BROSSARD - Si Zachary Fucale retient l’attention partout où il s’arrête dans le milieu du hockey, la réalité s’avère totalement différente pour Philippe Desrosiers.

Justement, cette semaine, les deux cerbères québécois se retrouvent au camp estival d’Équipe Canada Junior et Fucale suscite un grand intérêt tandis que Desrosiers tente de faire ses preuves un peu plus dans l’ombre.

L’espoir de l’Océanic de Rimouski a mérité sa place à ce rendez-vous important sauf qu’il se retrouve dans une coriace confrontation avec Eric Comrie, Tristan Jarry et Fucale. Ayant participé à la dernière édition, ce dernier possède tous les atouts pour représenter son pays une deuxième fois, mais il ne doit pas perdre sa bataille face à ses compatriotes.

« C’est vrai que la compétition est relevée à notre position, mais nous sommes de bons amis. Bien sûr, je suis un peu plus proche de Zach étant donné que nous sommes Québécois et ce serait le fun de défendre le filet avec lui », a reconnu Deslauriers qui s’est entraîné sur la patinoire avec Olivier Michaud cet été.

En vertu de ses succès obtenus avec les Mooseheads de Halifax ainsi que sa sélection par le Canadien de Montréal, Fucale s’est habitué sans tarder aux projecteurs qui sont rivés sur lui. De son côté, Desrosiers a plutôt profité d’une élimination rapide de son équipe lors des séries éliminatoires de 2013 pour faire grimper sa valeur aux yeux des dirigeants sur la scène du hockey.

En effet, l’athlète originaire de St-Hyacinthe a pu enfiler l’uniforme canadien au Championnat mondial U18 où il a excellé. Ses prestations ont incité les Stars de Dallas à le repêcher en deuxième ronde (54e au total) à l’été 2013 et sa progression s’est poursuivie depuis.

La partie n’est pas jouée pour la sélection sur l’équipe canadienne du Championnat mondial junior U20, mais Desrosiers a déjà démontré un aperçu de son répertoire aux dirigeants de Hockey Canada et il défendra les filets d’une puissance cette saison dans la LHJMQ alors que Rimouski se classe parmi les prétendants au titre.

« Je suis parfois sous-estimé, mais je considère que je suis aussi bon que les autres, dont Zach et que je peux accomplir le travail comme lui. Je veux montrer aux entraîneurs que j’ai toutes les habiletés et les qualités pour être le gardien d’Équipe Canada. Je sais que je suis capable de m’illustrer dans ce type de tournoi », a soutenu Desrosiers.

« Il s’est vraiment démarqué avec l’équipe U18 en étant dominant dans ce tournoi et il a continué de se développer de belle façon la saison dernière avec Rimouski. Jusqu’à présent, il est à la hauteur dans les entraînements et il mérite sa place, car il se situe parmi les meilleurs gardiens au Canada », a commenté l’entraîneur Benoit Groulx sur celui qui gravit les échelons sans trop faire de bruit.

Rencontré quelques minutes plus tard, l’entraîneur des gardiens Fred Brathwaite a été élogieux au sujet de Desrosiers.

« Il a un grand sens de la compétition et je trouve qu’il a beaucoup progressé au niveau de la confiance au cours des derniers mois. Les quatre gardiens vont rendre nos décisions difficiles ce qui est toujours positif pour notre équipe », a résumé l’ancien des Oilers, des Flames et des Blues.

Advenant que les astres s’alignent pour lui, les prochains mois pourraient devenir très chargés, car une présence à la Coupe Memorial (à Québec) figurera au coeur des priorités de l’Océanic.

« C’est excitant, nous allons avoir une excellente équipe notamment en raison des changements effectués par l’organisation. Je suis convaincu que nous avons beaucoup appris avec les deux dernières années en séries éliminatoires (éliminations en 1re et 2e rondes). Nous sommes perçus comme les favoris donc il faut vraiment gagner cette année et j’aime jouer sous pression », a révélé l’auteur de 31 victoires la saison dernière.

Avant de renouer avec l’action en sol québécois, Desrosiers a vécu l’enrichissante expérience de compléter la saison dans la Ligue américaine avec les Stars du Texas en plus de participer au camp des recrues des Stars de Dallas.

« J’étais content que ça se déroule aussi bien et les Stars m’ont offert un contrat. C’est vraiment un rêve qui devient de plus en plus réalité même si je dois encore travailler très fort », a déclaré l’athlète de six pieds un pouce et 190 livres.

Pendant qu’il multiplie les heures sur les patinoires de la province depuis son enfance, son frère Jérôme s’illustre plutôt sur les parquets de basketball et une carrière universitaire américaine se dessine comme une possibilité pour celui-ci. Les deux comparses peuvent donc en profiter pour échanger sur les différences de leur parcours respectif.

« C’est spécial parce qu’il est aussi mon meilleur ami. On ne se voit pas si souvent durant l’année, mais on se reprend l’été. Je suis vraiment fier de lui parce qu’il est présentement avec Équipe Canada (pour les essais nationaux) tout comme moi ! », a indiqué avec le sourire celui qui ose parfois se mesurer à son frangin au basket.

Aucun statut privilégié pour Fucale

Pendant ce temps, Fucale reprend la compétition après un été passablement occupé à redoubler d’ardeur au boulot et à oublier ses ennuis éprouvés lors des éliminatoires avec Halifax. De l’extérieur, certains pourraient croire qu’il possède une longueur d’avance pour aider le Canada à renouer avec la médaille d’or, mais l’entraîneur Benoit Groulx contredit cette théorie.

« Notre message aux joueurs qui reviennent s’avère qu’ils sont des vétérans d’une équipe qui a terminé au quatrième rang », a clairement évoqué Groulx.

« Pour nous, c’est une nouvelle équipe et tous ces joueurs devront nous démontrer ce qu’ils peuvent accomplir tout au long du processus et ils héritent tous d’une chance de percer l’équipe », a-t-il enchaîné.

Certains athlètes auraient pu tomber dans le piège de la complaisance, mais la ruse de Fucale lui avait fait comprendre cette réalité bien avant d’entendre le discours de Groulx et ses adjoints.

« Les entraîneurs ont été très clairs, ils ont vraiment insisté sur le fait que quatre bons gardiens sont présents au camp et que tout était à refaire. Je dois me prouver et je dois leur démontrer plusieurs choses pour les convaincre. Ils ont aussi mentionné qu’ils allaient choisir les gardiens qui connaissent la meilleure lancée en vue du championnat », a noté Fucale qui serait heureux de partager le filet avec n’importe quel des trois autres gardiens.

En commençant avec cette période d’évaluation estivale, Fucale désire prouver qu’il a retrouvé tout son aplomb à la suite de ses défaillances éliminatoires et qu’il a même raffiné son art.Zachary Fucale

« J’ai progressé à plusieurs niveaux en commençant par le fait que j’ai beaucoup appris sur le plan mental. Après une défaite comme celle-ci, ça te permet de devenir plus fort psychologiquement et j’ai aussi connu un été très productif en travaillant très fort », a confié Fucale en faisant allusion au quatrième rang du Canada au tournoi de 2014.

Au lieu de regarder trop loin vers l’horizon, Fucale se concentra sur les premières étapes de la saison régulière pour inciter les dirigeants à le choisir de nouveau.

« Pour l’instant, je veux me concentrer à connaître un début de saison convaincant ce qui représente la clé pour être retenu », a conclu celui qui s’est entraîné une fois de plus avec Marc-André Wilson à Rosemère et le spécialiste des gardiens des Mooseheads, Éric Raymond.

*Avec la collaboration de Stéphane Leroux