Depuis le début de la saison, les Ducks d’Anaheim s’amusent à surprendre, mais ils ne sont pas propulsés par les Corey Perry, Ryan Getzlaf et Bobby Ryan. Le mérite revient plutôt à Teemu Selanne et Saku Koivu qui semblent être tombés dans une fontaine de jouvence finlandaise durant le lock-out.

À 42 ans et 38 ans respectivement, les deux amigos scandinaves s’éclatent en ce premier quart de campagne et ils espèrent que la lancée se poursuivra jusqu’aux éliminatoires.

Pour le moment, les Ducks occupent le deuxième rang de l’Association Ouest et ils souhaitent effacer l’erreur de parcours enregistrée l’an dernier avec une 13e position. L’arrivée de Bruce Boudreau à la barre de l’équipe a relancé les Ducks, mais les bénéfices se font plutôt sentir cette année.

« Il a ramené la confiance au sein de notre groupe en nous prouvant que nous pouvions bien jouer et nous avons repris là où nous avons terminé. Il communique beaucoup avec nous », a vanté Koivu lors d’une entrevue avec le RDS.ca.

Utilisé dans un rôle de troisième centre cette saison, le numéro 11 a apprécié les explications de son pilote à propos de cette fonction qui semblait moins importante à première vue.

« Quand il m’a placé avec Daniel Winnik et Andrew Cogliano, il m’a expliqué les raisons derrière cette décision », a évoqué Koivu avec la voix d’un athlète satisfait de cette attention.

Nul doute, Boudreau a eu la main heureuse en créant cette combinaison puisque ce trio fonctionne à plein régime après 12 matchs. Ravi par la situation, Koivu pourrait même battre en 48 matchs sa récolte de 38 points en 74 parties en 2011-2012.

« Parfois, c’est difficile d’identifier une seule raison pour expliquer ce qui arrive. Il flottait un point d’interrogation sur la chimie qui allait se développer au sein de notre nouveau trio et finalement ça fonctionne très bien. C’est comme si on s’attardait à bien jouer défensivement d’abord pour ensuite penser à l’attaque et nos efforts rapportent. Il n’y a aucun secret derrière ces résultats, mais l’équipe joue bien et ça nous aide », a détaillé celui qui a déjà récolté quatre buts et neuf passes.

Pourtant, le vétéran de 17 saisons imaginait au contraire un départ laborieux en raison du lock-out qui s’est éternisé. Sa première hypothèse était que les « plus âgés » en arracheraient avec un camp d’entraînement écourté.

« C’est spécial à dire, mais le lock-out a aidé les vétérans qui ont eu plus de temps pour se reposer si bien que nous étions fins prêts à recommencer. Les choses ont tourné à notre avantage si je me fie à ce que je vois autour de la LNH, mais le reste de la saison s’annonce très exigeant », a découvert l’auteur de 789 points en 1024 parties dans le circuit Bettman.

Cette raison vaut son pesant d’or, mais les amateurs sont sans doute curieux de connaître la recette complète de son succès à son âge.

« Je n’ai qu’à regarder Teemu aller! Il est un peu plus vieux que moi et s’il peut pousser aussi fort alors je peux y arriver à condition de se reposer au moment opportun », a soulevé le premier choix du Canadien en 1993 qui prévoit parapher un autre contrat si la santé et le plaisir demeurent au rendez-vous. 

« Notre entraîneur sait très bien que nous misons sur quelques joueurs plus âgés donc il nous donne plus de repos que ceux dans la vingtaine », a enchaîné Koivu avec le sourire.

Si la tendance se maintenait, lui et Selanne pourraient conclure la saison devant Perry, Getzlaf et Ryan. Bons joueurs, les deux vétérans se retiennent de taquiner les trois pièces maîtresses de l’avenir des Ducks.

« On ne se taquine pas trop parce qu’on comprend qu’ils représentent une énorme partie de notre équipe. Ce sont eux que les équipes adverses surveillent avec le plus d’attention et on sait qu’ils continueront d’engranger les points cette année », a confié Koivu qui a hâte de retrouver sa famille au terme du plus long voyage de la saison, un périple de six matchs en 11 jours.

