Si près, mais si loin!
LNH lundi, 20 avr. 2015. 15:46 dimanche, 15 déc. 2024. 05:47OTTAWA - Les plus optimistes diront qu’avec trois matchs décidés par un petit but dont les deux derniers en prolongation, les Sénateurs soufflent dans le cou du Canadien depuis le début de la série qui oppose Montréal et Ottawa.
Les plus pessimistes diront qu’en dépit cette apparente proximité, les Sénateurs sont en arrière 0-3 et doivent réaliser ce que quatre équipes seulement ont réalisé dans l’histoire de la LNH pour combler ce large fossé, éliminer le Canadien et passer en deuxième ronde.
Les plus réalistes conviendront qu’à l’impossible, nul n’est tenu, et que le défi qui se dresse devant les Sénateurs est impressionnant.
« C’est poche! D’un côté nous sommes proches de Montréal, mais de l’autre on est en arrière 3-0 avec ce que ça veut dire » a candidement reconnu le vétéran défenseur Marc Méthot croisé lundi midi près du vestiaire des Sénateurs.
Comme leurs adversaires du Canadien en retraite fermée à Mont-Tremblant, Méthot et ses coéquipiers sont en congé lundi. Ils pansent leurs plaies et épongent leur déception après le revers amer de dimanche, alors que Dale Weise a nivelé les chances avec quelque cinq minutes à faire en troisième avant de marquer le but de la victoire en prolongation.
Visiblement déçu et bien conscient de l’ampleur du défi qui se dresse devant lui et ses coéquipiers, Marc Méthot refuse toutefois d’abdiquer.
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« On a assez bien joué pour gagner au moins un ou deux de ces trois matchs, mais ça ne nous a pas donné deux points. Nous voulions gagner hier (dimanche) et nous avons pris les moyens pour y arriver. On a encore pris les devants – pour la troisième fois de suite dans cette série – ce qui démontre que nous sommes bien préparés à amorcer les matchs. On a été très intense dimanche. On a frappé. On était rapide. On avait le contrôle », analysait Méthot avec conviction.
Mais voilà! Les Sénateurs ont malgré tout perdu. Et s’il est vrai que Méthot et ses coéquipiers ont durement frappé le Tricolore pendant les 40 ou 45 premières minutes, ils ont levé le pied un brin ou deux en fin de rencontre. Une conséquence de l’énergie dépensée lors des deux premières périodes?
« C’est difficile de jouer avec autant d’intensité pendant 60 minutes. En plus, je crois qu’on a peut-être perdu notre concentration en étant trop préoccupés par le fait de protéger notre avance au lieu de maintenir le rythme des deux premières périodes », a poursuivi Méthot.
Un autre miracle
Dans le camp des Sénateurs, on affichait un courage relatif lundi.
« Je n’ai pas d’histoire de remontée à vendre à mes joueurs. Je vous l’ai dit en début de série : je prépare toujours mes joueurs en leur disant que la série sera longue. Qu’elle se décidera en prolongation lors du septième match. Je maintiendrai le même message », a expliqué l’entraîneur-chef Dave Cameron.
Remarquez que l’entraîneur-chef des Sens n’a pas vraiment le choix. Car si son équipe l’emporte, ce sera effectivement lors d’un septième match. Et de la façon dont se sont déroulés les trois premières parties, il se pourrait très bien que cette éventuelle septième rencontre se décide aussi en prolongation.
« Une expédition de 1 000 milles commence toujours par un pas », a ensuite philosophé Cameron en citant un proverbe chinois… ou russe, ou polonais. Qui sait?
Mais au-delà des proverbes et messages de motivation, il y a une réalité bien simple avec laquelle les Sénateurs doivent composer : après avoir effectué leur remontée de 14 points pour accéder aux séries – une première dans l’histoire de la LNH – ont-ils encore l’énergie nécessaire pour répéter le même genre d’exploit avec quatre victoires consécutives? Ou décideront-ils de se contenter – et ce serait bien normal – de ce qu’ils ont déjà accompli pour se rendre en séries?
