18:34La réunion des gouverneurs de la LNH s’est terminée comme elle avait commencé : dans la bonne humeur.
Les discussions reliées aux opérations hockey, les préoccupantes commotions cérébrales et les incidents violents qui ont entraîné un nombre imposant de suspensions depuis le début de l’année sont loin d’avoir gâché la fête. Même le recours collectif orchestré par d’anciens joueurs dénonçant l’apathie de la LNH face aux commotions avant qu’elles soient reconnues et identifiées comme un fléau n’est pas arrivé à atténuer le sourire que Gary Bettman a maintenu durant son séjour en Californie.
« Nous avons informé nos gouverneurs de la nature de ce recours collectif. Nous sommes tous d’avis que cette poursuite est nulle et sans avenue et que nous devrons le démontrer en nous défendant vigoureusement », a souligné Gary Bettman dans le cadre du point de presse qui a suivi la levée de l’assemblée.
Soucieux de ne pas dévoiler l’ensemble de la stratégie de défense qu’il entend présenter, Gary Bettman s’est toutefois assuré de répéter que les protocoles mis en place pour minimiser les conséquences des commotions offraient des résultats probants.
Sanctions adéquates
Principal acteur de la réunion de mardi, Brendan Shanahan est venu faire le point sur l’état des suspensions qu’il décerne depuis son entrée en fonction il y a deux ans.
Après avoir imposé une sanction de cinq matchs à James Neal, des Penguins, lundi, Shanahan a imposé deux matchs de suspension au capitaine des Maple Leafs de Toronto hier. Il devrait donner un coup beaucoup plus percutant vendredi alors qu’il recevra dans les bureaux de la LNH à New York, le dur à cuire Shawn Thornton qui a infligé une commotion cérébrale au défenseur Brooks Orpik des Penguins samedi dernier.
Shanahan a refusé de spéculer sur la durée de la sanction qu’il réserve à Thornton.
Le préfet de discipline a toutefois indiqué qu’il n’avait pas reçu le mandat des gouverneurs d’accentuer le niveau de sévérité de ses sanctions.
« Depuis que je suis entré en poste, nous n’avons pas été en mesure d’établir une tendance dans les sanctions que nous imposons. Certains mois sont plus occupés que d’autres. Certaines sanctions sont plus sévères que d’autres. Mais il y a une nette amélioration au chapitre de la conscientisation des joueurs. Il y a encore du chemin à faire, mais nous avançons », a mentionné Shanahan d’entrée de jeu.
Directeur général des Predators de Nashville, David Poile affichait le même optimisme que Shanahan.
« Nous devons encore composer avec des incidents fâcheux de temps en temps. Je ne crois d’ailleurs pas qu’il sera possible de les éliminer un jour complètement. Mais le travail amorcé depuis deux ans donne des résultats. On voit beaucoup moins d’incidents disgracieux aujourd’hui qu’on en voyait dans le hockey qualifié de hockey du bon vieux temps. Et c’est un gros plus pour le hockey et pour nos joueurs qui le pratiquent », a plaidé David Poile.
Sont-elles assez sévères pour responsabiliser les joueurs, pour les dissuader d’asséner des coups illégaux?
« Je crois que oui. Les joueurs n’aiment pas être suspendus que ce soit pour deux parties ou beaucoup plus. Ils n’aiment pas être policés de l’extérieur. Cela dit, si les gouverneurs tiennent à ce que je sois plus sévère, ils n’ont qu’à m’en faire la demande. Une demande que je n’ai pas reçue », a indiqué Shanahan.
Une demande qu’il n’est pas prêt de recevoir si l’ont se fie aux réactions des gouverneurs et des directeurs généraux.
« Le comité de discipline a un rôle important et délicat à jouer. Et à mes yeux il s’en tire très bien. On doit leur faire confiance et les laisser aller », a mentionné le directeur général des Penguins Ray Shero qui compose avec la perte de James Neal pour une suspension et celle de Brooks Orpik à titre de victime de coups répétés à la tête.
