MONTRÉAL – L’observation était juste et le plan de match à point.

À la veille du match de demi-finale d’Équipe Canada junior, l’entraîneur-chef Dominique Ducharme avait accaparé les projecteurs en relevant qu’historiquement, la Suède « trouve des façons de perdre quand les choses deviennent plus dures ». Il avait ensuite promis que son équipe allait mettre cette théorie à l’épreuve en appliquant une pression qui, l’espérait-il, allait s’avérer insoutenable pour son prochain adversaire.

Ses joueurs avaient entendu le message et ne l’ont pas fait mentir. Les Canadiens ont bombardé la meilleure équipe défensive du tournoi de 41 lancers et signé une impressionnante victoire de 5-2 qui leur a permis d’obtenir leur billet pour la finale du Championnat du monde de hockey junior, mercredi au Centre Bell.

« Je suis allé avec des faits », a rappelé Ducharme, qui n’a pas hésité à minimiser l’impact qu’aurait pu avoir sa déclaration sur le résultat du match. « C’est une bonne équipe de hockey. Ils sont bien dirigés, ils ont du talent, ils jouent bien. On savait par contre qu’on avait des chances de les battre en ronde des médailles. On est venu ici pour gagner. »

« On avait entendu entre les branches qu’il avait dit quelque chose pour les animer un peu, mais on ne s’est pas mêlé de ça. Et puis, c’est correct des fois de piquer un peu l’adversaire », a dit Gauthier, auteur d’un doublé dans un deuxième match de suite, avec un sourire en coin.

« Je ne suis pas dans la tête de Dom, mais je pense que c’était juste une réponse aux statistiques et aussi aux prévisions de certains journalistes qui croyaient qu’on était les négligés », estimait l’attaquant Mathieu Joseph.

Le Canada, qui n’a effectivement jamais eu l’air complexé, tentera maintenant de mettre la main sur une deuxième médaille d’or en trois ans jeudi alors qu’elle affrontera les États-Unis pour la deuxième fois de la quinzaine. La veille du jour de l’An, les Américains avaient battu l’équipe hôtesse par la marque de 3-1 pour clôturer la ronde préliminaire.

Gauthier a inscrit le but vainqueur dans un deuxième match de suite lorsqu’il a complété une manœuvre de Pierre-Luc Dubois en milieu de deuxième période. L’attaquant québécois a plus tard complété sa soirée en marquant dans un filet désert. Ses cinq buts depuis le début du tournoi en font le meilleur franc-tireur de la formation canadienne à égalité avec Taylor Raddysh.

« Je m’en fous un peu de la production personnelle, a clarifié Gauthier, l’un des cinq vétérans à avoir vécu la déception d’une sixième place l’an dernier en Finlande. Je ne voulais surtout pas faire la même affaire que l’année passée et perdre en quarts de finale. Je suis très content jusqu’à maintenant et demain, on va aller chercher ça. »

Mitchell Stephens, Anthony Cirelli et Dylan Strome ont été les autres buteurs du Canada.

Titularisé dans un troisième match de suite, le gardien Connor Ingram a accordé deux buts sur les trois premiers lancers qu’il a reçus et a cédé sa place à Carter Hart après huit minutes de jeu. Ce dernier a été parfait sur 28 lancers.

Joel Eriksson-Ek et Carl Grundstrom ont inscrit les buts de la Suède, qui jouera pour le Bronze pour une troisième année de suite. Elle affrontera la Russie jeudi après-midi.

Un départ canon, un gardien chancelant

Deux questions étaient en suspens avant la mise en jeu initiale. Quel genre de début de match le Canada allait-il connaître? Et Ingram allait-il être digne de la confiance de Ducharme?

Vers une 6e médaille d'or en sol canadien?

Spectateurs lors des vingt premières minutes de leurs deux sorties précédentes, les Canadiens sont sortis le couteau entre les dents contre les Suédois. Les trios de Cirelli et Mathew Barzal ont pris possession de la zone ennemie dans la première minute tandis que Dubois et Noah Juulsen ont joué la carte de l’intimidation avec de percutantes mises en échec. La première mission était accomplie.

