L’équipe canadienne a connu un meilleur match pour conclure son tournoi, mais ce ne fut pas suffisant et le scénario de concéder le premier but s’est reproduit. 

Le hockey de rattrapage n’a pas souri aux Canadiens pendant cette compétition et le Canada a finalement échappé la médaille de bronze.
Outre le trio des Québécois de Jonathan Drouin, Anthony Mantha et Charles Hudon, j’ai trouvé que les meilleurs joueurs canadiens n’ont pas assez contribué offensivement pendant le tournoi. On avait entendu dire que le Canada devait composer avec trop de joueurs de centre et de bons fabricants de jeux et on a pu remarquer que la chimie ne s’est pas installée du côté offensif.

Par contre, ma plus grande déception demeure le défenseur Matthew Dumba que j’imaginais comme un quart-arrière dominant offensivement en plus d’apporter une stabilité défensive. En fait, c’est plutôt Griffin Reinhart qui est venu solidifier la défense canadienne après avoir purgé sa suspension.

Quand tu regardes l’ensemble de la situation, le Canada se retrouve encore une fois avec une quatrième position et, pour la deuxième année d’affilée, le parcours vers la médaille d’or de la formation canadienne s’est arrêtée contre l’équipe championne du tournoi.

Afin de retourner au sommet, je crois que le Canada doit arrêter de regarder ce que les autres font de bien et plutôt identifier ce que l’on doit modifier. Je voudrais que les dirigeants canadiens se placent dans les mêmes souliers que les autres pays quand le Canada accumulait les médailles d’or.

Quand le Canada a savouré cinq titres consécutifs, de 2005 à 2009, tout le monde s’est ajusté à la recette gagnante. Maintenant, c’est au tour du Canada d’en faire autant. Pour l’édition qui vient de se conclure, les dirigeants avaient adopté une approche différente pour bâtir l’équipe, mais ce ne fut pas suffisant.

J’ai trouvé dommage de constater que la formation canadienne n’offrait pas un effort constant pendant les matchs ce qui n’est pas à l’image de la réputation du pays. Ensuite, les joueurs ont été indisciplinés autant dans leurs gestes que dans leurs commentaires envers les arbitres. Ce n’est pas acceptable car les élus doivent comprendre qu’on ne peut pas agir ainsi dans un tournoi aussi bref sur la scène internationale. J’ai été déçu par le fait qu’un groupe aussi expérimenté d’entraîneurs ne parviennent pas à imposer cette discipline essentielle.

Quelques recommandations

Parmi les pistes de solutions, je trouve qu’on doit cesser de compliquer les choses. J’ai l’impression qu’on tente de jouer un style différent de nos racines. À mon avis, on doit revenir à un style plus direct (communément appelé nord-sud) avec des joueurs qui foncent vers le filet et qui récupèrent des rondelles le long des bandes grâce à leurs qualités physiques.

Je souhaiterais que la formation soit composée de plus de joueurs au style nord-américain. Les dirigeants canadiens ont copié certaines choses ce qui n’est pas mauvais, ça ne fonctionne pas quand le Canada essaie de trop jouer à la façon européenne.

Je reviens sur la discipline, mais je considère vraiment que c’est un élément clé pour obtenir du succès. Dès la ronde préliminaire, Équipe Canada a éprouvé des ennuis à ce chapitre et des correctifs auraient été nécessaires.

Le Canada avait été battu par la Suède dès les matchs préparatoires même si Filip Forsberg et Elias Lindholm n’avaient pas encore rejoint le groupe. Il me semble que ceci aurait dû sonner des cloches dans le camp canadien.

Le Canada a aussi peiné contre les Slovaques en plus de s’incliner contre la République tchèque qui ne sont pas des puissances internationales. Je crois donc qu’il faut faire en sorte d’établir une chimie plus rapidement et c’est pourquoi je suis d’accord avec la méthode qui a été choisie cette année avec un nombre minimal d’invités. Ceci dit, il faudra que l’engagement des joueurs soit plus complet.

Finalement, il faut cesser de vouloir inventer le hockey et plutôt miser sur la recette qui a produit des résultats par le passé. Il faut déployer un système plus simple, intense et discipliné. Certaines équipes ont copié le modèle canadien dont la Finlande et ce n’est pas pour rien. Je considère que le Canada a manqué de ces éléments dernièrement car on a accordé une trop grande importance à la finesse.

Grâce à un noyau de six joueurs

Pour compléter sur le championnat de la Finlande, il faut rappeler que cette équipe a perdu son dernier match de la phase préliminaire contre la Suisse. On peut donc dire que les Finlandais ont connu un parcours rempli de hauts et de bas.

Cependant, certains joueurs ont trouvé le moyen de s’illustrer dans les moments clés et je n’ai pas vu cela du côté du Canada. Je pense à leur défenseur Rasmus Ristolainen qui a changé la donne alors qu’on prévoyait plutôt que Dumba allait jouer ce rôle pour les Canadiens.

En fin de compte, un trio a mené le bal avec un défenseur de premier plan et un gardien de but solide. Un noyau de six joueurs a fait la différence dans ce Championnat mondial. Pendant ce temps, le Canada semble toujours chercher le 12e ou 13e attaquant de finesse alors que ça prend plutôt deux excellents trios et d’autres joueurs pour compléter le portrait.

Je ne dis pas que le Canada gagnera chaque année avec ce modèle, mais je crois que ça procurerait de meilleures chances aux représentants canadiens. On ne peut pas demander aux joueurs de promettre sur la « tête de leur mère » qu’ils n’écoperont pas de punitions, mais ils doivent être plus disciplinés pour le bien de la cause. 

*Propos recueillis par Éric Leblanc