LAVAL – Cale Fleury aurait pu disputer une dernière saison au niveau junior, mais il a préféré faire le saut avec le Rocket de Laval et force est d’admettre que ce tremplin n’avait rien de trop intimidant pour lui.

 

À 20 ans, le défenseur droitier n’était pas à l’abri de se casser les dents dans la Ligue américaine. Après tout, ce circuit est reconnu pour ne pas ménager les jeunes défenseurs qui doivent se frotter à des hommes dont plusieurs ont évolué dans la Ligue nationale de hockey.

 

La perfection n’existe pas, mais Fleury ne pourrait pas vraiment demander mieux pour sa saison recrue. Certes, son jeu défensif exige encore du raffinement, mais il a été en mesure de conserver le volet physique et la carte offensive dans son jeu. Ce n’est pas un accomplissement banal pour des premiers pas dans la Ligue américaine.

 

Ainsi, Fleury se classe au 13e rang parmi les défenseurs de la LAH pour les buts avec 9 en seulement 51 matchs comparativement à plus de 60 pour bien des patineurs devant lui. Cette production lui vaut la 5e position au sein des défenseurs considérés comme des recrues. On vous invite d’ailleurs à visionner son neuvième but sur une superbe passe d’Alex Belzile.

Ce qui est encore plus encourageant dans son cas, c’est qu’il vient d’amasser quatre buts et trois aides au cours des sept dernières parties alors que le niveau de jeu a grimpé de quelques crans.

 

Nettement plus timide devant un micro que contre des joueurs de la Ligue américaine, Fleury a brièvement expliqué comment il est parvenu à ne pas perdre ses repères offensifs dans cette ligue plus relevée.

 

« Le fait d’avoir le feu vert des entraîneurs m’aide, il me répète de ne pas perdre ma confiance de pouvoir exécuter des jeux offensivement. Il faut prendre sa place et choisir les bons moments », a indiqué Fleury qui s'approche de son sommet de 12 buts en une saison dans la WHL.   

 

« Il n’est pas gêné sur la glace, il n’est pas gêné de faire les jeux qu’il doit exécuter et il n’est pas gêné de dire son opinion sur le banc non plus. Ce sont les micros qui intimident un peu. Sinon, il a l’air assez confortable et il est drôle », a précisé le capitaine Xavier Ouellet à ce propos.

 

À la fin octobre, Daniel Jacob, l’entraîneur des défenseurs, relayait au collègue Nicolas Landry que la mission pour Fleury serait de « gérer les rigueurs quotidiennes du hockey professionnel ». Le mandat semblait colossal et il a parfois été laissé de côté. Mais il n’a pas dérogé de sa courbe de progression en dépit d’une blessure à la mi-novembre et Gaston Lepage dirait qu’il a relevé le défi haut la main.

 

« Ce que j’apprécie, c’est qu’il écoute. Cale, ce n’est pas un gars qui dit "Ouin, mais tsé..." Je parle de cette attitude que le joueur pense qu’il comprend tout... Cale, tu lui dis d’aller à gauche et il va à gauche. Tu lui dis "Je veux que tu t’habilles de telle façon" et il le fait. Il a besoin de cette direction et il l’apprécie, ça le stimule. Mais on le laisse jouer aussi, il a une belle patience, un bon lancer, un bon gabarit et il est fort physiquement. Il est en apprentissage, mais c’en est un autre qui récolte ce qu’il a semé. Lors de chaque intervention sur des choses dans son jeu, il a répondu en suivant les conseils », a exposé son entraîneur Joël Bouchard.

 

Cette capacité d’écoute rapporte vraisemblablement des dividendes pour ce choix de troisième ronde (87e au total) en 2017.

 

« Depuis que je suis arrivé, j’ai vu une progression match après match. C’est le genre de jeune qui prend le hockey à cœur, il est passionné. Il essaie de progresser et ça paraît. C’est le fun de voir qu’il peut produire et exécuter les jeux qu’il a en tête », a observé Ouellet.