« Brendan a toute ma confiance et celle du bureau des gouverneurs. Comme il l’a mentionné aujourd’hui, nos joueurs assènent près de 55 000 mises échec dans le cadre d’une saison. De ce nombre, entre 50 et 100 posent problème et doivent faire l’objet d’analyses plus poussées et de mesures disciplinaires additionnelles. »
Matt Cooke : un exemple à suivre
En plus de faire le point sur la situation des sanctions qu’il impose, Brendan Shanahan a saisi les gouverneurs de l’importance de s’impliquer directement dans le processus d’éducation des joueurs.
Shanahan a offert le cas de Matt Cooke en exemple.
Ancien des Penguins, Cooke a multiplié les coups salauds et illégaux qui lui ont valu une flopée de suspensions. La dernière l’a contraint à rater 17 rencontres.
Depuis cette sanction, et depuis qu’il endosse l’uniforme du Wild du Minnesota, Cooke semble être un joueur transformé.
S’il est vrai que l’exemple de Matt Cooke pourrait aider la cause de Shanahan, une mesure administrative beaucoup plus vigoureuse obligerait les équipes à s’occuper beaucoup plus sérieusement des joueurs à problèmes.
Laquelle?
Une réduction des joueurs éligibles à être inscrits sur l’alignement. Au lieu de pouvoir inscrire 20 noms, une équipe devrait se limiter à 19, voire 18 dans l’éventualité que deux joueurs d’une même formation soient suspendus en même temps, pour la durée des sanctions imposées.
Cette mesure que j’applaudirais chaudement si elle devait être adoptée n’est pour le moment qu’un vœu pieux puisque les gouverneurs se disent satisfaits de la situation actuelle.
JO vs Coupe du monde
À un peu plus de deux mois de l’ouverture des Jeux de Sotchi, la Ligue nationale est convaincue que le CIO respectera toutes les exigences imposées en échange de la participation de ses joueurs au tournoi olympique.
Gary Bettman et Bill Daly ont toutefois répété que la présence des joueurs de leur circuit ne pouvait être confirmée pour les Jeux de 2018 en Corée.
Consciente que ses meilleurs joueurs tiennent à défendre les couleurs de leur pays sur la plus grande scène sportive qui soit, la LNH entend relancer le principe d’une Coupe du monde. Une compétition sur laquelle Bettman et ses gouverneurs auraient un contrôle certain au lieu d’être tenus à l’écart comme c’est le cas dans le cadre des Jeux.
Le retour d’une Coupe du monde et la décision de prolonger ou de stopper l’association LNH-CIO dans le cadre des Jeux d’hiver devront toutefois faire l’objet de négociations avec l’Association des joueurs.
Moins d’un an après la résolution d’un conflit qui a donné lieu à plusieurs duels épiques entre la LNH et ses joueurs, le vice-président Bill Daly a confirmé que le climat entre les deux parties était au beau fixe et que les deux clans faisaient preuve d’une saine collaboration dans l’un ou l’autre des neuf comités au sein desquels ils travaillent de pair.
Afin de permettre à ses meilleurs joueurs de se rendre en Russie pour les Jeux, la LNH observera une trêve de 14 jours entre les 9 et 22 février. Les joueurs laissés de côté par leurs équipes nationales respectives profiteront d’un congé jusqu’au 18 février. Dès le 19, les équipes pourront reprendre l’entraînement.
Drogues et produits dopants
Parallèlement à tous ces dossiers, la LNH et les gouverneurs ont fait le point sur les programmes de dépistage de produits dopants susceptibles d’améliorer les performances et les programmes visant à aider les hockeyeurs aux prises avec des problèmes psychologiques et/ou de consommation abusive de drogue ou d’alcool. Des programmes mis sur pied à la suite des décès par suicide des hommes forts Derek Boogaard, Rick Rypien et Wade Belak durant l’été 2011.
« Nos programmes fonctionnent, mais devaient être améliorés du côté administratif. Ils l’ont été », a simplement mentionné Bill Daly.
Confronté au fait qu’aucun hockeyeur n’ait été intercepté pour usage de produit dopant depuis Sean Hill alors qu’il terminait sa carrière avec les Islanders de New York en 2006, Bill Daly a refusé d’interpréter cette disette comme une indication que les joueurs arrivaient à contourner le système.
« Je crois au contraire que cela prouve qu’il est efficace et que nos joueurs, craignant d’être surpris par nos tests inopinés susceptibles d’être effectués 12 mois par année, refusent simplement de courir des risques en consommant ce genre de produit. »