« On voulait les surprendre, on ne voulait pas les laisser trouver leur zone de confort, a révélé Gauthier. On voulait les faire paniquer, les faire tourner en rond et je pense qu’on a vraiment bien joué. »

Il y avait presque six minutes d’écoulées quand la Suède a enregistré son premier tir au but, mais la réponse à la deuxième question est venue quelques instants plus tard, sur le deuxième. Pendant un avantage numérique canadien, Eriksson-Ek est descendu sur l’aile droite et a décoché un tir des poignets fumant qui a battu Ingram du côté du bloqueur.

Le Canada a toutefois gardé le pied sur l’accélérateur et Stephens, qui avait probablement été le meilleur attaquant de son clan en quarts de finale, a créé l’égalité en poussant dans le filet une rondelle libre transportée dans l’enclave par Cirelli.

Mais le ciel est tombé sur la tête du pauvre Ingram seulement 22 secondes plus tard. L’incursion de Grundstrom semblait pourtant bien inoffensive, mais quand l’intervention d’un défenseur est venue l’empêcher de décocher un tir décent, le gardien n’a pu s’ajuster à la nouvelle trajectoire de la rondelle et l’a laissée glisser entre ses jambières.

« C’est une malchance, un but comme on en voit rarement, pardonnait Joseph. Ça peut arriver à tout le monde et personne ne veut le blâmer. Même s’il a donné deux buts rapides, il nous a gardés dans d’autres matchs et de toute façon, je pense que peu importe le gardien ce soir, on aurait gagné. »

Hart, qui n’avait pas gardé les buts depuis le 29 décembre contre la Lettonie, a immédiatement reçu le signal de sauter dans la mêlée. Un arrêt à la fois, il a mis ses coéquipiers en confiance et ceux-ci l’en ont remercié en créant l’égalité avant l’entracte. Les deux équipes évoluaient à 4-contre-4 quand Cirelli a fait siffler un projectile par-dessus l’épaule droite de Sandstrom avec une minute et des poussières à égrainer au cadran.

Auteur d’un doublé deux jours plus tôt contre les Tchèques, Gauthier a donné au Canada sa première avance de la soirée à 12:02 de la deuxième période. Témoin d’un revirement des Suédois dans leur propre territoire, Dubois s’est furieusement lancé à la poursuite d’une rondelle libre et, sans regarder, l’a remise à son compagnon devant le filet. Après avoir raté son premier lancer, Gauthier a insisté et a finalement réussi à pousser le disque entre le poteau et le patin du gardien.

Le Canada grimpera encore sur le podium

Soulevé par une foule euphorique, le Canada a continué à faire du cent à l’heure et n’a ménagé aucun effort pour achever son rival. Mais Sandstrom avait d’autres plans. Le gardien suédois a frustré Dubois une fois, mais ce qu’il a fait aux dépens de Tyson Jost, c’est un truc à vous déboîter la mâchoire.

À l’autre bout, Hart a donné quelques sueurs froides aux hommes en rouge avec une mitaine un peu incertaine. Avec deux minutes à jouer en deuxième, le jeune homme masqué a échappé un tir de Jonathan Dahlen et s’est retourné juste à temps pour le gober directement sur la ligne rouge.

« J’étais sur la glace et je la voyais rouler à terre, je capotais un peu, a confié Gauthier après les faits. Mais il était alerte, il était prêt à jouer ce match-là. »

Le troisième but du tournoi de Strome, à 7:38 de la troisième période, est venu calmer un peu tout le monde jusqu’à la délivrance apportée par la sirène finale.

Eriksson-Ek ouvre la marque en infériorité
Stephens réplique aussitôt
Grundstrom chasse déjà Ingram
Cirelli crée l'égalité en fin de 1re
Gauthier sur un deuxième effort
Fabbro sauve son gardien
Strome donne un but d'assurance au Canada