« C’est difficile de répondre à ça. Je ne me tiendrai pas devant toi en disant que nous allons abandonner et nous contenter de ce que nous avons fait. C’est impossible. Je veux gagner. On veut tous gagner. On sait que ce sera très difficile de revenir. C’est sûr. Mais on doit vouloir gagner le prochain autant qu’on voulait gagner celui de dimanche. On devra se servir de l’appui de la foule pour jouer avec la même énergie que dimanche, écoper de moins de pénalités pour ne pas donner à Montréal autant d’attaques à cinq et cette fois trouver le moyen de gagner. Après, on verra. Et tout pourra arriver », a plaidé Marc Méthot.
Ça prend une victoire
L’an dernier, avant la finale de la coupe Stanley, Mike Richards qui avait réalisé avec les Kings la remontée de 0-3 en première pour finalement éliminer les Sharks de San Jose et qui avait relevé le même défi avec les Flyers de Philadelphie en 2010 aux dépens des Bruins de Boston, expliquait que dans les deux cas, c’est la première victoire qui avait été la plus difficile à aller chercher. Une fois cette victoire dans la poche, les autres avaient suivi.
On verra si les Sénateurs pourront imiter les Kings de l’an dernier, les Flyers de 2010, les Islanders de 1975 et les Maple Leafs de 1942.
Oui c’est possible.
Mais est-ce que c’est probable? Pas vraiment.
Car déjà que le défi est énorme, battre Carey Price quatre fois de suite c’est plus difficile encore. Surtout que Price qui a accordé trois buts lors du premier match, deux lors du deuxième et un seul lors du troisième, n’a pas encore effectué de grands miracles pour sauver la cause de son équipe.
Price a simplement réalisé les gros arrêts au bon moment alors que les gardiens des Sénateurs, en dépit des nombreux arrêts effectués, ont fait cadeau de buts importants au Tricolore. Des buts qui ont fait la différence.
C’est là que tout s’est joué jusqu’ici. Car s’il est vrai que les Sénateurs devront trouver une façon de percer Carey Price pour donner un peu de marge d’erreur à leurs gardiens – que ce soit Craig Anderson ou Andrew Hammond devant le filet – il est clair que les gardiens des Sens devront être moins généreux.
Hommage à Mark Reeds
Les Sénateurs ont profité du congé de lundi pour tenir une cérémonie qui se voulait un hymne à la vie de l’entraîneur-adjoint Mark Reeds, décédé lundi dernier au terme d’un long combat avec le cancer.
« Au-delà des émotions et de la peine subie lors du départ de Mark, j’espère que nous profiterons de la cérémonie d’aujourd’hui pour parler de sa vie. Pour parler de lui. De l’homme sensationnel qu’il était. J’espère que nous pourrons rire en racontant les nombreuses et belles histoires reliées aux moments que nous avons partagés avec lui. J’espère qu’il y aura beaucoup de sourires même si je sais qu’il y aura quelques larmes aussi », a convenu l’entraîneur-chef et très proche ami du disparu.
Tous les joueurs des Sénateurs assistent à cette cérémonie. Chacun de leur côté, les joueurs partageaient volontiers avec les journalistes les moments passés en compagnie de Mark Reeds et son implication sur leur carrière respective.
« C’est bizarre d’entrer dans le vestiaire et d’avoir l’impression qu’il va apparaître pour ensuite réaliser que non. Qu’il n’est plus là. Il était tellement impliqué avec nous. Son départ laisse un grand vide », a reconnu Marc Méthot.
Le décès de Mark Reeds, l’émotion associée au combat qu’il a mené, émotion qui a débordé lors de l’annonce de sa mort et le message « Let’s win them all » qu’il a laissé lors de sa dernière visite dans le vestiaire des Sens, n’a pas eu l’effet que plusieurs – ajoutez mon nom à la liste – anticipaient.
« On en parle beaucoup entre nous. C’est sur que c’est une source de motivation supplémentaire, mais quand on est sur la glace ce n’est pas un facteur. Ce sera émotif aujourd’hui et cela aura certainement un impact sur notre préparation en vue du prochain match (mercredi). Mais je t’assure que ce ne sont pas les sources de motivation qui manquent », a conclu le défenseur originaire d’Ottawa.