Quand l’inacceptable devient acceptable, le problème est plus que profond et c’est un peu ce que je vois en ce moment dans l’univers des Sénateurs d’Ottawa, qui sont plongés dans un terrible cercle vicieux.

Sur le plan du personnel de joueurs que du personnel hockey, du haut de son 2e étage, une spirale très négative est plus qu’omniprésente, palpable et ne cesse de progresser chez la formation ottavienne. Tout cela a pour effet de créer une instabilité inquiétante et un aura qui interpelle de plus en plus, mais pas pour les bonnes raisons.

Les récents ratés des Sénateurs ont pour effet d’attirer plus de membres des médias dans le petit monde de la troupe de Guy Boucher, à la recherche de primeur et de réponses à leurs questions.

Cela force également un certain resserrement sur le plan de l’accessibilité que les Sénateurs offrent aux médias dans cette zone de turbulences à l’approche de la date limite des transactions du 26 février prochain.  Puis, disons que les rumeurs ne cesseront de grandir dans le quotidien des Sénateurs au cours des prochaines semaines.

Fort possiblement exclus du portrait des séries éliminatoires pour une 3e fois au cours des cinq dernières campagnes, la situation ottavienne est inquiétante. Le rendement victoires-défaites jumelé aux points au classement risque d’être le pire depuis la saison 2010-2011, lorsque les Sénateurs avaient récolté seulement 74 points (13e dans l’association Est).

Le manque de constance et de régularité et les passages à vide en 2e période font mal à la troupe de Guy Boucher, qui trône dans les bas fonds du circuit en ce qui a trait différentiel des buts marqués (39) par rapport aux buts alloués (65); un écart de -26.

Comment expliquer ces difficultés au deuxième tiers? Un manque de concentration, des problèmes de gestion de rondelle, une structure déficiente, la distance du banc lors des changements d’effectifs, l’entêtement de certains à nager à contrecourant? Toutes ces réponses?

Un fait demeure, cela représentera un des aspects les plus négatifs du bilan de fin de saison, sans compter le faible rendement des unités spéciales, qui figurent au dernier tiers du circuit.

Ce qui dérange le plus en ce moment, c’est cette approche qui donne l’impression qu’on joue davantage pour ne pas perdre, au lieu de gagner, probablement en raison d’un manque de confiance lors des moments critiques.

Pierre Dorion subtil dans la teneur de ses propos

Jeudi dernier, Pierre Dorion a répondu aux questions des journalistes lors d’un point de presse précédent l’affrontement face aux Blues de St. Louis. Plusieurs choses ont été dites durant cette conférence, mais il y a aussi eu beaucoup de non-dits, également très révélateurs.

En disant : « Comme organisation, nous voulons qu’Erik Karlsson demeure un Sénateurs à vie, mais si Wayne Gretzky a été échangé tout est possible », Dorion en a surpris plus d’un.

Ce bout de phrase a été interprété comme un transfert de chaleur sur les épaules du vétéran défenseur des Sénateurs à l’approche de la période de négociations qui pourrait débuter lors du 1er juillet prochain.

À mon sens, c’est comme si l'on a voulu se servir de personnes intermédiaires pour véhiculer le message de la direction envers le clan Karlsson. Par le fait même, on a voulu se protéger envers l’opinion publique advenant une séparation potentielle.

Or, sans prêter des intentions au capitaine suédois sur son désir ou non de demeurer un Sénateur à vie ou son désir d’aller voir ailleurs, quand tu te retrouves dans une organisation où l’on gère davantage les dépenses que les revenus, avec un propriétaire qui sème la controverse, il y a certainement de quoi à se questionner.

Personnellement, je persiste à penser que si les ingrédients sont au rendez-vous, le directeur général Pierre Dorion doit écouter ses homologues de façon très attentive avant qu’il ne soit trop tard.

Dorion, qui a été l’artisan de la sélection de Karlsson en 2008, a un sérieux questionnement devant lui. Il se doit de bien y réfléchir, peser les pour et les contre et s’assurer d’obtenir son prix s’il décide de poser un tel geste.

Un pensez-y-bien qui implique un ensemble de facteurs, dont le contrat actuel qui arrive à terme à la fin de la saison 2018-2019 et qui permettra à EK65 de flirter avec l’autonomie complète.

Ensuite, les exigences au sujet de la longueur du contrat et sur le plan salarial qui forceraient éventuellement la direction générale à se départir d’éléments intéressants au sein de la charte de la profondeur. Cela pourrait nuire au maintien de l’équilibre dans l’état des forces. Voilà quelques pistes de réflexion à prendre sérieusement en considération.

Joe Sakic n’est plus à prendre à la légère par ses homologues 

Avec neuf victoires consécutives et une fiche de 26-16-3 pour un total de 55 points, l’Avalanche du Colorado impressionne au plus haut point.

Qui aurait pu envisager ce virage à 360 degrés chez l’Avalanche après une saison désastreuse en 2016-2017 avec seulement 48 points au compteur et bon dernier dans plusieurs départements?

Joe Sakic

Joe Sakic est clairement à l’origine de ce redressement. Nommé à titre de vice-président exécutif des opérations hockey du Colorado le 10 mai 2013, il a été critiqué par plusieurs sur ses compétences pour un tel poste.

Or, droit comme un chêne, lentement, mais sûrement, de jours meilleurs semblent se pointer à l’horizon pour cette franchise qui tente de retrouver ses lettres de noblesse.

Sakic a appris au cours des années, lui qui a été confronté à l’adversité à une certaine époque comme joueur. Récemment, il a dû faire face à l’adversité dans sa chaise actuelle.

On parle ici des zones de turbulence provoquées par le départ de Patrick Roy à titre d’entraîneur-chef en août 2016 en raison d’un différend sur les orientations hockey. On parle aussi de la revendication du joueur de premier niveau Matt Duchene sur son désir d’aller voir ailleurs. Deux situations qui auront généré plusieurs questionnements.

La transaction de Duchene, si on en juge par le rendement de l’équipe dans les derniers mois, semble avoir redonné de l’oxygène au très talentueux Nathan Mackinnon, qui occupe actuellement le 2e rang des marqueurs dans la LNH. Il a récolté 19 points à ses 10 dernières sorties.

Aujourd’hui, Sakic mérite un plus grand respect du milieu, en raison de certaines de ses actions qui ont été posées au cours de la dernière saison, que ce soit sur le plan des échanges ou des orientations futures de l’organisation (davantage moyen et long terme)

Le Colorado est en bonne position pour les prochaines années, avec une des moyennes d’âge les plus basses de la LNH (26,2) en plus de posséder une banque intéressante de choix au repêchage pour les deux prochaines années.

L’esprit visionnaire et l’art de se projeter dans le temps pour cet élu du Temple de la renommée en 2012  semblent avoir permis à l’Avalanche de retrouver le plaisir perdu des dernières saisons, et ce, sans rien tenir pour acquis.

Chapeau aussi à l’entraîneur-chef, Jared Bednar, qui a été parachuté dans des conditions pas nécessairement gagnantes en août 2016, mais qui, aujourd’hui, est en mesure de mettre son empreinte personnelle sur l’édition actuelle.