 

En tant que recrue lui-même, Alain comprend le processus que Fleury traverse et il témoigne avec aisance de ses aptitudes.  

 

« C’est un excellent défenseur, un gars qui est très à l’aise sur la patinoire même s’il est vraiment jeune. Il réussit à produire offensivement, il a un bon lancer et il s’en sert bien. Il a beaucoup de potentiel. Il fait partie des jeunes qui ont prouvé cette année qu’ils sont capables d’accéder au plus haut niveau. »

 

La dimension physique dans le jeu de Fleury sera déterminante aux yeux du capitaine du Rocket.  

 

« Une chose qui va lui permettre de monter dans la LNH, c’est d’être solide défensivement. Son côté offensif, il l’a et personne ne pourra lui enlever. Ce qui sera important pour lui, ce sera d’être très efficace, de rester physique et gagner ses batailles », a visé Ouellet. 

 

De bons vétérans à ses côtés, pas des « pingouins »

 

Si le mérite lui revient d’avoir bien assimilé les enseignements de ses entraîneurs, Fleury a également développé sa stabilité dans la Ligue américaine en évoluant avec des partenaires comme Ouellet, Brett Kulak et Karl Alzner.

 

Bouchard a rapidement sauté sur la question pour rendre hommage à ceux-ci.

 

« C’est l’autre chose, on parle des jeunes, mais il y a quelques vétérans qui font un travail extraordinaire. Karl Alzner, si j’entends une personne dire un mot négatif sur lui... Ce qu’il a procuré à notre organisation depuis qu’il est ici, c’est extraordinaire comme personne et comme compétiteur pour un gars qui a eu une carrière assez impressionnante dans la LNH jusqu’à maintenant. Je trouve même qu’il s’améliore, il est en bonne condition physique et il se pousse dans les entraînements. »

 

Petite parenthèse au sujet d'Alzner, il est tellement impliqué dans la cause du Rocket qu'il a rejoint le club le plus rapidement possible à la suite de la naissance de son troisième enfant. 

 

« Xavier Ouellet, ce n’était pas son rêve de venir jouer ici, mais il est arrivé avec une attitude extraordinaire. On parle de vétérans qui ont beaucoup d’expérience et une très bonne attitude. C’est le programme qu’on veut développer : de bons joueurs et de bonnes personnes qui poussent pour être dans la LNH, mais de la bonne façon en essayant d’aider les jeunes », a poursuivi Bouchard.

 

Ouellet peut confirmer que Fleury a judicieusement tiré avantage de ce jumelage avec des vétérans.  

 

« Il réagit très bien. C’est un bon partenaire, c’est plaisant de travailler avec lui. Le fait qu’il veut s’améliorer autant, ça fait en sorte qu’il écoute beaucoup. Il est réceptif quand un coéquipier lui parle », a-t-il répondu.

 

Avec la relève qui se dessine, Bouchard ne veut surtout pas la polluer avec des influences négatives.

 

« Si tu rentres trois ou quatre pingouins qui font ce qu’ils veulent, ce n’est pas bon pour les jeunes! », a lancé Bouchard.  

 

« Quand tu places Cale avec Alzner, tu sais que Karl va faire les choses correctement pour Cale. C’est la même chose avec Xavier et les autres. On a moins de vétérans qu’on pourrait, mais on en a des bons. Tu n’as pas de vétérans qui briment un Cale Fleury comme on le voit parfois dans la LAH. Un vétéran qui arrive et qui n’est pas content parce que ça ne lui tente pas de jouer avec le jeune. Non, les gars aiment Cale et les autres jeunes. Ils comprennent qu’il y aura parfois des ratées, c’est normal. Je le vois au banc, les vétérans leur disent que ce n’est pas grave et ceux qui font une erreur s’excusent. C’est là qu’on se donne des chances de gagner », a conclu Bouchard.

Rocket : un match à ne pas échapper