Marc Bergevin a remercié l’entraîneur-chef du Rocket de Laval, Sylvain Lefebvre, et ses adjoints Nick Carrière et Donald Dufresne. Il a relevé Larry Carrière de ses responsabilités de directeur-général. Il a aussi congédié les adjoints de Claude Julien, Jean-Jacques Daigneault et Daniel Lacroix, tout cela dans une indifférence relative. Sans doute parce que tous ces changements étaient un brin prévisibles.

Il a également embauché Dominique Ducharme pour appuyer Julien, une annonce qui a été saluée positivement par l’ensemble des partisans de l’équipe. Cependant, la réaction la plus vive et la plus saluée par les journalistes a été celle de Joël Bouchard dont la mission première sera de participer activement au développement des jeunes joueurs de l’organisation dans son rôle d’entraîneur-chef du Rocket.

Bouchard, pour ceux qui n’ont pas suivi sa progression dans les rangs juniors, ne fait pas dans la dentelle. Ceux qui ont fait sa connaissance lors de sa nomination à Laval ont eu droit à des réponses franches et directes de sa part, sans l’utilisation de clichés irritants qui sont habituellement le propre des gens manquant d’assurance. Lui, il en a plein.

Bouchard semblait déjà très à sa place avec le Rocket. Dans son for intérieur, il n’était pas que le coach du Rocket. Il était un membre à part entière de l’organisation du Canadien. En connaissez-vous beaucoup des entraîneurs issus d’un circuit junior qui font allusion au propriétaire de l’entreprise en l’appelant, dès le premier jour, par son prénom. Dans son point de presse, Bouchard a parlé de Geoff par-ci et de Geoff par-là, comme si Molson était un vieux chum de collège.

Bouchard n’est pas du genre à marcher sur la pointe des pieds quand il entre quelque part. Il a du coffre, de l’assurance. Certains auraient préféré qu’il devienne le bras droit de Bergevin. Je ne partage pas cette opinion car dans cette chaise, il n’aurait pas eu la moitié de l’utilité qu’il aura à Laval. Quelle importance peut avoir un adjoint quand son directeur général est reconnu pour exercer l’entier contrôle de toutes les décisions qui sont prises? Sans compter qu’il se serait beaucoup ennuyé de la patinoire.

Au sein de la filiale, il sera entièrement libre des décisions qui seront prises sur la glace. Analyser les forces et les faiblesses des joueurs est sa qualité première. Ceux qu’il dirigera la saison prochaine ne pourront pas le tricher parce qu’il aura déjà une très bonne idée de ce que chacun d’eux sera en mesure d’offrir. Et quand Bergevin, dans une situation d’urgence, lui donnera un coup de fil, Il obtiendra assurément le joueur le plus apte à secourir le Canadien.

Certains craignent que Bouchard, à cause de l’importance qui a été accordée à son embauche, soit considéré comme un sauveur. Il n’en est pas un, pas plus qu’il est appelé à le devenir. Une chose, cependant. Au moment de sa nomination, il y avait longtemps qu’on avait ressenti un tel vent de fraîcheur dans l’entourage du Canadien. Ses sept saisons dans la Ligue junior majeur du Québec, ses deux dernières présence à la coupe du Président et le fait qu’il ait dirigé cette saison la troisième meilleure formation junior au Canada le rassurent sans doute sur ses chances de se frayer un jour un chemin jusqu’au Centre Bell.

Le Canadien vient d’ouvrir ses portes à deux entraîneurs d’avenir. Dominique Ducharme et Joël Bouchard auront leur utilité chacun dans leur rôle, mais celui qui a les meilleures chances de remplacer Julien éventuellement est l’ancien patron de l’Armada car, le moment venu, il n’aura jamais cessé de travailler derrière le banc. Même s’il est un entraîneur dans l’âme, Ducharme, dont le flair et l’implication vaudront de l’or, ne fera toujours que s’en remettre aux décisions finales de Julien. Qui sera le mieux préparé pour gravir l’échelon ultime au Centre Bell, croyez-vous?

Méchante culbute

C’est un très dur moment à passer pour la famille Carrière. La bonne nouvelle pour Larry Carrière, c’est qu’il a toujours un job. La mauvaise, c’est que la récente décision de Bergevin lui a fait perdre son rôle décisionnel au sein de la filiale. On lui a retiré son poste de DG du Rocket pour faire de lui le directeur du personnel des joueurs de l’équipe. Bref, il s’agit d’une très mauvaise période pour les Carrière, dont le père a été dégommé et le fils congédié le même jour.

Au fait, ça fait quoi un directeur du personnel des joueurs d’une filiale quand toutes les décisions sont prises au Centre Bell. En clair, Carrière fera du dépistage dans les circuits professionnels mineurs. Pas sûr qu’il soit très heureux de la culbute qu’il vient de faire dans l’estime du Canadien.

Au début de la dernière saison, Rick Dudley, Scott Mellanby,  Trevor Timmins et Carrière étaient considérés comme des adjoints de Bergevin. Il ne reste plus que Mellanby et Timmins qui, lui, jouera sa peau durant le prochain repêchage.

Molson s'en mêle

J’ai bien aimé la position prise par le propriétaire du Canadien concernant le nouvel usage que l’équipe entend faire de son compte twitter. Récemment, un employé de la maison a cru que ce serait plutôt comique de se payer la tête de Brad Marchand après qu’il eut léché le visage d’un rival. Lui recommander de ne pas en faire autant avec ses balles de golf, à la suite de l’élimination des Bruins, était une allusion déplacée et indigne d’une organisation reconnue pour sa classe à travers la ligue.

On doit admettre que Marchand, malgré sa face à claque, ses gestes déplacés et son manque de classe, a offert au Canadien une réplique  parfaitement méritée quand il a rétorqué que ce n’était pas très fort comme commentaire venant d’une formation éliminée des séries depuis octobre dernier.

Molson a été tranchant. Il est d’accord pour que l’équipe fasse une utilisation plus divertissante des réseaux sociaux, mais certainement pas au détriment de son image. Il serait étonnant que le responsable de ce tweet déplacé survive à une seconde bourde du même genre.

Un exploit qui perdure

Dans sa chambre d’une résidence spécialisée, un homme fier de ses réalisations a vu son exploit de 1993 rester intact à la suite de l’élimination des Jets de Winnipeg. Vingt-cinq ans après la dernière coupe Stanley du Canadien, Jacques Demers est toujours le dernier entraîneur à avoir remporté la coupe au Canada.

Depuis 1993, seulement quatre formations canadiennes ont participé à la finale: Vancouver (2 fois), Ottawa, Edmonton et Calgary. Elles ont toutes échoué.

Demers n’est pas un mesquin. Il aurait sans doute apprécié que les Jets ramènent la coupe Stanley au Canada, mais comme ils ne sont plus dans la course, il est sans doute fier d’être toujours le dernier homme à avoir mené une équipe canadienne à la coupe, ce qui constitue son plus grand exploit personnel dans le hockey.

Là où il est aujourd’hui, il s’agit pour lui d’une rare occasion de revivre chaque printemps le plus beau de tous ses souvenirs.