La plus grande surprise ne provient toutefois pas de Selanne et Koivu qui mènent les pointeurs des Ducks. Elle porte plutôt le nom de Viktor Fasth qui jouissait d’un statut d’inconnu il y a quelques mois.

Le gardien suédois de 30 ans nage encore mieux qu’un canard dans l’eau à ses débuts de la LNH ayant obtenu six des neuf victoires de sa formation.


Koivu multiplie les louanges à son égard et il identifie la profondeur enrichie de sa formation comme autre élément de réussite. Il se réjouit également de la contribution de son copain Sheldon Souray qui déploie du jeu inspiré - et intimidant - aux côtés de François Beauchemin. 

Saku Koivu« Ce duo a été incroyablement bon! Ils excellent autant offensivement que défensivement même s’ils évoluent contre les meilleurs joueurs tous les soirs. Sheldon et François procurent aussi un élément physique crucial. Bref, ils sont sensationnels pour nous et je peux vous assurer qu’ils ne sont pas faciles à affronter », a souligné le hockeyeur qui était content de partager ses commentaires au public québécois.

Boudreau et les Ducks peuvent se réjouir quand ils jettent un coup d’œil aux colonnes de statistiques à l’exception de celle du travail en infériorité numérique où la formation californienne déçoit au 29e rang.

Reconnaissant envers Michel Therrien et son amour olympique

Même si l’environnement de la Californie a relancé sa carrière, Koivu gardera toujours une place spéciale dans son cœur pour ses 13 saisons à Montréal. Le retour de Michel Therrien à la barre du Canadien lui rappelle d’ailleurs une panoplie de souvenirs très diversifiés.

À la troisième et dernière année de Therrien à son premier séjour à Montréal, Koivu a connu sa deuxième meilleure saison avec une récolte de 71 points en 2002-2003.

« Je l’ai grandement apprécié comme entraîneur et je croyais qu’il méritait cette deuxième chance à Montréal. Il a montré ensuite ce qu’il pouvait faire par la suite et il faut dire que c’est loin d’être facile d’amorcer une telle carrière dans le marché de Montréal », a avoué Koivu.

« Notre équipe n’était pas une grande puissance, mais il a réussi à accomplir un excellent boulot avec elle. C’est bien de le revoir dans la LNH et je lui souhaite un grand succès sauf de nous battre. »

Il faut dire que la relation entre Koivu et Therrien a été soudée par sa difficile épreuve du cancer. L’entraîneur québécois dirigeait le Finlandais pendant cette période éprouvante et il était derrière le banc du CH pour l’émouvant retour de Koivu le 9 avril 2002 contre les Sénateurs d’Ottawa.

« Toutes les personnes de l’organisation, dont Michel, ont été d’un énorme support avec moi. Nous avons beaucoup parlé ensemble pour planifier mon retour. Évidemment, c’était une année très émotive pour moi, mais Michel est aussi un homme et un entraîneur émotif alors je le sentais impliqué et derrière moi. Il m’a démontré de la confiance et m’a permis de prendre mon temps », s’est-il rappelé.

Koivu a donné ses premiers coups de patin dans la LNH en 1995 et il a emmagasiné une tonne de précieux souvenirs. Mais ce n’est pas tout, le courageux centre possède un impressionnant curriculum vitae sur la scène internationale avec cinq participations olympiques menant à trois médailles de bronze et une d’argent.

Sa voix se met à briller quand il songe à la possibilité d’un dernier tour de piste olympique avec les couleurs de la Finlande.

« J’ai commencé ma carrière olympique en 1994 à Lillehammer alors ce serait plutôt incroyable de la conclure 20 ans plus tard! Ce serait un rêve devenu réalité d’y parvenir sauf que c’est encore trop loin pour vraiment y penser », a conclu Koivu en s’imaginant sûrement finir ce chapitre avec l’or au cou.