Encore loin du fait accompli et d’une place en séries éliminatoires, il faut tout de même reconnaître les accomplissements des Sénateurs d’Ottawa, qui par leur détermination ont réussi à compiler une fiche de 15-1-1 à leurs 17 dernières parties. Avec moins de trois semaines d’ici la fin du calendrier régulier, les hommes de Dave Cameron luttent toujours pour leur survie.

Malgré tous les succès qu’il a eus depuis son rappel du côté de Binghamton et la confiance qu’il a su insuffler à sa nouvelle formation, même s’il a eu des performances un peu plus brouillonnes à ses derniers départs, Andrew Hammond prouve qu’il demeure tout de même humain.

Avec toute la pression et le buzz généré autour de la formation de la capitale nationale, Hammond en transporte beaucoup sur ses épaules depuis plusieurs semaines. Il a comme seul et unique objectif de remporter des matchs et de compétitionner pour une place en séries éliminatoires.

Sans tomber trop loin dans le jeu des comparaisons, comme le dit le vieil adage : « les bons gardiens font les bons entraîneurs ». Tout comme c’est le cas avec Pekka Rinne (Peter Laviolette), Henrik Lundqvist (Alain Vigneault) et Carey Price (Michel Therrien), Andrew Hammond ne fait pas exception à la règle.

Sans comparer le « Hamburglar » à ceux-ci, disons qu’actuellement il est en train d’écrire son propre livre digne des ouvrages de Luc Gélinas. La maturité affichée par celui-ci est possiblement un atout majeur dans le contexte actuel des choses.

Appuyé par un groupe d’individus résiliés et engagés à défier toutes logiques dans ce dernier droit du calendrier régulier, c’est-à-dire ses coéquipiers, personne ne peut prédire quelle en sera la conclusion.

Saisir l’opportunité

Après un congédiement justifié ou non, surprenant pour certains, et moins pour certains autres, le 8 décembre dernier, la nomination de Dave Cameron en remplacement de Paul MacLean en aura surpris plusieurs dans le giron de la Ligue nationale.

Juste le fait de passer d’entraîneur-adjoint à entraîneur-chef au sein de la même organisation, si l’on se fie aux expériences du passé, n’a jamais été une expérience concluante dans la majorité des cas.

De passer du rôle de courroie de transmission entre les joueurs et l’entraîneur-chef au rôle de grand patron de ces mêmes joueurs a créé beaucoup de scepticisme autant du côté des différents médias que chez les amateurs.

Contrairement aux autres changements de garde ailleurs dans la LNH cette saison (Edmonton, Toronto et New Jersey), qui n’ont pas nécessairement obtenu les résultats attendus, la situation s'est avérée différente à Ottawa.

Sans imposer l’embauche de Cameron, on peut supposer que le propriétaire Eugene Melnyk l'a fortement recommandée. Chose certaine, ça a été fait en douceur.

Le fait que le DG Bryan Murray a décidé de ne pas coller le mot « intérimaire » à la nomination du coach Cameron aura été un facteur non négligeable dans l’exercice de ses fonctions.

Sélectionné pour ses qualités de pédagogue et de communicateur, après quatre mois à la barre de la formation ottavienne, Cameron retient davantage l’attention pour autre chose.

D’abord, pour son calme alarmant au quotidien et sa rigueur face aux différents détails dans l’encadrement des plus jeunes de la formation vis-à-vis leur progression pour les années à venir. Mais surtout pour les décisions qui s’imposent pour le bien-être de ceux-ci.

Puis, Cameron est également fascinant, car il s’agit d’un entraîneur qu’il ne faut pas sous-estimer le moment venu pour rappeler ses hommes à l’ordre, lorsque la situation l’exige.

Mike HoffmanPar exemple, en fin de deuxième période samedi dernier, après que les Maple Leafs aient réussi à créer l’égalité 3-3, Cameron en a profité pour faire un sérieux rappel à l’ordre question de remettre tout simplement les pendules à l’heure.

Mike Hoffman, malgré la production offensive de celui-ci depuis le début de la saison avec ses 25 buts marqués, a été l’un des joueurs ciblés et qui a appris à ses dépens que l’effort sélectif, la nonchalance qu’il déploie à l’occasion et sa mauvaise gestion de la rondelle ne font pas bon mariage avec Cameron.

Le fait d’avoir été relégué au 4e trio samedi dernier témoigne assez bien du niveau de patience de son entraîneur envers ce joueur aux habilités offensives au-dessus de la moyenne.

Un profil qui cadre bien dans la mission qui lui a été confiée lors de son embauche en décembre dernier, lui qui depuis son arrivée à titre d’entraîneur-chef de la formation a compilé une fiche de 26-13-6. Connaissant les nombreuses blessures et l’adversité auxquelles cette formation a dû faire face, Cameron mérite de plus en plus de respect auprès de ceux qui ont douté de son embauche.

L’homme du propriétaire

Pour Cameron, le processus aura été parsemé de plusieurs embûches. D’abord, il aura été grand patron des Sénateurs de Binghamton de 2004 à 2007. Pendant cette séquence, son équipe a été exclue des séries à deux occasions.

Ensuite, Cameron a aussi été appelé à prendre les commandes de la formation du St Michael’s Majors de Mississauga dans la Ligue junior de l’Ontario de 2007 à 2011, tout ça à la demande du propriétaire à l’époque de cette franchise, Eugene Melnyk.

Eugene MelnykEncore là, cette expérience aura été teintée d’un échec en fin de parcours. Après avoir connu une saison d’exception en saison régulière, il a dû avaler la pilule, après une élimination en finale de la ligue, combinée à une défaite en finale de la Coupe Mémorial (ville hôte) face aux Sea Dogs de Saint John.

Puis, encore plus important, l’hécatombe de 2011 en final du Championnat mondial junior du côté de Buffalo dans une défaite de 5-3 face aux Russes, après avoir bousillé une avance de 3-0 après deux périodes. Bref, tous ces évènements auront été fort possiblement des moments difficiles pour cet entraîneur de carrière.

Pressenti comme le successeur potentiel de Cory Clouston au printemps 2011, Cameron a vu Paul MacLean être choisi à sa place comme entraîneur-chef des Sénateurs, probablement raison des constats d’échec des dernières années.

Or, avec ce passé maintenant derrière lui, Cameron se retrouve dans le moment présent engagé dans une lutte à finir pour une place en séries éliminatoires. Avec moins de 10 rencontres au compteur d’ici la fin, le fait d’avoir réussi à se sortir la tête de l’eau et de reprendre le contrôle de leur destinée est déjà un accomplissement en soi.

Si les Sénateurs réussissaient à se tailler une place dans les séries, ça deviendrait assurément l'un des beaux exploits des dernières années dans la Ligue nationale, après avoir accusé 14 points de retard au début du mois de février.